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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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femmes
incommensurablement supérieures aux hommes.
    Au cours de mes voyages, j’ai fait la connaissance de
nombreuses autres races et nations avant d’arriver en Inde. J’en avais conclu
que la qualité des Mien issus des Bho du To-Bhot, étaient sans doute la moins
achevée de l’espèce humaine. Je m’étais trompé. Si les Mien représentaient le
niveau du sol de l’humanité, les Hindous en étaient les tréfonds. Dans
certaines des contrées que j’avais habitées ou visitées, j’avais eu l’occasion
de voir certains individus en mépriser ou en détester d’autres. Parce que leur
langue était différente, parce qu’ils manquaient de raffinement, parce qu’ils
appartenaient à une classe inférieure de la société, parce qu’ils avaient un
mode de vie particulier ou en raison de leurs choix religieux. Arrivé en Inde,
je ne pus m’empêcher de constater que tout le monde se méprisait et se
détestait, pour toutes ces raisons à la fois.
    Tâchons d’être aussi équitable que possible. Disons
d’abord que j’étais quelque peu dans l’erreur dès le début croyant que tous les
Indiens étaient des Hindous. Tofaa m’informa que si le mot « Hindou »
était employé comme une variante du mot « Indien », il se référait en
fait aux seuls Indiens pratiquant la religion hindouiste du Sanatana Dharma, ou Devoir éternel. Ceux-ci préféraient être honorés du titre de
« brahmanistes », du nom du dieu principal, Brahma le Créateur, de la
triade de déités dominantes (les deux autres étant Vishnou le Préservateur et
Shiva le Destructeur), le tout parmi une multitude d’autres dieux. D’autres
Hindous s’étaient choisi une divinité subalterne dans cette foule (Varuna,
Krishna, Hanuman) et lui réservaient l’essentiel de leurs dévotions. De cela
même, ils tiraient la certitude de leur indiscutable supériorité sur les autres
Hindous. Une bonne partie du reste de la population avait embrassé la religion
musulmane, qui progressait depuis le nord et l’ouest. Quelques Indiens enfin,
peu nombreux, étaient restés adeptes du bouddhisme. Cette religion, issue à
l’origine de l’Inde s’était ensuite étendue au loin ; elle était
aujourd’hui moribonde sur sa terre natale, peut-être à cause de son exigence en
matière de propreté. D’autres Indiens cependant suivaient encore diverses
religions, sectes ou cultes : jaïnisme, sikhisme, yoga ou doctrine de
Zarathoustra. Malgré cet enchevêtrement de croyances, les Hindous conservaient
tous un attribut commun : les adeptes de chaque religion méprisaient
jusqu’à la détestation ceux qui en pratiquaient une autre.
    Les Indiens n’aimaient pas davantage, du reste, se
voir considérés comme un seul groupe. Ils formaient, du moins le
prétendaient-ils, un chaudron bouillonnant de différentes peuplades
hétérogènes. Ils étaient Chola, Aryens, Sindi, Bhil, Bengalis ou Gond... et je
ne sais encore combien d’autres ethnies. Les Indiens du marron le plus clair,
qui se qualifiaient eux-mêmes de « blancs », prétendaient être les
descendants d’ancêtres aux yeux et aux cheveux clairs venus de quelque
lointaine région septentrionale. Si cela avait été un jour vrai, c’est qu’il y avait
eu un tel brassage au fil des siècles que, finalement, les races plus sombres
du Sud avaient prévalu. Tous les Indiens ne se distinguaient plus, en effet,
que par des nuances variées de brun. Bien qu’aucun ne fut d’une couleur dont on
pût légitimement se vanter, toutes ces infimes différences de teinte n’étaient
qu’un prétexte de plus pour se haïr mutuellement. Les marron clair se moquaient
des marron foncé, et ces derniers se gaussaient des noirs.
    Pour ne rien simplifier, suivant leur race, leur tribu,
leur lignée, leur région d’origine et leur lieu de résidence, les Indiens ne
parlaient pas moins de cent soixante-dix-neuf langues différentes, et il
était bien rare que les uns comprennent les autres, tous prétendant parler la
seule vraie et sainte langue, même si bien peu se souciaient d’apprendre à la
lire ou à l’écrire. Au total, chacun de ces groupes linguistiques, sous
prétexte qu’il maîtrisait la vraie langue, était en droit d’injurier ceux qui
utilisaient la fausse langue, c’est-à-dire les cent soixante-dix-huit autres.
    Quelles que fussent en tout cas leur race, leur
religion, leur tribu ou leur langue, tous les Indiens courbaient l’échine comme
un seul homme devant

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