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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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en elle - après tout, elle avait presque dix ans - Marie avait décidé d’ignorer cette prétentieuse qui venait du village. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’admirer la jolie robe fleurie, de même que l’ombrelle et le beau chapeau assortis. Avec ses allures de princesse, cette cousine-là était encore plus jolie que sa sœur Marguerite, toute déformée avec son gros ventre.
    Le regard flatteur de la fillette n’échappa pas { Sophie et comme, la coquetterie l’emportait par-dessus tout, chez elle, elle décida de prendre son mal en patience.
    — Tu aimes ma robe ? demanda la « princesse » en tournoyant devant Marie.
    Cette dernière fit oui de la tête.
    — Allons, on va bien s’amuser toutes les deux. J’ai de beaux rubans dans mon panier. Il y en a sûrement un pour ton chapeau. Qu’en dis-tu ?
    Marie opina à nouveau, en souriant cette fois. Elle décida d’aimer la demoiselle.
    «Après tout, se dit Sophie, radoucie, servir du ragoût n’a rien de bien sorcier et la petite me donnera un coup de main. »
    — Je compte sur toi pour m’aider. Il faudra que tu m’expliques pour que ta mère soit contente lorsqu’elle reviendra.
    — Bon, d’accord, finit par dire Marie.
    La pluie commençait à tomber avec vigueur et toutes deux entrèrent dans la maison. Une odeur invitante chatouillait les narines. Sophie huma :
    — Hum, ça sent bon.
    Marie désigna le chaudron suspendu à la crémaillère de l’âtre. Sophie retira ses gants, dénoua son paquet pour en retirer un tablier propre. Elle tendit les bras à la petite Esther qui pleurnichait.
    — Au travail, déclara Sophie. Les autres vont rentrer bientôt.
    — Marie ! hurla alors une voix venant du cabinet.
    — C’est Mémé Lareau, expliqua Marie.
    «C’est vrai, se souvint Sophie. Il y a aussi la vieille grincheuse ! » Fermement décidée { ne pas s’en laisser imposer par quiconque, elle prit son courage à deux mains et entra dans la petite chambre qui empestait le rance, suivie de Marie.
    — Bonjour, Mémé Lareau, salua-t-elle poliment en restant dans l’embrasure de la porte.
    — Approche-toi et parle plus fort, je suis à moitié sourde ! Qu’est-ce qu’une Boileau vient faire dans nos affaires ?
    — Mémé, intervint la fillette, la demoiselle vient nous aider. Mère est au village, partie chez Marguerite à cause des « sauvages » qui arrivent.
    Sophie ne put s’empêcher de sourire { cette métaphore qu’on servait toujours aux enfants. Les «sauvages» avaient la réputation d’apporter les nouveaux-nés. Elle se demanda combien de temps elle-même avait cru en cette fable lorsque la mémé rouspéta :
    — Balivernes ! Ta sœur va accoucher.
    Choquée, Sophie répliqua :
    — Mémé Lareau, il ne faut pas parler de ces choses-là, voyons ! Surtout devant les enfants. C’est indécent.
    La vieille ne répondit pas, mais toisa la jeune fille, l’observant avec l’intérêt d’un chat qui guettait sa proie.
    — T’es une bien belle créature. T’as l’air pas mal plus fière que ta sœur.
    — Ça me fait plaisir d’aider ma tante Victoire, rétorqua stoïquement Sophie.
    — La fille de mon sacripant de neveu vient se salir les mains chez nous, poursuivit la vieille.
    — Votre neveu ? Vous parlez de mon père ? demanda Sophie, étonnée.
    — Mais oui, ton père. Je suis la cousine germaine de ton grand-père, Pierre Boileau. Mon père et ton arrière-grand-mère, Marguerite Ménard, étaient frère et sœur.
    — Vous êtes la fille d’Antoine Ménard, le voyageur des pays d’En-Haut? s’exclama la jeune fille qui n’avait jamais fait le rapprochement.
    — Je viens de te le dire, s’impatienta la vieille.
    Elle examina attentivement Sophie.

    — Tourne-toi un peu.
    Ahurie, Sophie s’exécuta.
    — C’est bien ça, la même allure. On ne t’a jamais dit que tu ressembles à ton aïeule Marguerite? Faut dire que ton père était bien jeune lorsqu’elle est morte et qu’ellc-inême était déj{ très vieille. C’était en soixante-trois. Elle avait bien dans les quatre-vingts ans, mais on n’a jamais su son âge. Ton père ne l’a pas assez connue pour voir la ressemblance.
    — Je lui ressemble?
    — Parbleu ! Le même air de défi dans le regard. Ça avait du front tout le tour de la tête, ma tante Marguerite. Une femme des bois qui pouvait marcher des lieues même à son grand âge, qui se déplaçait en canot comme un homme !
    Bon, c’est bien beau tout ça, mais moi, j’ai

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