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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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suite à un coup de couteau administré par un
certain Marco Folo.
    Il me considéra d’un regard malicieux, empreint d’une
moqueuse bonne humeur.
    — Fichtre, Marco Folo, quel air avez-vous donc,
d’un coup ! Seriez-vous ahuri ou ressentez-vous la honte d’une soudaine
culpabilité ? Vous pensez peut-être que j’ai passé la nuit vautré sur ce
lit ? Je n’ai cessé de vous suivre pour nettoyer vos traces. Je viens à
peine de rentrer afin de reposer ma pauvre carcasse, et voilà que vous venez
jusqu’ici pour continuer à m’ennuyer !
    Son sarcasme ne m’avait pas déstabilisé. Je secouai la
tête et affirmai :
    — Jamais je ne songerai à nier, lorsque nous
serons amenés à comparaître devant le Cheng, que j’ai bel et bien administré ce
coup de couteau.
    — Nous n’irons jamais devant le Cheng. Je viens
de vous dire qu’une faute se doit d’être prouvée. Et avant tout, il faut que le
meurtrier présumé soit accusé. Feriez-vous quelque chose d’aussi imprudent
qu’inutile ? Oseriez-vous vraiment charger ainsi le Premier ministre du
khanat ? La parole d’un petit parvenu de Ferenghi contre la
réputation du plus ancien serviteur de la cour ?
    — Il n’y aura pas que ma parole.
    — Personne d’autre ne peut déposer contre moi.
    — Si. Buyantu, mon ancienne esclave.
    — Êtes-vous bien sûr de vouloir faire usage de ce
témoignage ? Pensez-vous que ce serait sage ? Elle aussi est morte de
vos œuvres. Toute la cour se souvient dans quelles circonstances, et le Cheng
avec elle.
    — Vous savez bien que non, maudit bâtard !
Elle m’a parlé cet après-midi et m’a tout raconté. Elle m’attend en ce moment
même sur la colline de Kara.
    — Il n’y a personne sur la colline de Kara.
    — Vous vous trompez, fis-je. Il y a Buyantu.
    Je crois même que je me laissai aller à un petit
sourire suffisant.
    — Il n’y a personne sur la colline de Kara. Allez
le constater, si vous ne me croyez pas. Il est vrai que j’ai envoyé cet
après-midi même l’une de mes servantes là-haut. Mais comme elle ne revenait
pas, je me suis rendu moi-même sur place. Je faisais preuve, ce faisant, d’une
grande considération à son égard, vous en conviendrez ; mais Allah tient à
ce que nous manifestions de la bienveillance à l’égard de nos subalternes. Si
je l’y avais croisée, peut-être aurait-ce été elle qui m’aurait indiqué que
vous aviez foncé rendre visite au Caresseur. Mais j’ai le regret de vous
annoncer que je n’ai pu la trouver. Pas plus que vous ne le pourrez. Allez-y
voir.
    — Espèce de monstrueux criminel ! Vous
auriez osé assassiner une autre... ?
    — Si d’aventure je l’avais retrouvée là-bas,
continua-t-il, implacable, elle m’aurait dit que vous veniez justement de lui
refuser ce service. Mais Allah nous recommande plus de considération à l’égard
de nos semblables que vous n’en aurez jamais, vous autres chrétiens sans cœur.
Aussi...
    — Dio me varda !
    Il abandonna son ton moqueur et cracha :
    — Cet entretien commence à me peser. Laissez-moi
vous livrer un dernier conseil. J’ai le sentiment que, si vous vous mettez à
clamer que vous avez entendu une voix désincarnée dans le Pavillon de l’Écho –
surtout celle d’une personne morte depuis longtemps, et de surcroît par votre
faute –, vous allez faire se lever bien des sourcils incrédules. De tels
égarements, même considérés avec la plus grande charité, seront interprétés
dans le meilleur des cas comme une démence regrettable, due à vos remords et à
votre sentiment de culpabilité. Il en sera sans doute de même de toute autre
divagation, comme les accusations portées contre un haut dignitaire de la cour,
qui plus est des plus estimés.
    Je ne pus que rester cloué devant lui, bouillant
d’impuissance.
    — Rendez-vous compte, poursuivit-il,
imperturbable, que votre navrante affliction pourrait finalement bénéficier à
la communauté. Dans nos régions civilisées de l’Islam, nous avons des
institutions appelées maisons des Hallucinés, destinées à protéger les malades
possédés du démon de la folie. Il y a déjà longtemps que je presse Kubilaï
d’ouvrir ici ce genre d’établissement, mais il s’obstine à affirmer qu’aucun
démon n’infeste nos salubres contrées. Votre esprit à l’évidence dérangé et
votre conduite embarrassante le convaincraient certainement du contraire. Dans
ce cas, je n’aurai pas de mal

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