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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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chevalier.
    – Il ne nous reste plus qu’à descendre.
    – Mais c’est une opération de lézards que nous allons tenter là, mon cher !…
    – Rappelle-toi nos escalades dans les Abruzzes, Raphaël, et tu n’hésiteras plus.
    – Oh ! je n’hésite pas, Diégo. Tu sais bien que je n’ai jamais eu peur.
    – C’est vrai, tu es brave…
    – Et défiant, ajouta le chevalier. C’est pourquoi je te prie de passer le premier.
    – Tu te défies donc de moi, Raphaël ?
    – Dame ! cher Diégo, nous nous connaissons si bien !…
    Le comte ne répondit point ; et, passant devant le chevalier, il se disposa à entreprendre sa descente. L’opération était réellement difficile et périlleuse. Il fallait avoir la main prête à s’accrocher à toutes les aspérités, le pied sûr, l’œil ferme, et un cerveau à l’abri des fascinations du vertige pour l’accomplir sans catastrophe. Aussi les deux hommes, employant tout ce que la nature leur avait donné d’agilité, de force et de sang-froid, ne négligèrent-ils aucune précaution pour éviter un accident fatal. Enfin ils touchèrent la grève.
    Ils étaient alors au centre d’une petite baie semi-circulaire, cachée à tous les regards par d’énormes blocs de rochers qui surplombaient sur elle, et qui, depuis la haute mer, semblaient une simple crevasse dans la falaise. Les vagues, même en temps calme, se brisaient furieuses sur cette plage encombrée de sinistres débris.
    – C’est la baie des Trépassés ? demanda le chevalier en regardant autour de lui.
    – Oui, répondit le comte ; et élevant le doigt dans la direction opposée, c’est-à-dire vers l’extrême limite de l’un des promontoires, il ajouta : – Voici l’homme auquel nous avons affaire.
    En effet, debout et immobile sur un quartier de roc contre lequel déferlaient les lames, on apercevait un personnage de haute taille, la tête couverte d’un vaste chapeau breton, le corps entouré d’un vêtement indescriptible, assemblage étrange de haillons, la main droite appuyée sur un long bâton ferré.

X – IAN CARFOR.
    En voyant les deux étrangers s’avancer vers lui, l’homme descendit à son tour sur la grève et se dirigea vers eux. Quand ils furent à quelques pas seulement les uns des autres, ils s’arrêtèrent.
    – Ian Carfor, dit le comte, me reconnais-tu ?
    Le berger demeura pendant quelques secondes immobile ; puis relevant la tête, il fixa sur les deux étrangers un regard froid et investigateur.
    – D’où viens-tu ? demanda-t-il d’une voix lente.
    – De la cité de l’oppression, répondit gravement le comte.
    – Où vas-tu ?
    – À la liberté.
    – Pour qui est ta haine ?
    – Pour les tyrans !
    – Que portes-tu ?
    – La mort !
    – Suivez-moi tous deux.
    Et Ian Carfor, marchant le premier, conduisit le comte et le chevalier vers l’entrée d’une petite grotte creusée dans le rocher, et que la mer devait envahir dans les hautes marées. Il fit signe aux deux hommes de s’asseoir sur un banc de mousse et de fougère. Lui-même s’installa sur une grosse pierre. La conversation continua entre Ian et le comte. Le chevalier paraissait avoir accepté le rôle de témoin muet.
    – Tu veux des nouvelles ? demanda Ian Carfor.
    – Sans doute. Le pays se remue ?
    – Avant quinze jours il sera en armes !
    – Qui commande ici ?
    – Le marquis de Loc-Ronan ; qui correspond avec le marquis de la Rouairie.
    – Ainsi, Marat avait dit vrai ! fit le comte en s’adressant cette fois au chevalier. Tu le vois, la Bretagne va se soulever.
    – Eh bien, qu’elle se soulève ! répondit le chevalier avec indifférence ; cela nous servira.
    – Mais cela ne servira pas la France, citoyens ! s’écria brusquement une voix venant du fond de la grotte, où régnait une obscurité complète.
    Le comte et son compagnon se levèrent vivement et avec une surprise mêlée d’effroi. Ian Carfor ne bougea pas.
    – Qui donc nous écoute ? demanda le comte avec hauteur.
    – Quelqu’un qui en a le droit, répondit la voix.
    Et un nouvel interlocuteur, sortant des ténèbres, vint se placer en pleine lumière.
    – Quelqu’un qui a le droit de t’entendre, citoyen Fougueray, continua-t-il, et qui trouve étrange la réponse de ton compagnon !
    – Billaud-Varenne ! murmura le comte en reculant d’un pas.
    – Eh ! pourquoi diable trouves-tu ma réponse étrange ? demanda le chevalier, sans rien

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