Marco Polo
possédaient bien l’habituel triangle sombre à l’endroit
qui convient (elles l’appelaient le han-mao, c’est-à-dire le
« petit brasero »), leur fourrure n’était ni bouclée, ni frisée. Les
femmes mongoles, au moins celles que j’ai connues, avaient un abricot
exceptionnellement doux ; leurs poils étaient aussi plats et nets que le
pelage d’un chat. Lorsque j’étais au lit avec une femme, plus tard, je me suis
souvent amusé, tout en l’amusant, elle aussi, à promener et faire virevolter
mes doigts dans les bouclettes de son petit brasero ; avec Buyantu et Biliktu,
je le caressais et le flattais comme je l’aurais fait d’un chaton et elles se
mettaient à ronronner de la même façon.
Dès le premier soir dans mes appartements privés, les
filles m’avaient clairement fait comprendre qu’elles s’attendaient à ce que
j’invite l’une d’entre elles dans mon lit. En me donnant le bain, elles
s’étaient déshabillées et lavées avec moi, insistant soigneusement sur nos
zones intimes respectives, qu’elles appelaient en mongol les dan-tian, autrement
dit les « parties roses ». Après s’être talqué le corps, sans oublier
le mien, de poudres parfumées, elles s’étaient glissées dans de fines robes de
soie qui ne cachaient rien de leurs petits braseros, et la jeune femme que je
finirais par reconnaître comme étant Buyantu me demanda, directe :
— Voudrez-vous des enfants de nous, maître
Marco ? Je tressaillis et lâchai sans y prendre garde :
— Dio me varda, no !
Elle n’avait pu comprendre mes paroles, mais leur sens
ne lui avait à l’évidence pas échappé puisqu’elle hocha la tête et
poursuivit :
— Nous nous sommes procuré des graines de
fougère, qui constituent le meilleur rempart contre la conception. Maintenant,
comme vous le savez, maître, nous sommes toutes deux à vingt-deux carats de
qualité et, bien sûr, toutes deux vierges. Aussi nous sommes-nous demandé tout
l’après-midi laquelle de nous deux aurait l’honneur d’être la première qing-du
chukai (éveillée à la condition de femme) par notre beau nouveau maître.
J’avoue que je fus heureux de me rendre compte que,
contrairement à tant de vierges, elles ne craignaient pas outre mesure
l’événement. Cependant, elles semblaient déjà s’être mises d’accord entre
sœurs, puisque Buyantu ajouta :
— Il se trouve que je suis la plus âgée des deux.
Biliktu se mit à rire et me précisa :
— Oh, de quelques minutes seulement, selon notre
mère. Mais, depuis notre naissance, ma sœur aînée exige la préséance à ce
titre.
Buyantu haussa les épaules et reprit :
— L’une de nous devra être choisie la première
nuit, l’autre attendre la suivante. Si vous ne souhaitez pas effectuer le choix
vous-même, maître, nous pourrions tirer à la courte paille.
Je répondis, désinvolte :
— Loin de moi l’envie de laisser choisir la
chance. Ou de trancher entre deux attractions aussi irrésistibles. Vous serez
toutes les deux la première.
Buyantu se récria d’un ton de réprimande :
— Nous sommes vierges, mais pas ignorantes !
— Nous avons élevé nos deux plus jeunes frères,
précisa Biliktu.
— Aussi, lorsque nous vous avons donné le bain,
nous avons bien vu que vous étiez normalement équipé du côté de votre dan-tian, expliqua Buyantu. Il est bien sûr plus imposant que celui des jeunes
garçons, mais ça n’est pas pour autant qu’il est multiple.
— De ce fait, compléta Biliktu, il ne peut être
qu’à un seul endroit en même temps. Comment pouvez-vous prétendre nous faire
passer toutes les deux la première ?
— Ce grand lit est joliment commode,
commençai-je. Nous y serons allongés tous les trois ensemble, et...
— Ce serait indécent !
Elles semblaient toutes les deux si choquées que je
souris.
— Allons, allons. Il est bien connu qu’il arrive
parfois aux hommes de s’offrir à plusieurs femmes à la fois.
— Mais... mais ce sont des concubines qui ont une
longue expérience, dont la pudeur s’est envolée depuis longtemps et qu’aucun
embarras ne peut plus atteindre. Maître Marco, nous sommes des sœurs, il
s’agit de notre tout premier jiao-gou, et nous serons... c’est-à-dire,
nous ne pouvons... en la présence l’une de l’autre...
— Je vous promets que ce ne sera pas plus gênant
que lorsque nous avons pris le bain ensemble et que vous oublierez bien vite
ces notions de
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