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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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confidences plus tard. Pour Dieu ! mettons-nous à table !…
    – Cher Diégo, répondit Hermosa en souriant, depuis que vous avoisinez la cinquantaine, vous devenez d’un matérialisme dont rien n’approche ! Cela est véritablement désolant.
    – Il est bien convenu que depuis que je n’ai plus trente ans et que je possède une taille largement arrondie, j’ai hérité de tous les défauts qui vous sont le plus antipathiques. Je l’admets ; mais, corps du Christ ! si je consens à être affublé de tous ces vices que vous me donnez si généreusement, je veux au moins en avoir les bénéfices ! Encore une fois, je meurs de faim !
    – Et vous, chevalier ? demanda Hermosa.
    – Lui ! interrompit le comte, il est trop amoureux pour être assujetti aux besoins de l’estomac.
    – Et vous ne l’êtes pas, vous ?
    – Quoi ?
    – Amoureux !
    – Amoureux ? Ce serait joli, à mon âge.
    Hermosa haussa les épaules et sortit. Cinq minutes après, Jasmin dressait un couvert dans un angle de la pièce, et après avoir encombré la table de mets abondants, il se disposa à servir ses maîtres.
    – Maintenant, dit Hermosa, pendant que Diégo entre en conversation réglée avec ce pâté de perdrix, racontez-moi, chevalier, votre expédition de cette nuit.
    – Avec d’autant plus de plaisir, chère sœur, que j’ai grand besoin de votre aide et de vos conseils, répondit Raphaël.
    – Vraiment ?
    – Oui ; la jeune fille se révolte.
    – Bah ! Ces cris que j’ai entendus étaient donc les siens ?
    – Précisément.
    – Eh bien ! il faut avant tout commencer par la calmer, Cette petite doit être nerveuse…
    – J’y pensais, fit le comte sans perdre une bouchée.
    – Mangez, cher, et laissez-nous causer, dit Hermosa.
    *
    * *
    Dès que Diégo et Raphaël eurent quitté la cellule dans laquelle ils avaient conduit Yvonne, la jeune fille se redressa vivement. Ses yeux rougis se séchèrent. Une résolution soudaine et hardie se refléta sur son joli visage. Elle fit lentement le tour de la pièce. Elle s’assura d’abord que la porte était verrouillée au dehors ; puis elle alla droit à la fenêtre et essaya de l’ouvrir ; mais elle ne put en venir à bout. Cette fenêtre était grillée.
    – Où m’ont-ils conduite ? Que me veulent-ils ? murmura la pauvre enfant en demeurant immobile, le front appuyé sur la vitre. Qu’est-il arrivé à Fouesnan depuis mon absence ? Que doit penser mon pauvre père ? Et ces deux hommes que j’ai cru voir sur la route des Pierres-Noires !… Il m’a semblé reconnaître Jahoua et Keinec. Mon Dieu ! mon Dieu !… que s’est-il passé ?
    Et le désespoir s’emparant de nouveau de son cœur, Yvonne éclata en sanglots.
    – Oh ! reprit-elle au bout de quelques instants, si je ne m’étais pas évanouie, j’aurais pu voir ; je saurais où ils m’ont amenée ! Où suis-je, Seigneur ? où suis-je ?
    Puis à ces crises successives qui, depuis plusieurs heures, brisaient l’organisation délicate de la pauvre enfant, succéda une prostration complète. À demi ployée sur elle-même, Yvonne demeura accroupie sur le fauteuil, sans pensée et sans vue. Des visions fantastiques, forgées par son imagination en délire, dansaient autour d’elle et lui faisaient oublier sa situation présente. Le sang montait avec violence au cerveau. Les artères de ses tempes battaient à se rompre. Son visage s’empourprait. Ses yeux s’injectaient de sang. Enfin ses extrémités se glacèrent, et elle se laissa glisser sans force et sans mouvement sur le sol. Puis, par une réaction subite, le sang reflua tout à coup vers le cœur. Alors une crise de nerfs, crise épouvantable, s’empara de son corps brisé. Elle roula sur les dalles de la cellule, se meurtrissant les bras, frappant sa tête contre les meubles, et poussant des cris déchirants. La porte s’ouvrit, et Hermosa entra suivie du chevalier. Ils s’empressèrent de relever Yvonne.
    – Faites dresser un lit dans cette pièce, dit Hermosa à Raphaël qui s’empressa de faire exécuter l’ordre par Jasmin.
    Dès que le lit fut prêt, Hermosa, demeurée seule avec la jeune fille, la déshabilla complètement et la coucha. Yvonne était plus calme ; mais une fièvre ardente et un délire affreux s’étaient emparés d’elle. Hermosa envoya chercher le comte.
    – Vous êtes un peu médecin, Diégo, lui dit-elle dès qu’il parut. Voyez donc ce qu’a cette enfant,

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