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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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ma fille en Jésus-Christ, tout l’amour évangélique que ses vertus m’inspirent, moi, Louis-Claude de Vannes, évêque diocésain, et humble serviteur du Dieu tout-puissant, ai remis ce Christ, rapporté de Rome et béni par les mains sacrées de Sa Sainteté Pie VI, à Marie-Ursule de Mortemart, abbesse du couvent de Plogastel. »
    – Oh ! merci, mon Dieu ! Vous avez exaucé ma prière ! dit Yvonne en baisant encore le crucifix. Le couvent de Plogastel ! C’est donc là où je me trouve ?
    « Le couvent de Plogastel ! répétait-elle. Comment n’ai-je pas reconnu cette cellule de la bonne abbesse, moi, qui, tout enfant, y suis venue si souvent ? Mais comment se fait-il que ces hommes m’aient conduite dans ce saint-lieu ?… Ah ! je me rappelle ! Dernièrement on racontait chez mon père que les pauvres nonnes en avaient été chassées. L’abbaye est déserte et les misérables en ont fait leur retraite ! Oh ! ces hommes ! ces hommes que je ne connais pas ! que me veulent-ils donc ?
    En ce moment Yvonne entendit marcher dans le corridor. Elle se hâta de remettre le crucifix à sa place et de regagner son lit. Il était temps, car la porte tourna doucement sur ses gonds et le chevalier de Tessy pénétra dans la cellule.
    En le voyant, Yvonne se sentit prise par un tremblement nerveux. Raphaël s’avança avec précaution. Arrivé près du lit, il se pencha vers la jeune fille, qu’il croyait endormie, et approcha ses lèvres de ce front si pur. Yvonne se recula vivement, avec un mouvement de dégoût semblable à celui que l’on éprouve au contact d’une bête venimeuse.
    – Ah ! ah ! chère petite, dit le chevalier, il paraît que cela va mieux et que vous me reconnaissez ?
    Yvonne ne répondit pas.
    – Chère Yvonne, continua le chevalier de sa voix la plus douce, je vous en conjure, dites-moi si vous voulez m’entendre et si vous vous sentez en état de comprendre mes paroles. De grâce ! répondez-moi ! Il y va de votre bonheur.
    – Que me voulez-vous ? répondit Yvonne d’une voix faible et en faisant un visible effort pour surmonter la répugnance qu’elle ressentait en présence de son interlocuteur.
    – Je veux que vous m’accordiez quelques minutes d’attention.
    – Qu’avez-vous à me dire ?
    – Vous allez le savoir.
    Et le chevalier, attirant à lui un fauteuil, s’assit familièrement au chevet de la malade. Yvonne s’éloigna le plus possible en se rapprochant de la muraille. Raphaël remarqua ce mouvement.
    – Ne craignez rien, dit-il.
    – Oh ! je ne vous crains pas ! répondit fièrement la Bretonne.
    – Soit ! mais ne me bravez pas non plus ! N’oubliez pas, avant tout, que vous êtes en ma puissance !
    – Et de quel droit agissez-vous ainsi vis-à-vis de moi ? s’écria Yvonne avec colère et indignation, car le ton menaçant avec lequel Raphaël avait prononcé la phrase précédente avait ranimé les forces de la malade. De quel droit m’avez-vous enlevée à mon père ? Savez-vous bien que pour abuser de votre force envers une femme, il faut que vous soyez le dernier des lâches ! Et vous osez me menacer, me rappeler que je suis en votre puissance !
    Le chevalier était sans doute préparé à recevoir les reproches d’Yvonne, et il avait fait une ample provision de patience, présumons-nous, car loin de répondre à la jeune fille indignée qui l’accablait de sa colère et de son mépris, il s’enfonça mollement dans le fauteuil sur lequel il était assis, et croisant ses deux mains sur ses genoux, il se mit à tourner tranquillement ses pouces.
    En présence de cette contenance froide qui indiquait de la part de cet homme une résolution fermement arrêtée, Yvonne sentit son courage prêt à défaillir de nouveau. Elle se voyait perdue, et bien perdue, sans espoir d’échapper aux mains qui la retenaient prisonnière. Cependant son énergie bretonne surmonta la terreur qui s’était emparée d’elle. S’enveloppant dans les draps qui la couvraient, et se drapant pour se dresser, elle prit une pose si sublimement digne, que le chevalier laissa échapper une exclamation admirative.
    – Corbleu ! s’écria-t-il, la déesse Junon ne serait pas digne de délacer les cordons de votre justin, ma belle Bretonne !
    – Monsieur, dit Yvonne dont les yeux étincelaient, si vous n’êtes pas le plus misérable et le plus dégradé des hommes, vous allez sortir de cette chambre et me laisser libre de quitter

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