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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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immédiate gestion des biens, meubles et immeubles, que nous puissions vendre, aliéner, réaliser, échanger à notre volonté, comme si vous étiez réellement mort.
    – Après ? demanda le marquis.
    – Après ? mais je crois que ce sont là les articles principaux. Au reste, voici un modèle fort exact de l’acte que vous devez faire dresser.
    Et le comte tendit au gentilhomme un cahier de papiers manuscrits.
    – Et si je refuse de donner mon nom à un enfant que je ne connais pas et qui pourra le déshonorer un jour, si je ne consens pas à me dépouiller de toute ma fortune en votre faveur, vous me menacez, comme toujours, de divulguer le secret qui me lie à vous, n’est-ce pas ?
    – Hélas ! vous nous y contraindriez ! dit mielleusement le chevalier. Et vilaine mort que cette mort par la potence !… Mort infamante qui entraîne avec elle la dégradation de noblesse, vous ne l’ignorez pas, marquis ?
    – Eh bien ! messieurs, voici ma réponse : Vous êtes fous tous les deux !
    – Vous croyez ? fit le comte d’un ton railleur.
    – Oui, vous êtes fous ; car vous n’avez pas réfléchi que je préférerais toujours la mort au déshonneur, mais qu’avant de me frapper je vous tuerais tous deux, vous, mes bourreaux ! Non ! non ! je n’introduirai pas quelque ignoble rejeton d’une souche odieuse dans la noble lignée des Loc-Ronan ! Non ! non ! je ne dépouillerai pas, moi, les héritiers de mon choix de ce que m’ont légué mes aïeux ! Non ! non ! je ne jetterai pas entre vos mains avides une fortune que vous iriez fondre au creuset de vos passions infâmes !… Allons ! comte de Fougueray ! allons, chevalier de Tessy ! nous devons mourir tous trois ensemble, et nous mourrons cette nuit même.
    En disant ces mots, le marquis avait saisi les pistolets que Jocelyn lui avait apportés. Les armant rapidement, il s’était élancé au-devant de la porte. Le comte de Fougueray, lui aussi, avait pris ses armes. Les deux hommes, se menaçant réciproquement d’une double gueule de fer prête à vomir la mort, restèrent un moment immobiles. La porte s’ouvrit brusquement, et Jocelyn, complétant le tableau, parut sur le seuil, un mousquet à la main. Il mit en joue le chevalier.
    Une catastrophe terrible était imminente. Quelques secondes encore, et ces quatre hommes forts et vigoureux allaient s’entre-tuer sans merci ni pitié. La résolution du marquis se lisait si nettement arrêtée sur son visage, que le comte de Fougueray, avec lequel il se trouvait face à face, devint pâle comme un linceul. Néanmoins il sut conserver une apparente fermeté.
    – Marquis de Loc-Ronan ! dit tout à coup le chevalier, souvenez-vous que, nous une fois morts, ceux qui doivent nous venger le feront sur Marcof le Malouin.
    – Qu’avez-vous dit ? Quel nom venez-vous de prononcer ? s’écria le marquis dont les mains défaillantes laissèrent échapper les armes.
    – Celui de votre frère naturel, lui répondit le chevalier à l’oreille, de manière à ce que Jocelyn ne pût entendre ces quelques mots ; vous voyez que vous êtes bien et complètement entre nos mains. Renvoyez donc ce valet, plus de violence, et agissez, ainsi que nous le demandons, au mieux de nos intérêts.
    Jocelyn sortit sur un signe de son maître.
    – Eh bien ? demanda le comte, lorsque les trois hommes se trouvèrent seuls de nouveau.
    – Eh bien ! répondit lentement le marquis, je vais réfléchir à ce que vous exigez de moi !… En ce moment, il me serait impossible de continuer la discussion. Nous sommes aujourd’hui au 25 juin, car voici le soleil qui se lève ; revenez le 1 er juillet, messieurs, et alors vous aurez ma réponse… Telle est ma résolution formelle et inébranlable.
    – Nous acceptons votre parole, répondit le comte ; le 1 er juillet, au lever du soleil, nous serons ici.
    Les deux hommes saluèrent froidement, sortirent de la salle basse et traversèrent la cour précédés par Jocelyn, lequel referma sur eux les grilles du château. Ceci fait, il accourut auprès de son maître. Le marquis, sombre et résolu, parcourait vivement la vaste pièce.
    – Jocelyn ! dit-il à son vieux serviteur en le voyant entrer, tu vois que je ne m’étais pas trompé, tu vois qu’il faut agir, et agir sans retard. Je puis toujours compter sur toi ?
    – Quoi ! vous voulez ? s’écria Jocelyn avec épouvante.
    – Il le faut, répondit froidement le marquis. Point

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