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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Arùn se leva vivement entre nous, lança
joyeusement : « Aukàn ! » et claqua des mains pour
nous montrer ce qu’elle suggérait.
    Hui-sheng et moi n’avions eu aucune occasion de
profiter l’un de l’autre au cours du voyage de Bhamo à Pagan et n’en avions
guère eu envie non plus, vu les circonstances. Nous nous sentions plus que
prêts à rattraper le temps perdu, mais jamais nous n’aurions rêvé d’y être
aussi clairement aidés. Nous n’avions, cela va de soi, jamais eu recours à ce
genre d’incitation, que nous ne demandions pas, mais nous nous laissâmes ici
assez librement faire et y trouvâmes même un certain plaisir. Peut-être le
désir d’Arùn de nous y entraîner était-il vraiment irrésistible... Ou
bien était-ce l’excitant exotisme de cette terre nouvelle, les expériences
inédites qu’elle nous offrait... À moins que le durian, avec ses
propriétés aphrodisiaques, n’ait eu quelque chose à y voir ?
    Je n’ai pas voulu évoquer jusqu’ici nos expériences
privées, à Hui-sheng et à moi, et je n’y dérogerai pas. Je soulignerai
seulement que notre comportement, cette nuit-là, différa quelque peu de celui
que j’avais pu avoir, longtemps auparavant, avec les jumelles mongoles. La
participation de la jeune fille se limita ici en effet au rôle d’une
organisatrice inspirée, manipulatrice habile de nos corps, qui nous révéla
nombre de pratiques à l’évidence déjà parfaitement acceptées parmi son peuple,
mais auxquelles nous n’étions pas accoutumés. Je me souviens m’être dit que le
nom de son peuple, Thaï, qui signifie « libre », n’avait en
l’occurrence rien d’usurpé. Ayant toujours, soit Hui-sheng soit moi, une partie
du corps momentanément inoccupée, nous en faisions bien sûr bénéficier Arùn qui
semblait trouver cela plaisant puisqu’elle chantait ou s’exclamait plus souvent
qu’à son tour « Aukàn ! Aukàn ! », et puis « Saongam ! », ou bien encore «  Chan pom rak kun ! » qui signifie
« Je vous aime tous les deux ! » ou «  Cha-kaù
pasad ! », dont je ne vous révélerai pas le sens.
    Nous réitérâmes souvent l’aukàn, tous les
trois, lors de nos nuits au palais de Pagan, et souvent aussi dans la journée,
lorsqu’il faisait trop chaud pour sortir. Mais si j’ai gardé un souvenir aussi
vif de cette première nuit et des mots de thaï que m’avait appris Arùn, ce
n’est pas tant à cause de l’emploi que nous en fîmes. Seulement, longtemps
après, j’eus l’occasion de me rappeler une chose que je n’avais pas faite cette
nuit-là.

 
34
    Quelques jours plus tard, Yissun vint m’annoncer qu’il
avait découvert, pas très loin du palais, les anciennes écuries du roi d’Ava et
me demanda si je souhaitais les visiter. Tôt le lendemain, avant que le jour
soit trop chaud, nous nous y rendîmes, Hui-sheng, lui et moi, dans des
palanquins portés par des esclaves. Le chef des écuries et ses palefreniers
aimaient beaucoup leurs bêtes et étaient très fiers de leurs pavillons réservés
à ces kuda et gajah (chevaux et éléphants) royaux. Ils brûlaient
de nous les montrer. Hui-sheng étant déjà habituée aux chevaux, nous nous
contentâmes d’admirer les montures kuda dans leurs somptueuses stalles,
mais nous attardâmes davantage dans l’étable des gajah, ma compagne
n’ayant jamais vu d’éléphant de près.
    Les femelles qu’on nous présenta n’avaient visiblement
pas beaucoup servi depuis que le roi avait pris congé sur l’une de leurs
congénères, car les cornacs accédèrent avec une grâce empressée à notre
suggestion, relayée par Yissun, de faire une promenade en gajah.
    — Tenez, nous dirent-ils après être allés en
chercher une déjà harnachée de sa tour, vous allez avoir l’insigne honneur de
monter un animal sacré entre tous, puisqu’il s’agit d’un éléphant blanc.
    Notre monture, parée d’une couverture de soie et d’une
coiffe de pierreries, son harnais émaillé de perles fort voyantes soutenant une hauda de teck richement sculpté et doré, était splendide. Mais, comme on
me l’avait déjà indiqué, l’éléphant « blanc » ne l’était en fait pas
du tout. Il arborait bien çà et là, sur le gris clair ridé de son épiderme, de
vagues plaques d’une teinte aussi claire que la peau humaine, mais selon les
explications que nous donnèrent les mahawat, le « blanc »
n’avait rien à voir avec cette curiosité. On

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