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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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amusent.
    – Mais le roi, le roi ? dit encore Marcof.
    – Je vous répète qu’il est prisonnier. Tenez, voici le journal l’Ami du roi , lisez, et vous verrez qu’il ne peut tenter une nouvelle évasion : un commandant de bataillon passe la nuit dans le vestibule séparant le salon de la chambre à coucher de Marie-Antoinette. Trente-six hommes de la milice citoyenne vont monter la garde dans l’intérieur des appartements. Un égout conduisant les eaux du château des Tuileries à la rivière doit être bouché, et on doit même murer les cheminées. Lafayette donnera dorénavant le mot d’ordre sans le recevoir du roi, et les grilles des cours et des jardins seront tenues fermées. Quant à l’Assemblée nationale, elle cumule maintenant les deux pouvoirs exécutif et délibérant.
    – Ensuite ? demanda La Bourdonnaie en voyant Boishardy s’arrêter, et remettre ses papiers, ses lettres et ses journaux dans sa poche.
    – C’est ici où s’arrêtent mes nouvelles, à la date du 26 juin. Le dernier acte de l’Assemblée nationale a été de faire apporter le sceau de l’État sur son bureau, et de déclarer pour l’avenir ses décrets exécutoires, quoique privés de la sanction royale.
    – Ainsi, dit Marcof, le roi n’est plus rien ?
    – À peine existe-t-il même de nom.
    – Ils ont osé cela !
    – Oh ! ils oseront bien autre chose encore si on les laisse faire !
    – Mais on ne les laissera pas faire ! s’écria le comte de La Bourdonnaie en se levant.
    – C’est ce qu’il faut espérer ! répondit Boishardy. Cependant l’insurrection a bien de la peine à lever hautement la tête.
    Marcof réfléchissait profondément.
    – La Rouairie commence à agir, dit le comte.
    – Mais nous n’avons encore que quelques hommes autour de nous.
    – Les autres viendront.
    – Quand cela ?
    – Bientôt, mon cher. Mes renseignements sont certains et précis ; avant un an, la Bretagne et la Vendée seront en armes : avant un an, la contre-révolution aura sur pied une armée formidable ; avant un an, nous serons les maîtres de l’ouest de la France !
    – Un an, c’est trop long. Qui sait d’ici là ce que deviendra le roi ?
    – Nos paysans se décident lentement, vous le savez.
    – Activons-les, poussons-les, entraînons-les !
    – Comment ?
    – Tuez les bœufs des retardataires et allumez une botte de foin sous leurs toits ; tous marcheront.
    – S’ils viennent à nous par force, ils nous abandonneront vite.
    – Peut-être ; mais le point essentiel est d’agir vite.
    – Que font les émigrés ?
    – Ils dansent de l’autre côté du Rhin, et se moquent de nous !…
    Le comte de La Bourdonnaie haussa les épaules.
    – Ils nous enverront bientôt des quenouilles comme à ceux de la noblesse qui n’ont pas encore quitté la France.
    – C’est à quoi ils songent, soyez-en certains !
    – Corbleu ! que le roi ne s’appuie donc que sur sa noblesse de province. Elle ne l’abandonnera pas, celle-là !…
    – Nous le prouverons, Boishardy.
    Marcof, on le voit, ne prenait plus qu’une part silencieuse à la conversation. Toujours absorbé par ses pensées intimes, il était trop préoccupé pour pouvoir s’y mêler activement. Son esprit, un moment distrait par les récits de Boishardy, s’était promptement reporté sur la situation présente. Aussi, frappant le sol de la crosse de sa carabine :
    – Ces prisonniers ne viennent pas ! dit-il avec impatience.

XX – L’INTERROGATOIRE.
    Un cri d’appel retentit au loin. Un second plus rapproché lui succéda.
    – Voici nos hommes ! fit le comte.
    Keinec et Jahoua s’étaient rapprochés. Une douzaine de chouans, conduisant au milieu d’eux une femme, un homme et un enfant, sortirent d’une allée voisine et s’avancèrent.
    – Où les avez-vous pris, mon gars ? demanda M. de La Bourdonnaie.
    – Près d’Audierne, répondit un paysan.
    – Ils n’étaient que trois ?
    – Pardon, monsieur le comte, il y avait avec eux un autre homme.
    – Où est-il ?
    – Il a pris la fuite et nos balles n’ont pu l’atteindre.
    – Maladroits !
    – Nous avons fait pour le mieux.
    – Les prisonniers sont attachés ?
    – Oui, monsieur le comte.
    – C’est bien… je vais les interroger.
    Les paysans se retirèrent, et les prisonniers demeurèrent en face du comte. Ces prisonniers, nos lecteurs l’ont deviné sans doute, n’étaient autres que Jasmin, Hermosa

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