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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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vous-même, élevé à ce titre. Quant aux jeunes
Mongoles dont j’ai pu profiter, vous manquent-elles à ce point ? Faut-il
comprendre que vous ne pourriez pas en jouir ? Ou leur chair, trop
corrosive, répugne-t-elle simplement à votre bon goût ?
    — Haramzadè ! Vous, un être important ? Un rival ? Un danger ? Je n’ai qu’à
effleurer ce gong, près de mon lit, pour que mes hommes vous réduisent en
bouillie. Je n’aurais qu’à expliquer demain matin à Kubilaï que vous m’avez
apostrophé comme vous venez de le faire. Il n’émettrait pas un seul
commentaire, et votre existence serait oubliée à l’instant.
    — Ah oui ? Dans ce cas, que ne le
faites-vous donc ? Que ne l’avez-vous déjà fait ? Vous m’avez prévenu
un jour que je regretterais d’avoir sciemment outrepassé vos ordres ;
alors pourquoi agir par la bande, avec la franchise d’un âne qui recule ?
Pourquoi distiller vos menaces tout en éliminant lâchement autour de moi des
innocents ?
    — Cela m’amusait, je l’avoue... L’enfer, c’est ce
qui fait le plus mal... et j’agis selon mon bon plaisir, le saviez-vous ?
    — Vraiment ? Jusqu’à maintenant, peut-être.
Mais plus pour longtemps.
    — Oh, détrompez-vous. Je crois bien qu’en guise
de prochaine distraction je vais rendre publiques certaines des peintures que
maître Chao a réalisées pour moi. Le nom même de Folo deviendra un objet de
risée à travers tout le khanat. Le ridicule tue plus sûrement que tout...
    Avant que j’aie pu exiger de savoir de quoi il
parlait, il était passé à autre chose.
    — Êtes-vous bien sûr d’avoir mesuré, maître Folo,
qui est exactement ce wali que vous prétendez défier ? J’ai
commencé il y a très longtemps comme conseiller de la princesse Jamui, dans une
tribu mongole du Kungurat. Quand le khan Kubilaï l’a choisie pour première
épouse et qu’elle est devenue la khatun Jamui, je l’ai suivie. Je n’ai pas
cessé, depuis, de servir fidèlement le khanat et Kubilaï, de mille façons.
Depuis quelques années à ce poste, qui est le second dans la hiérarchie du
pouvoir. Pensez-vous sérieusement pouvoir ébranler une situation aussi
fermement établie ?
    De nouveau, je pris le temps de réfléchir et
répondis :
    — Cela va peut-être vous surprendre, wali, mais
je vous crois. Je veux bien admettre que vous vous êtes dévoué à votre tâche.
Je ne comprendrai toutefois jamais pourquoi, récemment, vous avez laissé la
jalousie vous corrompre jusqu’à de telles extrémités.
    — Vous l’avez vous-même reconnu : de toute
ma carrière, je n’ai jamais rien fait de répréhensible.
    — Rien de mal, c’est cela ? Voulez-vous que
j’énumère vos méfaits ? Je ne pense pas que vous ayez conspiré pour
permettre à ce Yi nommé Pao d’obtenir son poste ministériel. Je ne pense même
pas que vous étiez averti de ses activités subversives. En revanche, il est
presque sûr que vous vous êtes fait complice de son évasion au moment où on les
a découvertes. Pour moi, il s’agit de trahison. Vous avez utilisé le sceau d’un
autre membre de la cour pour votre usage personnel, j’appelle cela de
l’usurpation de qualité, si ce n’est pire. Vous avez de la plus abjecte façon
fait assassiner la noble Dame Chao et le sujet du khan Mar-Janah, tout ceci
dans le seul but de m’affliger. Mais à part cela, vous n’avez rien fait de
mal ?
    — Ces prétendues fautes, encore faudrait-il que
vous les prouviez, trancha-t-il d’une voix aussi dure que la pierre de ses
yeux. La notion même de faute, quand on y songe, est abstraite ; elle n’a
pas d’existence intrinsèque. La faute, comme la malfaisance, n’est qu’une
question liée au jugement d’autrui. Si un homme accomplit un acte, quel qu’il
soit, et que personne n’y trouve à redire, il n’aura dans ce cas commis aucune
faute...
    — Vous en avez commis beaucoup, l’Arabe. Personne
ne songera à les excuser !
    — Quant aux meurtres que vous évoquez...,
poursuivit-il comme si je ne l’avais pas interrompu, vous me les imputez, c’est
bien cela ? Pour autant que je sache, si une quelconque femme du nom de
Mar-Janah a été tuée injustement, je crois savoir qu’un témoin fort respectable
a assisté à ses dernières heures. Il pourra, je pense, témoigner que jamais le wali Ahmad n’a même porté les yeux sur elle, au contraire de celui qui l’a tuée.
Il attestera qu’elle est décédée

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