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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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bouilli sauce aux huîtres, la blanquette de veau, l’oie rôtie ainsi que des légumes d’accompagnement tels que les pommes de terre, les carottes et les navets. Tout était disposé dans de la vaisselle très différente de celle que Marguerite admirait tant chez les Boileau : une porcelaine de Wedgwood très fine et richement décorée de scènes diverses colorées sur fond crème. Marguerite ignorait si son époux possédait lui aussi d’aussi beaux couverts en argent et autant de verres sur pied.
    Chez elle, Victoire s’était bien procuré quelques pièces d’argenterie au cours d’une vente d’inventaire après le décès d’une vague cousine, mais elle ne les utilisait que dans les grandes occasions.
    Une domestique assurait le service à table. Elle déposait dans l’assiette ce que le convive choisissait de manger parmi les plats offerts, exception faite du notaire Papineau qui aimait se servir lui-même. Il invita Talham à faire de même sans se gêner, ignorant du coup le regard désapprobateur de sa femme qui indiquait combien elle déplorait les manières familières de son époux. Rosalie et Marguerite goûtèrent l’oie rôtie, servie avec une sauce onctueuse, qu’elles déclarèrent savoureuse et cuite à point, tandis que les messieurs se servirent de la blanquette de veau et du saumon bouilli. Les deux hommes débattaient politique et philosophie devant leurs épouses qui écoutaient en silence. Marguerite aurait été bien en peine de commenter l’actualité.
    Rosalie était assise à un bout de la table et causait librement. La jeune fille disait tout haut ce qu’elle pensait sans y mettre un frein, ce qui agaçait prodigieusement sa mère et provoquait de nombreuses altercations entre les parents. Joseph Papineau aimait ce trait de caractère chez sa fille et ne la réprimandait mollement, pour la forme.
    — Etes-vous
    toujours
    étudiant,
    monsieur
    Viger?
    demanda Marguerite.
    — Peste, non ! Je suis ravi d’être sorti de ce collège. Une vraie prison ! Levé { l’aube, prières plusieurs fois par jour et une nourriture si infecte qu’elle rendait malades les plus faibles d’entre nous. Je suis maintenant en apprentissage chez un autre de nos cousins, monsieur Denis-Benjamin Viger, qui est avocat. J’espère être admis au barreau dans quelques années.
    — Je déteste ces garçons qui se plaignent d’étudier, déplora Rosalie à Marguerite. Vous rendez-vous compte qu’il n’y a que quelques couvents pour instruire les jeunes filles ? Et celles qui ont la chance d’y aller y apprennent principalement la broderie, la couture et la prière. Parfois le dessin, un peu d’arithmétique et de géographie. Il paraît que les personnes
    du
    «sexe»
    n’ont
    pas
    suffisamment
    de
    cervelle pour apprendre le latin et la rhétorique ! Pfft ! Moi-même, je n’y suis jamais allée. Et vous ?
    Marguerite secoua la tête.
    — Non, j’ai eu la chance d’apprendre chez mon oncle Boileau, avec mes cousines. Parfois, ma mère me donnait des leçons d’écriture. Mais je suis la seule, chez moi, { savoir lire et écrire. Peut-être qu’avec tous les enfants, ma mère ne trouvait plus le temps pour leur apprendre.
    — Pourtant, si on en croit les garçons, c’est la croix et la bannière pour suivre des études. Mes frères Louis-Joseph et Benjamin m’écrivent des horreurs sur l’« épouvantable Séminaire de Québec». Tu devrais avoir honte de te plaindre, houspilla Rosalie à son cousin.
    — A vos ordres, mon général ! déclara en riant le jeune Viger. Croyez-moi, mademoiselle, dit-il d’un ton amusé {
    sa voisine de table - cette dernière lui semblait si jeune qu’il en oubliait le «madame Talham» -, ma cousine n’aime parler que de choses gaies et aimables et il faut se conformer à tous ses désirs, sinon nous sommes tous bons pour la cour martiale.
    — Mon insouciance me fait toujours chercher le meilleur côté des choses, répliqua Rosalie. A quoi cela sert-il de broyer du noir, je vous le demande ? Qu’en dites-vous, chère Marguerite ?
    — Vous devez avoir raison, répondit Marguerite. La vie poursuit son cours selon les volontés de Dieu et nous n’y pouvons rien.
    — Au diable la résignation, Marguerite ! Une jolie mariée comme vous doit être gaie et respirer le bonheur.
    Racontez-moi plutôt votre vie à Chambly, reprit la pétu-lante jeune fille. Combien avez-vous de frères et de sœurs ?
    Que font vos parents ?
    — Oui, parlez-nous de

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