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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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fils, obtenez s’il vous plaît, au nom des Grâces qu’il vous a communiquées, et de la gloire à laquelle il vous a élevée pour cette union de vos volontés aux siennes, que je puisse souffrir avec patience les douleurs qui m’accablent, et être promptement délivrée de tant de maux; ayez compassion de mes peines, je ne puis plus résister sans votre assistance. Amen. »
    — Amen, répondirent en chœur les femmes.

    — Amen, dit Talham qui ne connaissait pas cette prière.
    — T’inquiète pas, une prière, ça n’a jamais fait pas de mal à personne, dit Victoire à sa fille. Et toi, Madeleine Stébenne, lave tes mains crasseuses avant de toucher à ma fille. Tiens, ajouta-t-elle en lui tendant un essuie-main, il y a de l’eau chaude.
    La sage-femme obéit sans riposter. Qui savait si bientôt la fière Victoire n’aurait pas besoin de ses services ? Un petit
    { son âge, c’était risqué, et ça, Victoire Lareau le savait.
    Pendant qu’elle examinait Marguerite, les doigts enduits d’huile d’olive, la porte s’ouvrit { nouveau et Monsieur Boileau entra, dégoulinant de la tête aux pieds, l’eau ruis-selant de son chapeau.
    — Coudon, fit la sage-femme, contrariée, on se croirait au cabaret !
    — Je ne pouvais plus attendre, s’excusa le bourgeois. Je me disais que je pourrais peut-être donner un coup de main et si, par le plus grand des malheurs, il fallait ondoyer, je serais là, puisque le rituel interdit au père de le faire.
    — Y aura pas besoin d’ondoyeur, répondit brusquement la sage-femme.
    Les accoucheuses agréées par leur communauté avaient le pouvoir exceptionnel de baptiser les enfants qu’elles mettaient au monde. Mais seulement si elles craignaient pour la vie de l’enfant. Mais si un homme d’autorité était présent, c’était lui qui avait préséance. Visiblement, Monsieur Boileau souhaitait obtenir cet honneur si une difficulté survenait.
    Mais Madeleine Stébenne connaissait bien son métier d’accoucheuse. « Les hommes ont rien { faire autour d’une accouchée si la Stébenne est là, se vantait-elle. Ni le chirurgien ni le curé ! »

    Les habitants du village la surnommaient «la colonelle», mais ils la respectaient, car plus d’une fois, elle était venue
    { bout d’une naissance difficile et avait sauvé l’enfant. La faveur qu’elle faisait { Talham de l’aider { assister sa femme en couches ferait le tour du village, c’était certain.
    — L’enfant est bien vivant et tout ira bien. C’est tout juste si la petite a besoin de moi pour accoucher. Y a pas de tourments à y avoir, ma petiote, dit-elle en s’adressant doucement à Marguerite, toi et moi, on va y arriver. Quand je te dirai de pousser, tu pousseras. Tu peux crier tout ton soûl, c’est pas moi qui t’en empêcherai.
    Une fois cela dit, la sage-femme organisa son monde en prévision du grand moment :
    — Vous, le sieur Boileau, vous allez monter avec la future grand-mère dans la chambre de compagnie et lui faire servir un petit remontant. Il doit bien y avoir une servante dans cette maison ?
    Charlotte, qui en effet avait disparu, ne bougeait plus de la cuisine. La Stébenne lui faisait peur !
    — Ne t’inquiète pas pour ta fille, Victoire Sachette, je m’en occupe comme si c’était la mienne. Je sais bien que je peux pas te demander d’aller te coucher, mais va t’asseoir plus loin, t’es aussi pâle qu’un drap qu’on vient de lessiver.
    Victoire était au bord de l’abattement, mais elle pré-
    féra demeurer auprès de sa fille. Boileau lui tira une chaise, près du lit, tandis que lui s’installait en retrait.
    «Dès que l’enfant sera arrivé, se disait-il, j’irai porter la nouvelle au parrain, Rouville, et à la marraine, la femme du notaire Leguay, sans oublier le curé, naturellement. Comme ça, on pourra baptiser l’enfant demain matin de bonne heure. »

    La sage-femme poursuivait sa distribution de rôles :
    — Vous, le mari, vous allez vous placer derrière votre femme et vous passerez vos bras sous les siens afin de la tenir solidement assise pendant qu’elle forcera.
    Elle regarda ensuite Emmélie :
    — La jeune fille maintiendra une jambe et vous, la grande madame, dit-elle en désignant madame Boileau, vous agrippez l’autre. C’est bien ça. Maintenant, on rapproche l’accouchée du bord du lit. Avance comme pour t’asseoir, presque debout, expliqua-t-elle à Marguerite.
    Marguerite tremblait autant de chaud que de froid. Sa

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