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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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docteur. Comme si le frais visage d’une jeune fille commençait tranquillement à faire son chemin dans ce grand cœur déserté. Telle la branche de saule chargée de neige qui finit par toucher le sol, Talham mollissait.

    — Mon ami, chuchota Boileau, je pourrais ajouter quelque chose d’important dans la corbeille de noces de ma cousine. Ne réfléchissez pas trop et venez me voir plus tard, chez moi. Nous causerons.
    Il était presque midi et chacun devait retourner à ses occupations. Monsieur Boileau réclama son manteau à Marie-Josèphe.
    A la manière d’un somnambule, le docteur replaça son violon dans son étui.
    Cher docteur, lui dit alors le curé, aux yeux de Dieu, un veuf avisé avec du bien et suffisamment de fortune se doit de considérer le mariage et d’avoir des enfants. Une la mille! Qu’Il bénisse vos pensées.
    Talham se sentait pris au collet comme un vulgaire lièvre des bois. La détermination de Boileau, qui n’avait d’égale que l’approbation du curé, le révoltait. Dire qu’il croyait les deux hommes ses amis !
    — Ne pensez pas me voir épouser Marguerite Lareau, lança-t-il aux deux autres qui le regardaient, éberlués, pourtant convaincus d’avoir gagné la partie.
    Le docteur Talham quitta le presbytère, profondé-
    ment troublé. Il se sentait incapable de trahir le souvenir d’Appoline. Mais au même moment, ce fut plus fort que lui, l’image de la jeune Marguerite { son bras, l’automne dernier, s’imposa. Il se rappela qu’elle était fort jolie.

    *****
    Françoise Bresse, qui passait une grande partie de sa journée à la fenêtre donnant sur le chemin du Roi - la lumière y était, paraît-il, excellente pour ses ouvrages -
    s’étonnait de l’étrange Va-et-vient qu’elle observait depuis le matin.
    Le soleil venait { peine de se lever qu’une carriole d’habitant était passée devant chez elle pour se rendre directement chez ses voisins, les Boileau. Le fait en soi était tout ce qu’il y avait de plus courant, mais après la tempête de la veille, qu’un paysan puisse être sur la route de si bon matin était curieux. Sans doute un des fermiers employés par Boileau venu rendre compte des dommages causés aux bâtiments d’une de ses terres, s’était-elle dit. Une heure plus tard, elle avait oublié l’incident lorsqu’elle vit repasser la même carriole et reconnut madame Lareau tenant les rênes. « Bizarre », s’était dit la dame de plus en plus intriguée. L’instant d’après, Monsieur Boileau, emmitouflé jusqu’au nez, pressait le pas en direction de l’église et du presbytère pour ne revenir que plusieurs heures plus tard, juste { temps pour le dîner. Et maintenant, c’était le docteur Talham qui venait de passer devant chez elle, à pied et sans sa sempiternelle trousse de médecin à la main. Elle le vit emprunter l’allée qui menait { la maison rouge. Lorsqu’il en ressortit, dix minutes plus tard, tout au plus, il avait l’air terriblement préoccupé.
    «Plutôt singulier», songea madame Bresse qui se targuait d’être perspicace.
    — Décidément, dit-elle à son mari qui rentrait, il se passe de drôles de choses aujourd’hui.
    — A qui le dis-tu! s’exclama le marchand. Je viens de croiser le docteur qui n’a répondu ni { mon coup de chapeau ni même à mon bonjour.
    Françoise Bresse se décida. Sitôt que la bienséance le permettrait, une visite { sa voisine Boileau s’imposait.

    *****
    Vers la fin de l’après-midi, Monsieur Boileau ne fut pas le moindrement du monde étonné de trouver Françoise Bresse installée dans la chambre de compagnie avec son épouse, une tasse de thé fumante à la main. « Pardieu, se dit-il. La Bresse a déjà flairé un gibier. Peste soit de cette femme! La voilà sur la piste, fin prête à prendre dans ses filets le prochain ragot. » Un regard discret en direction de sa femme confirma ce qu’il pensait.
    — Madame Bresse ! s’exclama-t-il hypocritement en lui baisant la main. C’est toujours un immense plaisir de vous voir chez nous. Voulez-vous me dire où sont nos filles?
    demanda-t-il à son épouse, soupçonnant ces demoiselles d’avoir trouvé un bon prétexte pour s’éclipser, laissant leur pauvre mère seule se débattre avec leur voisine et son insatiable curiosité.
    — Sophie souffre d’une migraine et sa sœur la soigne, confirma madame Boileau d’une voix trouble, encore sous le coup des émotions de la matinée. Elle avait à peine eu

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