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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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honneur de loger chez nous
durant sa visite. Hui-sheng et moi ayant depuis longtemps délégué à nos
domestiques la direction de notre banque aux haricots, nous vivions en nobles
aux loisirs illimités. Aussi disposions-nous du temps nécessaire pour recevoir
notre royal invité avec tous les honneurs qui lui étaient dus. Ce jour-là,
seuls et sans domesticité, nous étions assis autour d’une agréable collation,
en pleine campagne. Hui-sheng nous avait elle-même préparé un panier repas bien
garni, et, montés sur les chevaux que nous avions fait venir du caravansérail
où nous les laissions, nous étions sortis de Hangzhou par la fameuse
« Avenue pavée parcourant une longue distance entre des arbres gigantesques ».
Nous avions étendu une nappe pour dîner sous ces arbres à bonne distance de la
ville, tandis que Chingkim me racontait les dernières nouvelles du monde.
    — Nous faisons maintenant la guerre à Champa,
annonça-t-il avec détachement. Pour creuser un bassin de lotus dans notre
arrière-cour.
    — C’est ce que j’ai entendu dire, repondis-je.
J’ai vu des troupes se diriger vers le sud du pays et des convois d’hommes et
de chevaux descendre le Grand Canal. Je suppose que ton royal père, contrarié
dans son désir d’expansion vers les îles orientales du Japon, a préféré
reporter toutes ses énergies vers le Sud.
    — En fait, les choses se sont précipitées
fortuitement, expliqua-t-il. Les Yi du Yunnan ont accepté de reconnaître notre
souveraineté sur leurs terres. Mais une ethnie secondaire du Yunnan, les Chan,
s’est rebellée contre notre autorité et a décidé d’émigrer en masse vers
Champa, plus au sud. Aussi mon demi-frère Hukoji, le wang du Yunnan,
a-t-il envoyé là-bas une ambassade pour demander au roi d’Ava d’avoir
l’obligeance de nous renvoyer ces réfugiés, lesquels nous appartiennent en tant
que sujets du royaume. Quoi qu’il en soit, nul n’avait pris soin d’avertir nos
ambassadeurs que, lorsque quelqu’un se présente devant le roi d’Ava, il doit
ôter ses chaussures. Ils ne le firent donc pas, et, se sentant insulté,
celui-ci ordonna à ses gardes : « Coupez-leur les pieds ! »
Bien évidemment, cette mutilation de nos émissaires fut ressentie de notre côté
également comme une insulte, justifiant amplement la déclaration de guerre du
khanat au roi d’Ava. Ton vieil ami Bayan s’est donc à nouveau mis en marche.
    — Ava ? demandai-je. Est-ce là un autre nom
pour désigner Champa ?
    — Pas exactement. Champa désigne l’ensemble de la
région tropicale couverte de jungle, peuplée d’éléphants et de tigres, chaude
et baignée d’humidité. Les gens qui y habitent sont divisés en... qui
sait ?, dix ou vingt peuplades distinctes, chacune ou presque dispose d’un
royaume miniature, lequel porte différentes appellations. Ava, par exemple, est
aussi connu sous les noms de Myama, Burma et Mien. Les Shan qui ont fui notre
Yunnan sont allés trouver refuge dans un royaume établi à Champa depuis
longtemps par les premiers émigrants de leur peuple. Cette terre est nommée
Sayam, mais aussi Muang Thai ou Sukhothai. Il y a encore d’autres royaumes par
là-bas... L’Annam, le Cham, le Layas, le royaume khmer, celui du Cambodge... et
bien d’autres, peut-être. D’un ton toujours aussi cavalier, il ajouta :
    — Pendant que nous prenons Ava, nous pourrions
aussi bien en conquérir deux ou trois autres.
    En bon marchand, je fis remarquer :
    — Cela vous éviterait de payer les prix
exorbitants qu’ils réclament pour leurs épices, leur bois, leurs éléphants et
leurs rubis.
    — J’avais l’intention, déclara Chingkim, de descendre
au sud en repartant d’ici pour suivre la route de Bayan et voir ces terres
tropicales. Mais, à la vérité, je ne me sens pas prêt à affronter les rigueurs
d’un tel voyage. Je vais passer ici un peu de temps en votre compagnie et celle
de Hui-sheng, et je m’en retournerai à Kithai.
    Il soupira et fit, un peu mélancolique :
    — Je suis triste de ne pouvoir m’y rendre. Mon
royal père se fait vieux, et il se pourrait qu’avant longtemps je doive lui
succéder comme khakhan. J’aurais bien aimé voyager davantage avant de m’établir
à Khanbalik en permanence...
    Cet air de lassitude et de résignation ne ressemblait
pas au prince Chingkim, et je pris conscience sur le coup qu’il avait l’air
abattu et fatigué. Un peu plus tard, alors que lui et moi

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