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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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braves gens, fit le comte en s’avançant de quelques pas.
    – Monseigneur, répondit le vieillard en se découvrant avec respect.
    – Nous venons du château de Loc-Ronan, et nous craignons de nous être égarés. Où conduit la route sur laquelle nous sommes ?
    – En descendant à gauche, elle mène à Audierne en passant par la route des Trépassés.
    – Et, à droite, en remontant ?
    – Elle va à Fouesnan.
    – Merci, mon ami…
    – À votre service, monseigneur.
    Pendant ce dialogue, le chevalier de Tessy contemplait avec une vive admiration la beauté virginale de la charmante Yvonne.
    – Vive Dieu ! s’écria-t-il en se mêlant à la conversation, si toutes les filles de ce pays ressemblent à cette belle enfant, Mahomet, je le jure, y établira quelque jour son paradis, et, quitte à damner mon âme, je me ferai mahométan !
    – Silence ! Vous scandalisez ces honnêtes chrétiens ! fit observer le comte.
    Puis, se retournant vers Yvon :
    – N’y avait-il pas un lougre dans la crique hier au soir ? demanda-t-il.
    – Si fait, monseigneur.
    – Qu’est-il devenu ?
    – Il a mis à la voile, ce matin même.
    – Savez-vous où il allait ?
    – À Paimbœuf, je crois.
    – Comment s’appelle le patron ?
    – Marcof le Malouin, monseigneur.
    – C’est bien cela. Et quand revient-il, ce lougre ?
    – Dans douze jours si la mer est bonne.
    – Merci de nouveau, mon brave. Comment vous nommez-vous ?
    – Yvon pour vous servir.
    – Et cette belle fille que mon frère trouve si charmante est votre fille, sans doute ?
    – Oui, monseigneur.
    – Et ce jeune gars est-il votre fils ?
    – Il le sera bientôt. Dans six jours, à compter d’aujourd’hui, Jahoua épouse Yvonne.
    – Ah ! ah ! interrompit le chevalier ; et s’adressant à Yvonne : Puisque vous allez vous marier, ma jolie Bretonne, et que ce mariage tombe le premier juillet, jour que notre ami le marquis de Loc-Ronan nous a priés de lui consacrer tout entier, je prétends aller avec lui jusqu’à Fouesnan pour assister à votre union et pour vous porter mon cadeau de noces.
    – Monseigneur est bien bon, balbutia Yvonne en ébauchant une révérence.
    – Monseigneur nous comble ! ajouta Jahoua en saluant profondément.
    – Maintenant, bonnes gens, allez à vos affaires et que le ciel vous conduise ! reprit le comte avec un geste tout à fait aristocratique, et qui sentait d’une lieue son grand seigneur.
    Yvonne et les deux Bretons saluèrent une dernière fois, et continuèrent leur route non pas sans se retourner pour admirer encore les riches costumes des voyageurs et la beauté de leurs chevaux.
    – Qu’est-ce que c’est que cette fantaisie d’aller à la noce ? demanda le comte en souriant, et en dirigeant sa monture vers l’embranchement de la route qui conduisait à Audierne.
    – Est-ce que tu ne trouves pas cette petite fille ravissante ?
    – Si, elle est gentille.
    – Mieux que gentille !… Adorable ! divine !…
    – Te voilà amoureux ?
    – Fi donc ! La Bretonne me plaît ; c’est une fantaisie que je veux contenter, mais rien de plus.
    – Puisqu’elle se marie…
    – Bah ! d’ici à six jours nous avons dix fois le temps d’empêcher le mariage.
    – Soit ! agis à ta guise ; mais en attendant hâtons-nous un peu, sinon nous n’arriverons jamais assez tôt !…
    – Connais-tu le chemin ?
    – Parfaitement.
    – Il nous faut descendre jusqu’à la baie, n’est-ce pas ?
    – Oui ; il nous attendra sur la grève même, et, grâce à la superstition qui fait de cet endroit le séjour des spectres et des âmes en peine, il est impossible que nous puissions être dérangés dans notre conversation…
    – Allons, essayons de trotter, si toutefois nos chevaux peuvent avoir pied sur ces miroirs.
    Et les deux cavaliers pressant leurs montures, les soutenant des jambes et de la main pour éviter un accident, allongèrent leur allure autant que faire se pouvait. Ils parcoururent ainsi une demi-lieue environ, toujours sur la crête des falaises. Enfin, arrivés à un endroit où un sentier presque à pic descendait vers la grève, ils mirent pied à terre, et, reconnaissant l’impossibilité où se trouvaient leurs chevaux d’effectuer cette descente périlleuse, ils les attachèrent à de gros troncs d’arbres dont les cimes mutilées avaient attiré plus d’une fois le feu du ciel.
    – Nous sommes donc arrivés ? demanda le

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