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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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entièrement connaissance.
    C’étaient les pas incertains d’Yvonne, c’était ce soupir exhalé de sa poitrine haletante que Jocelyn avait entendus. Le vieux serviteur, le corps penché, demeura immobile et silencieux, les traits contractés par l’épouvante. Prêtant l’oreille avec une attention profonde, Jocelyn écouta longtemps. Puis, n’entendant plus aucun bruit, il revint vers son maître.
    – Eh bien ? demanda le marquis.
    – J’ignore ce qui se passe, monseigneur, répondit Jocelyn ; mais je suis certain qu’il y a quelqu’un dans les galeries.
    – Tu as entendu parler ?
    – Non, j’ai entendu marcher.
    – Un pas d’homme ? demanda la religieuse.
    – Je ne puis vous le dire, madame.
    – Et ces pas se sont éloignés ?
    – Non, monseigneur ; j’ai entendu la chute d’un corps, puis un soupir, puis plus rien.
    – C’est peut-être quelqu’un qui a besoin de secours ! s’écria le marquis. Allons, viens, Jocelyn.
    – Philippe ! dit vivement la religieuse en arrêtant le marquis, Philippe, ne me quittez pas !
    – Monseigneur ! fit Jocelyn en joignant ses instances à celles de Julie, monseigneur ! ne sortez pas ! Songez que vous pourriez vous compromettre.
    – Faire découvrir notre retraite ! continua Julie.
    – Et qui sait si ce n’est pas une ruse !
    – Cependant, fit observer le marquis, nous ne pouvons laisser ainsi une créature humaine qui peut-être a besoin de nous.
    – De grâce ! Philippe, songez à vous ! Je vous ai dit que l’autre aile du couvent était habitée par des gens que je ne connaissais point. Ils ont découvert sans doute le secret des galeries souterraines ; mais ils ne peuvent venir jusqu’ici. Il n’y avait que moi et notre digne abbesse qui eussions connaissance de cette partie du cloître dans laquelle nous sommes. Une imprudence pourrait nous perdre tous !
    – Puis, monseigneur, reprit Jocelyn, la nuit va bientôt venir ; alors je sortirai par l’ouverture secrète d’en haut ; je connais les autres entrées des souterrains ; je ferai le tour du cloître ; j’y pénétrerai et j’atteindrai ainsi la galerie voisine ; mais jusque-là, je vous en conjure, ne tentons rien !
    – Attendons donc la nuit ! dit le marquis en soupirant.
    Et tous trois rentrèrent dans la cellule, sur le seuil de laquelle le marquis s’était déjà avancé.
    Ainsi que l’avait dit Jocelyn, la nuit descendit rapidement. Alors le vieux serviteur se disposa à accomplir son dessein. Seulement, au lieu de se diriger vers la porte secrète en dehors de laquelle Yvonne gisait toujours évanouie, il gagna une galerie située du côté opposé. Bientôt il atteignit un petit escalier qu’il gravit rapidement. Arrivé au sommet il pénétra dans une pièce voûtée qu’il traversa, et, au moyen d’une clé qu’il portait sur lui, il ouvrit une porte de fer imperceptible aux yeux de quiconque n’en connaissait pas l’existence, tant la peinture, artistement appliquée, la dissimulait au milieu des murailles noircies.
    Alors il se trouva dans l’aile droite du couvent. À la faveur de l’obscurité il atteignit la cour commune. Là, caché derrière un pilier, il jeta autour de lui des regards interrogateurs. Deux fenêtres de l’aile gauche étaient splendidement éclairées.
    Jocelyn, certain que la cour était déserte, la traversa rapidement. Il voulait, en gagnant une hauteur voisine, essayer de voir dans l’intérieur, et de connaître les nouveaux habitants. Malheureusement les vitraux des fenêtres étaient peints, et ne permettaient pas aux regards de plonger dans l’intérieur. Jocelyn, déçu dans son espoir, abandonna la petite éminence, et songea à pénétrer dans les souterrains par une des issues donnant sur la campagne, et dont il connaissait à merveille les entrées.
    Au moment où il longeait l’aile gauche de l’abbaye, il aperçut un homme qui traversait la cour et qui marchait dans sa direction. Jocelyn, vêtu du costume des paysans bretons, était méconnaissable. Il attendit donc assez tranquillement, certain de ne pas être exposé à une reconnaissance fâcheuse. Mais l’homme passa près de lui sans le voir, et se dirigea tout droit vers un rez-de-chaussée que le comte avait converti en écurie. Cet homme était Jasmin. Il allait simplement donner la provende aux chevaux.
    Le vieux serviteur du marquis de Loc-Ronan se sentit saisi d’une inspiration subite. Dévoré par le désir de

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