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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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Diégo, depuis quand as-tu donc une telle horreur du sang répandu ?…
    – Depuis que je n’ai plus besoin d’en verser pour avoir de l’or ! répondit à voix basse le comte de Fougueray en se penchant vers son compagnon.
    – Oui, je comprends ce raisonnement, et j’avoue qu’il ne manque pas de justesse ; mais, crois-moi, laissons Marat agir à sa guise, et servons-le bien. S’il ne nous paie pas en argent, il nous laissera nous payer nous-mêmes comme nous l’entendrons, et nous n’aurons pas à nous plaindre, je te le promets.
    – Je l’espère aussi.
    – En ce cas, hâtons le pas et pressons un peu nos chevaux.
    – C’est difficile par ce chemin d’enfer tout pavé de rochers glissants, répondit le comte en relevant vertement sa monture qui venait de faire une faute.
    Les deux hommes avaient, tout en causant, atteint les hauteurs de Penmarckh, et suivaient la crête des falaises dans la baie des Trépassés, qui avait failli devenir si funeste, la veille au soir, au lougre de Marcof. Le soleil s’élevant rapidement derrière eux, donnait aux roches aiguës des teintes roses, violettes et orangées, des reflets aux splendides couleurs, des tons d’une chaleur et d’une magnificence capables de désespérer le pinceau vigoureux de Salvator Rosa lui-même. La brise de mer apportait jusqu’à eux les âcres parfums de ses émanations salines. Les mouettes, les goëlands, les frégates décrivaient mille cercles rapides au-dessus de la vague poussée par la marée montante, et venaient se poser, en poussant un cri aigu, sur les pics les plus élevés des falaises. Le ciel pur et limpide reflétait dans l’Océan calme et paresseux l’azur de sa coupole. Aux pieds des voyageurs, au fond d’un abîme profond à donner le vertige, s’élevaient les cabanes des habitants de Penmarckh. En dépit de leur nature matérialiste, les deux cavaliers arrêtèrent instinctivement leurs montures pour contempler le spectacle grandiose qui s’offrait à leurs regards.
    – Corbleu ! chevalier, fit le comte en rompant le silence, l’aspect de ce pays a quelque chose de vraiment original ! Ces falaises, ces rochers sont splendidement sauvages, et j’aime assez, comme dernier plan, cette mer azurée qui n’offre pas de limites au tableau…
    – Cher comte, répondit le chevalier, l’Océan ne vaut pas la Méditerranée ; ces falaises et ces blocs de rochers ne peuvent lutter contre nos forêts des Abruzzes, et j’avoue que la vue de la baie de Naples me réjouirait autrement le cœur que celle de cette crique étroite et déchirée.
    – À propos, cher ami, c’était dans cette crique que Marcof avait jeté l’ancre hier soir, et le diable m’emporte si je vois l’ombre d’un lougre !
    – En effet, la crique est vide.
    – Il a donc mis à la voile ce matin, ce Marcof enragé ?
    – Probablement.
    – Diable !
    – Cela te contrarie ?
    – Mais, en y réfléchissant, je pense, au contraire, que ce départ est pour le mieux.
    – Sans doute. Marcof est difficile à intimider, et si le marquis de Loc-Ronan avait eu la fantaisie de lui demander conseil…
    – Ne crains pas cela, Raphaël, interrompit le comte. Le marquis ne révélera jamais un tel secret à son frère. Non, ce qui me fait dire que le départ de Marcof nous sert, c’est que, tu le sais comme moi, jadis cet homme, lui aussi, a été à Naples, et qu’il pourrait peut-être nous reconnaître, s’il nous rencontrait jamais.
    – Impossible, Diégo ! Il ne nous a parlé qu’une seule fois.
    – Il a bonne mémoire.
    – Alors tu crains donc ?
    – Rien, puisqu’il est absent. Seulement je désirerais fort savoir combien de jours durera cette absence. Eh ! justement, voici venir à nous des braves Bretons et une jolie fille qui seront peut-être en mesure de nous renseigner.
    Trois personnages en effet gravissant un sentier taillé dans les flancs de la falaise, se dirigeaient vers les cavaliers. Ces trois personnages étaient le vieil Yvon, sa fille et Jahoua. Les promis et le père avaient voulu aller remercier Marcof, et n’avaient quitté Penmarckh que lorsque le lougre avait repris la mer. Puis, après être demeurés quelque temps à le suivre au milieu de sa course périlleuse à travers les brisants, ils reprenaient le chemin de Fouesnan. En apercevant les deux seigneurs, dont les riches costumes attirèrent leurs regards, ils s’arrêtèrent d’un commun accord.
    – Dites-moi, mes

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