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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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étrangère. Les
Vénitiennes, elles, naissent et sont élevées pour mettre au monde. Rien ne les
comble davantage que se trouver, comme dit le vulgaire, « enceintes
jusqu’aux oreilles », et elles en ressentent vivement le manque
lorsqu’elles ne le sont pas. Trouve-toi une bonne Vénitienne aux hanches larges
et laisse-la s’occuper du reste.
    — Ou bien, ajoutait l’esprit pratique de mon
père, choisis une femme que tu puisses aimer suffisamment pour vouloir lui
faire des enfants, mais assez légèrement pour ne pas trop souffrir de sa perte
éventuelle.
    Lorsque la Ca’ Polo fut achevée et que nous nous y
fûmes installés, mon père tourna son attention vers un projet inédit et plus
extraordinaire encore. Il fonda ce que j’appellerais une école pour marchands
aventuriers. Elle n’eut en réalité jamais de nom officiel et jamais elle ne
constitua une académie ou quoi que ce soit de formel. Mon père décida
simplement de fournir son expérience, ses conseils et un accès à notre collection
de cartes à qui exprimerait le vœu d’aller chercher fortune sur la route de la
soie. Ce furent essentiellement des jeunes gens qui vinrent recevoir ses
enseignements, quoique certains fussent à peu près de mon âge. Contre un
pourcentage des profits que l’étudiant réaliserait lors d’une future expédition
de commerce (à Bagdad, à Balkh, n’importe où en Orient, et même à Khanbalik),
Nicolò Polo lui apprenait tout ce qui pourrait lui être utile, lui permettait
de copier sur nos cartes le trajet à emprunter, lui délivrait quelques
rudiments de farsi commercial, lui donnait même les noms des marchands locaux
dont il pouvait se souvenir, ainsi que ceux de tous les guides, conducteurs de
chameaux, porteurs et autres qu’il pourrait trouver sur sa route. Il ne garantissait
rien, bien conscient que son savoir datait un peu, à présent. Mais jamais il ne
leur demanda de lui payer quoi que ce soit pour cet enseignement. Pas avant que
celui-ci leur eût profité. Si je me souviens bien, plusieurs d’entre eux
tentèrent de partir sur les traces orientales de maître Polo, dans la direction
d’où il était par deux fois revenu. Quelques-uns rentrèrent sains et saufs de
destinations aussi lointaines que la Perse, un ou deux en revinrent prospères,
qui lui payèrent leur dû. Mais je pense que mon père aurait persisté dans cette
lubie même si aucun ne lui avait jamais versé le moindre bagaùn car, en
un sens, c’était pour lui une continuation virtuelle du voyage... jusqu’à ses
derniers jours.
    La conséquence de tout cela fut que l’insouciant
vagabond que j’étais, aussi prévisible et fiable que les vents, découvrit ses
horizons naguère ouverts à perte de vue, encombrés par la besogne journalière
de surveillance des livres de comptes et l’approvisionnement des entrepôts,
entrecoupée des deux rituels de convivialité et de bavardage sur le Rialto.
C’était une obligation... mon obligation. Il fallait que quelqu’un tînt
en main la maison Polo ; mon père finit par se retirer tout à fait, et
oncle Matteo était à jamais un infirme assigné à résidence. À Constantinople,
mon oncle le plus âgé abandonna lui aussi peu à peu les affaires pour mourir,
d’ennui je crois, peu de temps après. Du coup, mon cousin Nicolò, là-bas, et
moi, ici, héritâmes de l’entière responsabilité des deux branches de la Compagnie.
Le rôle de prince des marchands sembla plaire à cousin Nicolò. Et moi, me
direz-vous ? Ma foi, c’était un travail honnête, utile et point trop
exigeant ; je n’étais pas encore lassé de la monotonie de son quotidien et
je m’étais plus ou moins résigné à considérer que j’y passerais le reste de
ma vie. C’est alors que deux événements survinrent.
    Le premier fut l’envoi que tu me fis, Luigi, d’un
exemplaire tout juste achevé du Devisement du Monde. Je saisis
immédiatement le moindre moment perdu pour lire et savourer notre ouvrage et,
chaque page terminée, je la donnais à un scribe pour qu’il en établît une
copie. Je le trouvai en tous points admirable, avec fort peu d’erreurs, sans
doute imputables au rythme de ma narration pendant que tu couchais mes mots par
écrit. Peut-être aurais-je pu, aussi, relire ta version originale d’un œil plus
critique et plus concentré.
    Celles-ci n’étaient que des méprises dans la datation
de tel fait, ou une aventure sortie de son contexte, à l’occasion l’un de

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