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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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bien
pourvue en serviteurs et dînions à une table opulente. Toutes ces facilités
nous étaient offertes par le wang Agayachi, ou plus exactement par son
gouvernement, lequel, bien que financé par le Trésor impérial, bénéficiait
aussi largement de notre banque aux haricots. Pour me payer un luxe ou une
petite folie, j’avais mon revenu personnel de la Compagnie Polo, toujours aussi
florissante, qui vendait désormais son safran jusqu’à Manzi. Je ne déduisais
donc des reçus réguliers de la banque aux haricots que les loyers des bâtiments
et des terrains utilisés, les gages des banquiers, des officiers superviseurs et
des courriers, ainsi que les frais d’entretien ridiculement faibles – rien de
plus que des tables, des nappes et des réserves de haricots secs. Ce qui
rentrait chaque mois dans le Trésor représentait, je l’ai dit, une fortune. Et
comme je l’ai également indiqué, ce courant de revenus s’est probablement
maintenu.
    Kubilaï m’avait promis de ne pas saigner ses sujets de
Manzi. On aurait pu croire que je contrevenais à cet engagement en faisant
exactement l’inverse. Mais ce n’était pas le cas. La plupart des parieurs
engageaient à notre banque aux haricots de l’argent déjà gagné, volontairement
mis de côté et qu’ils pouvaient se permettre de risquer. S’ils le perdaient,
ils en seraient quittes pour travailler davantage afin de reconstituer leur
pécule. Même ceux qui s’étaient peu judicieusement appauvris à nos tables de
jeu ne se laissaient pas aller à l’oisiveté ou à la mendicité comme s’ils
avaient été dépossédés de tous leurs avoirs par un percepteur d’impôts. La
banque aux haricots proposait toujours un espoir de reconstituer ses pertes
(alors qu’un collecteur de taxes ne permet aucun regain financier), si
bien que même ceux qui avaient fait faillite étaient poussés à se refaire à
partir de rien, ne serait-ce que pour pouvoir revenir jouer autour de nos tables.
Je suis heureux de pouvoir l’affirmer, jamais notre système ne força quiconque,
comme le faisait l’ancienne imposition, à emprunter à des taux usuraires et à
se trouver surendetté. Mais je n’en tire nulle gloire ; ce n’était qu’une
heureuse conséquence des salutaires mesures du khakhan à l’encontre des
musulmans : il n’y avait tout simplement plus nulle part d’usuriers à qui
emprunter. En somme, pour autant que j’aie pu le constater, loin de saigner à
blanc la région de Manzi, notre banque aux haricots lui avait insufflé un
nouvel allant, augmentant son industrie et sa productivité. Ce regain
d’activité finit par profiter à l’ensemble des classes laborieuses, le khanat
formant en soi une entité, sans oublier les nombreux employés qui trouvèrent
une situation stable dans nos banques. Il n’est pas jusqu’au plus misérable
paysan des confins de Manzi qui, porté par l’espoir d’une fortune rapide, n’ait
cherché, en s’activant à sa modeste mesure, à forcer à son tour le destin.
    Kubilaï m’avait vaguement menacé de me faire savoir
très vite si ma performance en tant qu’agent du Trésor à Hangzhou le décevait.
Il n’eut évidemment aucune raison de se plaindre. Bien au contraire, il envoya
sur place le plus haut dignitaire, le prince régent héritier de la Couronne Chingkim,
pour m’assurer personnellement de sa reconnaissance et de ses félicitations
pour le travail exceptionnel que j’avais accompli.
    — C’est en tout cas ce qu’il m’a chargé de te
dire, résuma Chingkim avec son air pince-sans-rire habituel. En réalité, je pense
plutôt que mon royal père a souhaité m’envoyer ici comme espion afin de
vérifier si tu n’avais pas enrôlé des pillards pour mettre toute la contrée en
coupe réglée.
    — Nul besoin de piller, répliquai-je avec
désinvolture. Pourquoi chercher à voler ce que les gens sont tout prêts à
investir ?
    — Oui, et tu as bien agi. Lin-ngan, notre
ministre des Finances, me dit que Manzi enrichit désormais davantage le khanat
que la Perse de mon cousin Abagha. À propos de famille, Kukachin et les enfants
vous envoient toutes leurs salutations, à toi et à Hui-sheng. Ainsi que
l’estimable Nicolò, qui m’a demandé de te transmettre que l’état de ton oncle
Matteo s’améliore : il a appris de nouvelles chansons de la femme qui
prend soin de lui.
    Au lieu de s’installer au palais d’Agayachi, son
demi-frère, Chingkim, nous avait fait l’immense

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