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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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la chambre, ouvrit une tabatière d’or, y plongea l’index et le pouce, en écarquillant gracieusement les autres doigts de la main, et après avoir dégusté savamment le tabac d’Espagne, il lança délicatement à la dentelle de son jabot deux ou trois chiquenaudes, qui eurent l’avantage de faire ressortir l’éclat d’un magnifique solitaire qui brillait à son petit doigt. Puis, revenant près d’Hermosa :
    – C’est toi, chère belle, lui glissa-t-il à l’oreille, qui as l’habitude de nous verser le syracuse à la fin de chaque repas. Je te laisse ce flacon. Par le temps qui court cette composition peut devenir de la plus grande utilité. On ne sait pas ; mais si par hasard tu avais le caprice d’en faire l’épreuve, ne va pas te tromper ! Je te préviens que j’ai le coup d’œil d’un inquisiteur espagnol !
    Ceci dit, le comte déposa le flacon sur une petite table près de laquelle Hermosa était assise, et sortit en fredonnant une tarentelle. Arrivé près de la porte il se retourna. Hermosa avait la main appuyée sur la table, et le flacon avait disparu. Le comte sourit.
    – Cette Hermosa est véritablement une créature des plus intelligentes, murmura-t-il en traversant le corridor pour gagner l’escalier du couvent. Il n’est vraisemblablement pas impossible que je consente un jour à lui donner mon nom. Palsambleu ! nous verrons plus tard. Pour le présent, ce cher Raphaël ne se doute de rien. Tout est au mieux. Pardieu ! moi aussi je trouve cette petite Bretonne charmante, et j’ai toujours jugé fort sage cette sorte de parabole diplomatique qui traite de la façon de faire tirer les marrons du feu. Allons, Raphaël n’est pas encore de ma force, et je crois qu’il n’aura pas le temps d’arriver jamais à ce degré de supériorité.
    Au pied de l’escalier le comte rencontra Jasmin.
    – Tu vas, lui dit-il, nous préparer pour ce soir un souper des plus délicats. Je me sens en disposition de fêter tes connaissances dans l’art culinaire !
    Jasmin s’inclina en signe d’assentiment ; et le comte hâta le pas pour rejoindre son ami le chevalier, dont il passa le bras sous le sien avec une familiarité charmante. Puis tous deux continuèrent leur promenade. Pendant ce temps Hermosa se faisait apporter par Jasmin des flacons de syracuse.

X – L’AMOUR DU CHEVALIER DE TESSY.
    Une heure environ s’était écoulée depuis qu’Yvonne se trouvait seule dans la cellule où on l’avait transportée. Un profond silence régnait dans la petite pièce. Tout à coup la jeune fille fit un mouvement et entr’ouvrit les yeux.
    Son front devint moins rouge, sa respiration moins pressée, son œil moins hagard. Évidemment la saignée avait produit un mieux sensible. Yvonne se dressa péniblement sur son séant et regarda avec attention autour d’elle.
    D’abord son gracieux visage n’exprima que l’étonnement. Elle ne se souvenait plus. Mais bientôt la mémoire lui revint.
    Alors elle poussa un cri étouffé, et une troisième crise, plus terrible que les deux premières peut-être, faillit s’emparer d’elle. Elle demeura quelques minutes les yeux fixes, les doigts crispés. Elle étouffait.
    Enfin, les larmes jaillirent en abondance de ses beaux yeux et la soulagèrent. Les nerfs se détendirent peu à peu et la faiblesse causée par la saignée arrêta la crise. Après avoir pleuré, elle se laissa glisser silencieusement à bas de son lit et s’achemina vers la fenêtre.
    – Mon Dieu ! où suis-je ? se demandait-elle avec angoisse.
    En parcourant des yeux l’étroite cellule, ses regards rencontrèrent un crucifix appendu à la muraille. Yvonne se traîna jusqu’au pied du signe rédempteur, s’agenouilla, et pria avec ferveur. Puis, se relevant péniblement, elle étendit la main vers le crucifix, et le décrocha pour le baiser.
    C’était un magnifique Christ, largement fouillé dans un morceau d’ivoire, et encadré sur un fond de velours noir. Yvonne le contempla longuement, et, par un mouvement machinal, elle le retourna. Sur le dos du cadre étaient tracées quelques lignes à l’encre rouge. Yvonne les lut d’abord avec une sorte d’indifférence, puis elle les relut attentivement, et un cri de joie s’échappa de ses lèvres, tandis que ses yeux lancèrent un rayon d’espérance.
    Voici ce qui était écrit derrière ce Christ encadré.
    « Le vingt-cinquième jour d’août mil sept cent soixante-dix-huit, voulant témoigner à

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