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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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quelque chose pour toi ?
    – Je n’en sais rien… Je vais le lui demander.
    – Demande, cher, demande ! Pendant ce temps, je vais admirer le paysage ; j’aime la belle nature, moi, voilà mes seules amours !
    Et le comte de Fougueray, après avoir émis cette réflexion philosophique, commença une promenade sur la grève les mains enfoncées dans les poches de sa veste de satin, la tête légèrement inclinée sur l’épaule droite, dans une attitude toute gracieuse.
    Le chevalier se rapprocha du berger.
    – Carfor ! dit-il.
    – Monsieur le chevalier ! répondit l’agent révolutionnaire avec plus de respect qu’il n’en avait affecté en présence de Billaud-Varenne.
    – Tu habites ce pays depuis longtemps ?
    – Depuis quinze ans.
    – Tu connais tout le monde ?
    – À dix lieues à la ronde, sans exception.
    – Très-bien ! J’ai besoin de toi. Aimerais-tu gagner cinquante louis d’un seul coup ?
    Les yeux de Ian Carfor lancèrent des éclairs ; mais éteignant soudain ces lueurs compromettantes, il répondit :
    – On n’est jamais fâché de gagner honnêtement sa vie.
    – Bien ! Nous nous entendrons… Connais-tu un paysan qui s’appelle Yvon et qui a pour fille une jolie enfant, aux yeux noirs et aux cheveux blonds ?
    – Et qui est fiancée au fermier Jahoua ?… ajouta Carfor. Je connais le père et la fille !… ils habitent Fouesnan.
    – C’est cela même, je les ai rencontrés ce matin ; la petite m’a plu, et je serais assez disposé à l’emmener à Paris avec moi.
    – Vous voulez lui faire quitter le pays ?
    – Oui.
    – Eh bien ! cela peut se faire…
    – Tu crois ?
    – J’en réponds.
    – Avant son mariage, s’entend ?
    – Avant son mariage.
    – Corbleu ! si nous réussissons, il y aura deux cents louis pour toi !
    – Je les accepterai, monsieur ; mais si vous ne me donniez rien, je vous aiderais tout de même, foi de Breton !
    – Bah ! Quel intérêt as-tu donc à tout cela, toi ?
    – Celui de la vengeance.
    – Contre Yvonne ?
    – Ne m’interrogez pas ! Je ne répondrais rien ! Tout ce que je puis affirmer, c’est que la belle se marie le 1 er juillet prochain, à dix heures du matin. Eh bien ! ce même jour, vous entendez ? ce même jour, à la tombée de la nuit, elle sera en route avec vous…
    – Et les moyens sur lesquels tu comptes pour opérer ce miracle ?
    – Je les ai, et je me charge de tout.
    – Quand devrai-je te revoir ?
    – Le 1 er juillet, ici même, à quatre heures de relevée !
    – Et voilà dix louis d’à-compte, mon brave !… fit le chevalier en jetant sa bourse dans la main de Carfor. Au 1 er juillet je serai exact, je t’en préviens !
    Et le chevalier pirouettant vivement sur le talon, chiffonna son jabot d’une main assez élégante, et, tendant la pointe en homme qui croit à une victoire prochaine, il se dirigea vers le comte.
    – Eh bien ? lui demanda celui-ci.
    – Eh bien, cher, si Hermosa part avec nous, nous partirons quatre.
    – Vraiment !
    – D’honneur ! ce Carfor est un homme précieux ! Çà, mon excellent ami, je me sens maintenant tout à fait disposé à fêter un solide repas !… Si vous le trouvez bon, en route !
    – Volontiers, répondit le comte.
    Et les deux hommes, prenant congé de Carfor, regagnèrent le sentier périlleux qu’ils se mirent en devoir d’escalader.
    – Je préfère cent fois cela !… murmura Carfor en les suivant d’un œil distrait. Cette vengeance vaut mieux que toutes celles qu’aurait pu me procurer Keinec ! Mais lui aussi me servira !

XI – LE SORCIER DE PENMARCKH.
    C’était pour la nuit même de ce jour, lendemain de la Saint-Jean, que le sorcier avait donné rendez-vous au triste amoureux de la belle Yvonne. Keinec attendait avec impatience l’heure de se rendre à la baie des Trépassés. Enfin la nuit vint ; dix heures sonnèrent à la petite église de Penmarckh. Keinec, alors, se dirigea vers la crique en portant sur ses épaules le bouc noir, et sous son bras les poules blanches que Carfor avait demandés.
    Arrivé sur la plage, il détacha un canot, il y jeta son paquet, il sauta légèrement à bord et poussa au large. En marin consommé, en homme intrépide, Keinec allait braver les rochers et les âmes errantes de la baie des Trépassés ; il se rendait par mer à la sinistre demeure du sorcier. À onze heures et demie, il abordait devant la grotte. Carfor était accroupi

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