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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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plus
efficaces du kwe. Tout homme qui pouvait s’en payer un se le faisait
implanter, et ceux dont la richesse le leur permettait en portaient plusieurs,
le poids de leur kwe étant alors proportionnel à celui de leur bourse.
Arùn elle-même avait eu un maître Myama dont le kwe, déjà au repos,
ressemblait à un bâton noueux ; et quand il était excité : « Amè ! » Elle ajouta que, depuis leur invention par la reine, les mata ling avaient
été perfectionnés au fil des siècles, les médecins d’Ava ayant estimé qu’il
était préférable qu’on les fît non plus de cuivre mais d’or, métal inaltérable
qui, inséré sous la délicate peau du kwe, ne pouvait y causer
d’infection. Les vieilles femmes qui confectionnaient ces cloches d’amour
avaient également doté les mata ling d’une amélioration particulièrement
piquante.
    Arùn nous en fit la démonstration. Certains de ces
objets n’étaient rien d’autre que de petites cloches, ou grelots, dont le noyau
ne vibrait que si on les secouait. D’autres, nous montra Arùn, restaient
inertes lorsqu’on les posait sur une table. Mais elle en posa un dans nos
paumes, refermant nos mains dessus. Hui-sheng et moi fûmes littéralement
stupéfaits lorsque, au bout d’un moment, la chaleur de nos mains sembla donner
vie aux petits objets dorés, comme s’ils avaient été des œufs sur le point
d’éclore, et ils se mirent à trembloter et à remuer d’eux-mêmes.
    Cette qualité améliorée de mata ling contenait,
disait Arùn, une substance ou une sorte de petite créature douée de vie
éternelle (dont les vieilles femmes ne révéleraient jamais la nature) qui
reposait tranquillement dans son coquillage d’or sous la peau du kwe. Mais
que ce kwe s’introduisît dans le hit d’une femme, et le dormeur
secret s’éveillait et s’activait aussitôt. Alors (elle l’assura avec gravité),
l’homme et la femme pouvaient s’allonger ensemble sans bouger, sans faire le
moindre mouvement, et jouir ainsi, par le seul travail de la remuante clochette
d’amour, de toutes les sensations, de la montée du plaisir jusqu’à l’explosion
finale. Autrement dit, ils pouvaient pratiquer l’aukàn et recommencer
indéfiniment sans le moindre effort de leur part.
    Quand Arùn eut terminé, presque à bout de souffle
d’avoir donné tant d’explications, je constatai qu’elle et Hui-sheng me
regardaient d’un air interrogateur. « Non ! » m’écriai-je
aussitôt en plusieurs langues, soulignant mes dénégations de gestes énergiques.
L’idée d’utiliser les mata ling pour l’aukàn avait certes de quoi
intriguer, mais je ne me voyais pas me faufiler par une porte dérobée dans une
sordide arrière-cour de Pagan pour laisser quelque vieille harpie fouiller dans
mon intimité ! Je le fis savoir avec toute la vigueur possible.
    Hui-sheng et Arùn firent mine de me toiser d’un air
dédaigneux et désappointé, mais elles faisaient seulement des efforts
désespérés pour ne pas exploser de rire face à mon air contrit et scandalisé.
Ensuite, elles échangèrent un regard comme pour se dire : « Laquelle
doit lui parler ? » Arùn fit un geste d’approbation pour confirmer
qu’il serait plus aisé à Hui-sheng de communiquer avec moi à ce sujet. Cette
dernière s’en chargea donc, soulignant que, l’unique fonction des mata ling étant
de pénétrer dans l’intimité féminine avec le membre masculin, il
importait peu qu’il fut à l’intérieur. Prendrais-je ombrage de
l’expérience, suggéra-t-elle avec une grande délicatesse, mais non sans un
certain amusement, si nous pratiquions la chose tout à fait normalement, mais
en leur permettant, à elle-même et à Arùn, d’insérer en elles les petites
cloches d’amour avant de commencer ?
    Il va de soi que je n’avais aucune objection à émettre
à cela, et, avant la fin de la nuit, j’avais, comme Hui-sheng et Arùn,
développé un attachement inconditionnel et un enthousiasme réel pour les mata
ling. Mais je tirerai ici, de nouveau, le rideau de notre intimité. Je me
contenterai d’ajouter que je trouvai les cloches d’amour si dignes d’intérêt en
tant que telles, à l’instar de mes deux partenaires féminines, que je conçus
naturellement le projet d’en faire le fameux cadeau « unique »
destiné à Kubilaï. Mais, au dernier moment, j’hésitai. Il n’était pas si
évident, il est vrai, d’approcher ainsi le khan de tous les khans, le

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