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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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c’est là ce qui me fait vous ce droit dont nous parlons, que ce droit que vous me reprochez si amèrement d’avoir pris, c’est vous-même qui me l’avez donné en faisant éclore en moi ce sentiment invincible que je ne puis vous exprimer.
    – Je ne vous comprends pas ! répondit Yvonne atterrée par cette révélation.
    – Vous ne me comprenez pas ?
    – Non.
    – Vous ne devinez pas que je vous aime ?
    – Vous m’aimez ! s’écria la jeune fille qui, bien que s’attendant à cet aveu, ne put retenir un mouvement de terreur folle.
    – Oui, je vous aime !
    – Vous m’aimez ! répéta Yvonne. Oh ! seigneur mon Dieu ! ayez pitié de moi !
    – Eh ! que diable cela a-t-il de si effrayant ! dit le chevalier en se levant avec brusquerie. Beaucoup de belles et nobles dames ont été fort heureuses d’entendre de semblables paroles sortir de mes lèvres. Corbleu ! que l’on est farouche en Bretagne ! Allons, chère petite ! tranquillisez-vous ! nous vous humaniserons !
    – Sortez ! laissez-moi ! s’écria la pauvre enfant avec désespoir et colère. Vous m’aimez, dites-vous ? Moi je vous hais et je vous méprise !
    – C’est de toute rigueur ce que vous dites là. Une jeune fille parle toujours ainsi la première fois, puis elle change de manière de voir, et vous en changerez aussi.
    – Jamais !
    – C’est ce que nous verrons.
    Et le chevalier se penchant vers le lit sur lequel reposait Yvonne, voulut la prendre dans ses bras. La Bretonne poussa un cri d’horreur, mais elle ne put éviter l’étreinte du chevalier qui couvrait ses épaules de baisers ardents. Enfin Yvonne, réunissant toute sa force, repoussa violemment le misérable.
    – Au secours ! à moi ! cria-t-elle avec désespoir.
    Mais, dans la lutte qu’elle venait de soutenir, la bande qui enveloppait son bras blessé s’était dérangée. La veine se rouvrit et le sang coula à flots. Yvonne, épuisée, retomba presque sans connaissance. En la voyant ainsi à sa merci, Raphaël s’avança vivement.
    Yvonne était d’une pâleur effrayante et incapable de faire un seul mouvement, de jeter un seul cri. Raphaël s’arrêta. La vue du sang qui teignait les draps parut faire impression sur lui. Il prit le bras de la jeune fille, rétablit la bande de toile qui empêcha la veine de se rouvrir, et s’occupa de faire revenir Yvonne à elle. Puis il marcha silencieusement dans la chambre pour lui laisser le temps de se remettre.
    Des pensées opposées se succédaient en lui. Son front, tour à tour sombre et joyeux, exprimait le combat de ses passions tumultueuses. Enfin, il sembla s’arrêter à une résolution. Il revint vers la jeune fille.
    – Écoutez, lui dit-il brusquement ; vous repoussez mes paroles, vous refusez de vous laisser aimer ; c’est là un jeu auquel je suis trop habitué pour m’y laisser prendre. Vous ne pouvez regretter le paysan grossier auquel vous êtes fiancée, et qui est indigne de vous. Moi, je vous aime, et vous êtes en ma puissance. Donc, vous serez à moi. Inutile, par conséquent, de continuer une comédie ridicule. Je n’y croirai pas. Réfléchissez à ce que je vais vous dire. Je suis riche. Laissez-vous aimer, consentez à vivre quelque temps auprès de moi, et vous aurez à jamais la fortune. Quand je quitterai la Bretagne, vous serez libre. Alors, vous pourrez retourner auprès de votre père et devenir, si bon vous semble, la femme du rustre auquel vous êtes fiancée. Mais si, comme je l’espère, vous sentez tout le prix de mon amour, vous me suivrez à Paris. Jusque-là, vous commanderez ici en souveraine, et chacun vous obéira, tant, bien entendu, que vous ne voudrez pas fuir. Vous aurez une compagne charmante dans la noble dame qui vous a déjà prodigué ses soins. Vous quitterez ces vêtements grossiers, pour la soie, le velours et les riches joyaux. Puis, une fois à Paris, ce seront des fêtes, des bals, des plaisirs de toutes les heures. Vous jetterez à pleines mains l’or et l’argent, pour satisfaire vos caprices et vos moindres fantaisies. Pour vous parer vous me trouverez prodigue. Voilà l’existence que vous mènerez et à laquelle il n’est pas trop cruel de vous soumettre. Maintenant que vous êtes éclairée sur votre situation présente, je ne vous fatiguerai pas par un long verbiage. Réfléchissez ! Soyez raisonnable. Vous me reverrez ce soir même. Dans tous les cas, souvenez-vous de mes premières paroles : Je vous

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