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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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dérange, on va l’envoyer prendre un verre de rhum au cabaret, plaisanta-t-elle.
    Puis, elle se tourna vers le docteur avec un sourire rassurant. «Faut pas vous inquiéter, mon gendre. Je suis capable de mettre mon petit-fils au monde. »
    Marguerite offrit un pâle sourire à sa mère, heureuse que celle-ci soit près d’elle.
    Madame Boileau allait et venait dans la pièce. Elle guettait fébrilement l’arrivée de la sage-femme en repoussant nerveusement le rideau devant la fenêtre. Le soir tombait, la pluie augmentait d’intensité et d’immenses éclairs striaient le ciel assombri, pendant que le tonnerre éclatait avec fracas au-dessus du bassin. Emmélie assistait son amie du mieux qu’elle le pouvait, lui épongeant le front avec un linge qu’elle mouillait dans l’eau fraîche, lui donnant quelques gouttes d’eau { boire lorsque la future mère en réclamait. Ebranlée par la souffrance de sa chère Marguerite, Emmélie se sentait terriblement impuissante.
    — Continue de lui frotter le dos, Emmélie, comme je le fais, lui dit Victoire. Je vais m’asseoir un peu dans le fauteuil.
    — Laissez. C’est une tâche qui me convient, s’interposa le docteur.
    — Vous n’êtes pas censé être l{, vous, fit sévèrement Victoire. Vous verrez, la Stébenne va vous envoyer ailleurs.
    Les hommes ont pas d’affaire dans une chambre d’accouchée.
    — Personne ne me fera sortir d’ici, protesta Talham. Je reste avec ma femme, ajouta-t-il doucement en regardant sa Marguerite.

    — Vous vous en irez au moment de la délivrance, répliqua fermement madame Boileau- dans un sourire bienveillant. Un mari ne doit pas voir sa femme dans ces moments-là.
    — Allons donc, je suis docteur.
    — Vous êtes d’abord le mari, reprit la brave dame.
    Une violente contraction saisit Marguerite. Longue. La pire de toutes. Elle cria, serra les dents et gémit. Au même moment, -il y eut un bruit de tonnerre assourdissant et la porte s’ouvrit. C’était la bonne femme Stébenne, complè-
    tement trempée, qui arrivait enfin.
    — Mes respects, docteur Talham. Où est-elle ?
    Elle entra plus avant dans la pièce, aperçut le lit et la jeune accouchée. Elle observa attentivement Marguerite, déposa un panier sur une table et s’approcha du lit.
    — La moitié du chemin est déjà fait, déclara alors Victoire.
    Surprise, la Stébenne se retourna vivement, car elle n’avait pas encore remarqué la présence de cette dernière.
    — Victoire Sachette ! T’as quand même pas examiné ta propre fille alors que tu savais que j’arrivais! s’exclama Madeleine Stébenne, les deux mains sur les hanches en signe de protestation.
    La femme ne se laissait pas impressionner par quiconque.
    Grande et costaude, elle en imposait.
    — Ça se fait pas. Docteur, vous avez laissé faire ça ? Et vous aussi, la grande madame ? demanda-t-elle en désignant du menton madame Boileau.
    — Vous n’arriviez pas, madame Stébenne, répondit simplement madame Boileau pour ne pas attiser la fureur de la sage-femme qui installait son autorité dans la chambre de l’accouchée.

    — Ça suffit comme ça, déclara le docteur d’un ton ferme.
    — A part de ça, qu’est-ce que va dire monsieur le curé quand il apprendra que la jeune demoiselle a assisté à des couches? continua la sage-femme en désignant Emmélie auprès de Marguerite. Tout ça, c’est sur moi que ça va retomber. C’est assez pour que le curé m’interdise de travailler.
    — Calmez-vous, madame Stébenne, personne ne mettra en doute votre moralité, ni moi ni le curé, répliqua le docteur. Par bonheur, la demoiselle Boileau était ici au bon moment, sinon ma femme aurait été bien mal prise.
    Un gémissement douloureux rappela tout le monde à l’ordre et la sage-femme s’affaira auprès de Marguerite.
    Madame Boileau fit signe { sa fille d’approcher.
    — Nous allons réciter l’oraison { la Sainte Vierge pour celles qui sont en travail d’enfant.
    Emmélie acquiesça, comprenant à demi-mot qu’une prière calmerait les esprits échauffés. Mère et fille se mirent à genoux, pendant que Victoire se levait du fauteuil et s’approchait du lit pour éponger le front de sa fille mais, surtout, pour surveiller le travail de la sage-femme. Emmélie répéta la prière :
    «Mère du Saint des Saints, qui avez approché de plus près ses divines perfections, qui avez fait voir en tous vos déportements que vous étiez véritablement Mère d’un tel

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