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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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toujours le moment de se faire portraiturer.
    «Frivolité», bourrassait l’ancien militaire { son épouse lorsqu’elle lui rappelait l’importance de laisser ces précieux témoignages à leurs descendants. En réalité, il considérait que rester immobile pendant des heures pour complaire aux besoins de l’artiste constituait une impensable perte de temps.
    Rouville apparut et salua chaleureusement son visiteur.
    — Mon cher colonel, l’affaire qui m’amène requiert la plus haute discrétion. Puis-je vous parler un moment?
    — Passons alors dans la bibliothèque. Vous prendrez bien un verre de madère ? offrit l’hôte.

    — Bien volontiers. Vous n’imaginez pas { quel point j’en ai besoin.
    Les deux hommes pénétrèrent dans cette pièce que le colonel appelait modestement son cabinet. Un magnifique meuble d’acajou garni de rayonnages et de livres occupait presque tout un mur. Dans un coin de la pièce se dressait une petite table à tiroir sur laquelle était posée une écritoire recouverte de cuir fin. Un coffre de voyage de grande dimension, gravé aux armoiries du gentilhomme, avoisinait un petit poêle d’où provenait une chaleur diffuse et réconfortante. Au mur étaient accrochées une mappe-monde et une gravure de Paris. Sur un très beau tapis de Bruxelles, deux confortables fauteuils entouraient une table basse, également d’acajou. Rouville invita le visiteur {
    s’asseoir et sortit une bouteille d’une petite armoire avec deux verres qu’il s’empressa de remplir. Il tendit un verre {
    son visiteur en lui lançant un regard intrigué.
    — Je vous avertis, je refuse de marcher dans une de vos petites combines, déclara le militaire d’un ton péremptoire.
    La dernière fois, j’ai failli y perdre un de mes meilleurs amis.
    Alors, de quelle affaire s’agit-il ?
    — Il ne s’agit pas d’argent, démentit vivement Boileau, mais bien du sort de notre ami commun, le docteur Talham.
    — Qu’arrive-t-il à Talham ?
    — Voilà. Notre ami est en fâcheuse posture et il aura besoin de votre aide d’ici quelques jours, tout au plus, une semaine ou deux. Du moins, j’espère que le délai sera le plus court possible, ce sera mieux pour tout le monde.
    — Nébuleux comme toujours. Allons, Boileau, donnez l’assaut ! ordonna le vieux militaire.
    — Eh bien, voici : il vous faudra assister sans faute au mariage de notre ami commun.
    — Diantre ! Que ne le disiez-vous ? J’accepte avec grande joie une telle invitation, s’exclama joyeusement Rouville.
    Depuis le temps que je lui souhaite tout le bonheur du monde, à notre cher veuf. Mais pourquoi faites-vous tant de cérémonie autour d’une aussi bonne nouvelle ? demanda-t-il, méfiant, tentant de décrypter le visage jusque-là impassible de Boileau.
    Rouville connaissait la propension du bourgeois pour les complots de tout genre. Dans quelle histoire ce dernier allait-il encore l’entraîner?
    — Dites-moi, qui a su conquérir le cœur de cet émule d’Hippocrate ?
    — En quelques mots, voilà : le docteur Talham doit, toutes affaires cessantes, épouser Marguerite Lareau.
    — La fille de l’habitant Lareau ? Et que voulez-vous dire par « toutes affaires cessantes » ?
    — C’est que. . la jeune fille est, comme qui dirait, dans une situation intéressante. Mais encombrante, puisqu’elle n’est pas mariée.
    — Si je vous suis bien, vous insinuez qu’elle est enceinte des bonnes œuvres de Talham ?
    Rouville fustigea son invité d’un regard cassant.
    — Il aurait séduit une jeune fille innocente ? Mais vous délirez, Boileau ! Le docteur est bien incapable d’une telle ignominie.
    —Je n’ai jamais voulu dire cela, répondit vivement Boileau en se levant d’un bond.
    Il se mit à tournoyer dans la pièce.
    — En fait, c’est tout { fait le contraire, bien que la plupart des gens en arriveront à cette navrante conclusion.

    — Peste, Boileau, vous vous empêtrez ! Plutôt que de tergiverser, rasseyez-vous donc et allez droit au but. Avec des officiers comme vous, on perd la bataille à coup sûr, maugréa Rouville.
    — Voilà. La jeune Lareau est enceinte des œuvres d’un mécréant, jeta tout de go le bourgeois. Nous ignorons de qui il s’agit, mais Talham a tout de même accepté d’épouser Marguerite.
    — Mais il est fou ! s’exclama Rouville.
    — Il y a un instant, vous avez accueilli la nouvelle en applaudissant.
    — C’est que j’en ignorais les détails.
    — C’est pourquoi

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