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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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l’autre côté. Maintenant, tu dois tout nous raconter. Qu’as-tu tant fait ces dernières semaines que nous ne pouvions te voir ni à la messe ni ailleurs ? Tu cousais ton trousseau ?
    Les trois jeunes filles se tenaient solidement l’une {
    l’autre en revenant { pied de l’église, au retour de la messe.
    La neige, bien tassée, n’entravait pas la marche, mais le chemin était glissant. En ce 6 février 1803, le soleil pâlot se distinguait à peine dans le ciel gris et un petit vent glacial soulevait une fine poudrerie blanche et fouettait les visages.
    Il fallait marcher vite pour ne pas se geler les sangs. L’allée qui menait { la maison des Boileau, déj{ plus haute d’un bon pied par rapport au bord du chemin, était bordée de hauts bancs de neige arrondis. On aurait dit un immense ber taillé à même la neige. Augustin, juché sur une échelle, cassait les glaçons qui pendaient de la toiture afin d’éviter un accident fâcheux.
    Malgré la froidure, les deux sœurs aimaient se rendre {
    l’église { pied. Pour cela, il fallait se chausser de souples bottes de « sauvage » qui montaient plus haut sur la cheville, facilitant ainsi la marche dans la neige. Même Sophie faisait fi de ses belles bottines fines, troquant une place confortable dans la carriole pour le plaisir de marcher sur le chemin enneigé. La neige craquait joyeusement sous leurs pas.
    Revêtues de leurs longs manteaux de laine à larges capuchons bordés de lapin, rouge pour Sophie, bleu pour Emmélie, les jambes bien au chaud grâce à leurs longs bas de laine et leur chaud jupon, également en laine, les filles se riaient du froid. De longues fentes sur le devant du manteau, elles aussi bordées de fourrure, permettaient de sortir les mains qu’on enfouissait profondément dans un manchon fourré. Avec un tel équipage, elles étaient libres d’aller et venir { leur guise sans avoir à attendre que leurs parents ne se décident enfin { quitter le parvis de l’église pour rentrer.

    *****

C’était la dernière fois que Marguerite assistait { la grand-messe dans le banc familial avec son père. La jeune fille était confinée à la ferme depuis des semaines, mais ce dimanche, Victoire s’était sacrifiée en restant { la maison avec les plus jeunes pour permettre { l’aînée d’aller au village. La mère avait sévèrement sermonné sa fille : pas un mot sur le mariage, et surtout, pas question de s’attarder.
    On n’attendait plus que la dispense de l’évêque qui arriverait sous peu et le curé avait été formel: aucune publicité ne devait entourer le mariage de Marguerite. Les esprits faibles pourraient y voir un mauvais exemple à suivre.
    — Tiens bien ta langue, avait ordonné Victoire qui avait l’impression de retenir son souffle depuis dix jours - elle pourrait respirer le jour de la bénédiction nuptiale. A personne, tu m’entends, sinon le curé ne voudra plus te marier.
    Tais ta honte, ma fille !
    Marguerite avait baissé la tête et promis. Ses épaules se courbaient sous le poids du déshonneur. Fille flétrie ! Son enfant serait marqué par le diable, elle en était sûre.
    Elle n’aurait jamais osé parler de ses craintes { son fiancé.
    La future mariée ne voulait pas aborder ce sujet, fidèle au pacte tacite entendu avec le docteur lors de sa première visite: jamais il ne lui reparlerait de ce qui s’était passé.
    D’ailleurs, comment aurait-elle pu faire puisque leurs rencontres se déroulaient toujours devant ses parents?

    Alors, elle se taisait. Marguerite avait toutefois remarqué qu’après chaque visite du docteur Talham, elle se sentait étrangement rassérénée.

    *****

    Évidemment, en apercevant leur cousine qu’elles n’avaient pas revue depuis plusieurs semaines, Emmélie et Sophie avaient vite saisi l’occasion pour l’inviter { passer quelques heures à la maison rouge. Devant les hésitations du père de Marguerite, Sophie s’était même faite suppliante :
    — Mon Oncle Lareau, s’il vous plaît, confiez-nous Marguerite jusqu’au dîner !
    François Lareau, bien incapable de résister à une demoiselle Boileau, entendait déjà sa femme lui reprocher son manque de fermeté s’il acquiesçait { la demande de la jeune fille. Et le docteur qui n’était pas l{ ! Il l’aurait certainement aidé { se dépêtrer de cette situation. Pendant qu’il hésitait, madame Boileau sortit de l’église. Elle avisa son mari d’un regard désapprobateur qui disait

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