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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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qui habillait les maisons de ouate blanche, ornant les arbres d’une parure de fine dentelle qui faisait chanter le paysage.
    Son pouvoir était si grand qu’on entendait { peine les sabots des chevaux et le passage des carrioles qui avançaient sur les chemins capitonnés d’une épaisse couche de cette fascinante ouate blanche.
    Sa demeure semblait surgir des amoncellements blancs qui s’élevaient d’au moins six pieds tout autour. L’engagé déneigeait l’entrée, ainsi que le devant des portes et des fenêtres du rez-de-chaussée après chaque chute de neige.
    C’était une belle maison de bois, lambrissée de lattes, toute blanche avec une façade ornée de deux larges fenêtres à carreaux que fermaient coquettement des volets peints de couleur bourgogne. Deux autres lucarnes ainsi que deux cheminées en chicane ornaient les pignons d’un toit en larmier à deux versants. La maison comptait huit pièces chauffées par quatre âtres, deux au rez-de-chaussée et deux autres { l’étage, sans compter les poêles en fonte dont les tuyaux couraient le long des plafonds et des murs. Le docteur l’avait fait construire quelque temps après son arrivée à Chambly, près du vieux chemin qui menait à Longueuil. Il y avait connu des années heureuses aux côtés de sa chère Appoline, qui avait tant aimé cet endroit avec sa vue spectaculaire sur le bassin de Chambly. Mais depuis la disparition de la maîtresse de maison, lorsque le va-et-vient des patients venus consulter { l’apothicairerie cessait, la spacieuse demeure, aussi vaste qu’un petit manoir, sombrait dans la tristesse. Le docteur y vivait seul avec sa domestique, Charlotte. L’engagé qui dormait enroulé dans une couverture devant l’âtre se contentait de peu et n’allait jamais plus loin que la cuisine.

    *****
    La veille, il avait passé la journée à ressasser les raisons qui l’avaient amené à accepter la proposition de Boileau.
    L’habile homme ! L’urgence de la* situation laissait peu de temps pour la réflexion, et Boileau avait misé juste. Il l’avait mené exactement là où il voulait le voir : dans un état de confusion totale. Sans trop savoir pourquoi, Talham était allé voir Boileau chez lui. Dans son cabinet particulier, loin des chastes oreilles du curé, le bourgeois de Chambly s’était livré à un marchandage machiavélique.
    On vous a vu conter fleurette à la jeune Lareau, le jour de la Saint-Martin, lui avait rappelé le bourgeois.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Que des bonnes âmes, soi-disant bien intentionnées, transforment aisément des sourires courtois en œillades galantes.
    — Je n’ai jamais rien entendu de tel.
    — C’est que vous vous faites rare en société pendant que les langues s’agitent et parlent { tort et { travers. Je ne peux même pas les empêcher d’aller.
    — Racontars et clabauderies ! Qui écoute ces bavas-sages de servantes ? Il n’y a rien de compromettant { féliciter une demoiselle pour sa mine resplendissante, ce qui réjouit le médecin, et à lui adresser un petit compliment sur sa joliesse, ce qui est le propre de l’homme du monde.
    — Voyez à quel point vous-même vous rappelez des moindres détails de votre dernière rencontre avec Marguerite ! Vous dites ne pas y prêter d’importance, et je vous crois, mon ami, mais imaginez combien ces paroles ont pu être mal interprétées par des esprits simples, voire malfaisants, avait ajouté le bourgeois d’un ton entendu.
    — Mais c’est du chantage ! avait accusé le docteur.
    — Vous voyez le mal l{ où il n’y en a pas, mon ami, avait répondu Boileau, nullement décontenancé. Je dis simplement que les commères se rappelleront votre intérêt pour la jeune fille lorsqu’elles apprendront le mariage.
    — Boileau, vous êtes impitoyable !
    — Allons, allons ! Mon ami, comme vous exagérez. Mais occupons-nous plutôt de choses sérieuses.
    — Qu’allez-vous encore me sortir l{ ? s’était exclamé Talham, plus méfiant que jamais.Vous êtes vraiment le roi des embrouilles, Boileau.
    Ce dernier commentaire n’avait eu aucun effet sur le bourgeois et son visage demeura stoïque jusqu’{ ce que s’y esquisse un sourire énigmatique.
    — Que diriez-vous si, dans le trousseau de la mariée, se trouvait la quittance de cette ancienne hypothèque que je détiens sur votre terre ? Je vous en tiendrais pour quitte, à tout jamais, vous et vos hoirs, bien entendu, poursuivait l’imperturbable

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