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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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vie une douce et tranquille glissade.
    Il n’en reste pas moins que mon sang s’était réveillé,
et l’impatience, chez moi, conduit vite à l’insatisfaction. J’avais certes bien
réussi, à Manzi. Mais allais-je pour cela me dorer au rougeoiement de cette
gloire le reste de mes jours ? Quand on a accompli de grandes choses, se
contenter de les perpétuer n’a rien d’un exploit. Tout cela ne requérait plus
qu’un coup de tampon de mon yin sur des reçus et des dépêches, et
l’envoi de mes courriers à Khanbalik à chaque début de mois. Je n’étais guère,
en somme, qu’un chef de relais de poste cantonné en bord de route. Je décidai
que j’avais suffisamment obtenu pour l’instant. Ce que je voulais à
présent, c’était avoir quelque chose à désirer. Je tressaillis à l’idée
de vieillir à Hangzhou tel un vénérable légume de patriarche Han, de n’avoir
pas d’autre fierté que celle d’avancer en âge.
    — Tu ne seras jamais vieux, Marco Polo, me dit la
douce Hui-sheng lorsque j’abordai avec elle ce sujet.
    Elle me regardait avec une affection amusée, mais
semblait sincère en prononçant ces paroles.
    — Vieux ou pas, fis-je, je pense que nous avons
assez vécu dans le luxe à Hangzhou. Allons-nous-en d’ici.
    Elle était d’accord.
    — Où voudrais-tu aller, femme de ma vie ?
    — Là où tu iras.

 
31
    Mon courrier suivant en direction du Nord emportait un
message de ma part au khakhan. Je requérais avec respect d’être relevé de ma
mission depuis si longtemps accomplie, de mon titre de kuan et de mon
bouton de corail. Je demandais l’autorisation de rentrer à Khanbalik où je
pourrais songer à de nouveaux projets pour m’occuper. Le courrier me revint
porteur de l’aimable assentiment de Kubilaï. Hui-sheng et moi ne fumes pas
longs à quitter Hangzhou. Nos esclaves se mirent à pleurer, comme à l’agonie,
et tombèrent devant nous en ko-tou désespérés, mais nous adoucîmes leur
perte cruelle en leur offrant nombre des possessions que nous ne souhaitions
pas emporter avec nous. Je fis d’autres cadeaux d’adieu (fort luxueux) au wang Agayachi, à mon cher assistant Fung Wei-ni et à mon scribe et bras droit,
ainsi qu’à d’autres dignes amis.
    — C’est l’appel du coucou, dirent-ils tous
tristement, en trinquant avec nous lors des innombrables banquets et bals
donnés en notre honneur.
    Nos esclaves empaquetèrent nos affaires personnelles,
notre garde-robe et les objets que nous avions acquis à Hangzhou (meubles,
rouleaux peints, vases de porcelaine, ivoires, jades, joailleries et autres) et
que nous voulions emporter avec nous. Nous repartions avec la servante mongole
venue avec nous de Khanbalik. Hui-sheng montait sa jument blanche, quelque peu
argentée autour du museau, à présent, tandis que nous embarquions sur une barge
de taille respectable. Un seul objet avait été mis à l’écart : l’encensoir
de porcelaine blanche dont ma douce avait tenu à se charger elle-même.
    Au cours de notre séjour à Manzi, le Grand Canal avait
été complété jusqu’à Hangzhou. Mais du fait que nous avions déjà emprunté la
voie fluviale lors de notre descente vers le sud, nous avions décidé de prendre
une route différente pour rentrer. Nous ne restâmes donc sur la barge que jusqu’au
port de Zhen-Jiang, où le Grand Canal rejoint le fleuve Yang-Tze. Ici, pour la
première fois aussi bien pour moi que pour Hui-sheng, nous montâmes à bord d’un
gigantesque chuan de haute mer et voguâmes sur l’Énorme Rivière jusqu’à
la mer de Kithai infinie, et de là au nord le long de la côte.
    Ce chuan eût fait passer la galeazza Doge
Anafesto sur laquelle nous avions traversé la Méditerranée pour une
misérable gondole ou un minable sampan. Le chuan – je ne puis l’appeler
par son nom, puisque précisément il n’en portait pas et ne pouvait donc être
maudit par des armateurs rivaux qui eussent persuadé les dieux de lui envoyer
des vents contraires ou quelque autre mauvaise fortune – avait cinq mâts, chacun
grand comme un arbre. Y étaient suspendues des voiles aussi larges que
certaines places de marché, constituées de lattes de bambou et utilisées comme
j’ai déjà eu l’occasion de le décrire. L’énormité de la coque en forme de
canard était proportionnelle à la hauteur des mâts qui grattaient le ciel. Sur
le pont et dans les quartiers des passagers situés dessous s’alignaient plus de
cent cabines

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