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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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ton échec. S’il ne le fait pas, il
peut te mettre à mort, ou ne pas le faire. S’il le fait, tes soucis seront
terminés. S’il ne le fait pas et te condamne au fouet du chou-da, tu
peux, ma foi, finir ta vie comme mendiant estropié. Les tenanciers des étals se
montreront cléments et te laisseront une bonne place pour faire l’aumône,
quelque part au marché... parce que, précisément, tu ne les auras pas
coursés tel un chien de meute, tu comprends ?
    Je fis remarquer avec aigreur :
    — Le wang t’a qualifié d’éminent juriste,
Wei-ni. Faudrait-il voir là un exemple de ta jurisprudence ?
    — Non, Marco. Ça, c’est le Tao.
    Quelque temps après, lorsqu’il eut regagné ses
pénates, je me répétai : « Que vais-je faire ? »
    J’étais toujours dans le jardin, mais la fraîcheur du
début de soirée était tombée, et le coucou avait suivi son propre conseil en
rentrant aussi chez lui. Je m’étais assis avec Hui-sheng, notre dîner fini. Je
lui avais relaté tout ce que Fung et moi nous étions dit au sujet de ma
fâcheuse situation. Maintenant, je sollicitais son avis.
    Elle resta pensive un instant, puis me fit signe
d’attendre et se leva pour gagner la cuisine. Elle revint avec un sac de
haricots secs, m’indiqua que nous devions nous asseoir sur le sol, près d’un
massif de fleurs, puis traça de son index gracile un carré. Elle y ajouta un
trait vertical qui passait par le centre et un autre à l’horizontale qui
divisait le carré en quatre plus petits. Dans l’un, elle gratta une petite
ligne, dans le deuxième deux lignes, dans le suivant trois, et dans le dernier
une sorte de gribouillis, puis elle leva les yeux vers moi. Je reconnus les
signes qui représentaient les chiffres han, aussi acquiesçai-je en
disant :
    — Quatre petites boîtes, numérotées un, deux,
trois et quatre. Tandis que je me demandais ce que ceci avait à voir avec mes
problèmes du moment, Hui-sheng sortit du sac un haricot, me le montra et le
plaça sur la boîte numéro trois. Ensuite, sans regarder, elle plongea la main
dans le sac, attrapa une poignée de haricots et les étala à côté du carré. Très
rapidement, elle ôta quatre haricots de ce tas, puis quatre autres, les mit de
côté et continua de séparer les haricots par groupes de quatre de la poignée
sortie du sac. Lorsqu’ils furent tous isolés par groupes de quatre, il ne
restait que deux haricots. Elle les pointa du doigt, désigna la boîte numéro
deux restée vide, puis ramassa prestement le haricot déposé sur la case numéro
trois, l’ajouta à ceux qu’elle possédait déjà, me sourit, l’air espiègle, et me
fit un geste signifiant : « Dommage. »
    — Je comprends, déclarai-je. J’ai parié sur la
boîte trois, mais le numéro deux l’a emporté, aussi ai-je perdu mon haricot.
J’en suis désolé.
    Elle ramassa tous les haricots et les remit dans le
sac, en sortit un autre, le plaça pour moi une fois encore ostensiblement sur
un numéro, le quatre, cette fois. Elle esquissa le geste de plonger à nouveau
sa main dans le sac, mais s’arrêta et m’incita à le faire moi-même. Je
compris : peu importait qui piochait dedans, les haricots à compter
étaient attrapés au hasard. J’en pris une poignée assez considérable et les
étalai à côté d’elle. Elle les tria de nouveau par quatre, et, cette fois, leur
nombre s’avéra divisible par ce chiffre. Il n’en restait aucun de côté quand le
tri fut achevé.
    — Ah-ah ! m’exclamai-je. Cela veut dire que
mon quatre a gagné. Et qu’ai-je gagné ?
    Elle leva quatre doigts, indiqua ma mise, y ajouta
trois haricots et poussa le tout vers moi.
    — Si j’échoue, je perds mon haricot. Si mon
numéro de boîte est le bon, je le gagne, multiplié par quatre...
    Je pris un air indulgent.
    — Bon, ce n’est qu’un jeu, une occupation de
gamin, pas plus compliqué que le vieux jeu de venturina des marins. Si
tu veux que nous y jouions un peu... d’accord, ma chérie, jouons-y. J’imagine
que tu cherches à me faire comprendre un peu plus que cela.
    Elle me gratifia d’une ample réserve à mettre en jeu
et m’indiqua que je pouvais parier à ma guise : en miser autant que je
voulais en même temps, sur plusieurs cases si je le souhaitais. J’en empilai
donc dix sur chacune des quatre cases pour voir ce qui arriverait. Avec un brin
d’humeur, sans même fouiller dans son sac pour tirer le numéro gagnant, elle me
rendit

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