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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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votre présence au mariage est nécessaire. Elle fera taire les mauvaises langues.
    — Comme il vous plaira, mais j’en connais qui font allè-
    grement la navette entre le confessionnal et la tasse de thé de l’après-midi, propageant des ragots d’abord, s’en confessant ensuite. Les dames de la paroisse pratiquent le commérage à cœur de jour comme d’autres sont boutiquiers !
    — Ma chère Falaise se taira, croyez-moi. Inutile d’en informer votre épouse avant le temps, puisque le mariage doit demeurer secret.
    Perplexe, Rouville contempla un moment son verre.
    — Mais pourquoi Talham a accepté d’épouser mademoiselle Lareau dans de telles conditions ? Cela me dépasse, Boileau. Il n’est pas homme { rechercher pareille publicité.
    Qui est au courant ?
    — Messire Bédard, bien entendu, ainsi que les parents de la jeune fille. Et vous, désormais.
    — Vous dites que notre curé est au courant ? A mon tour.
    Je veux tout savoir, mais de grâce, sans vos habituelles circonlocutions. Qu’est-il arrivé { la jeune Lareau ? C’est la fille de votre cousine, ce me semble ?
    Monsieur Boileau entreprit de narrer la mésaventure de la jeune fille, mais en prenant soin de transformer certains passages, comme il en avait convenu avec le curé Bédard et le docteur Talham. L’agression avait eu lieu { la Saint-Martin, c’est tout ce qu’on savait. Inutile de préciser { Rouville que la brute avait commis le crime sous son propre toit. Le vieux militaire aurait immédiatement déclenché une enquête parmi ses gens, et la nouvelle de la grossesse de Marguerite se serait répandue aussi vite qu’une traînée de poudre.
    — Ainsi, Talham a accepté par esprit chevaleresque.
    « C’est quasi incroyable ! songea Rouville. Quel homme que ce Talham! De toute manière, j’y serai. Ne serait-ce que par amitié. »
    — Croyez-moi, Boileau, je connais les hommes et je sais parfaitement les jauger. Talham est un homme bon tel que notre Créateur le souhaite. Et pour faire taire nos bavas-seuses, dites-lui que je serai même le parrain de l’enfant {
    venir. Et que c’est un ordre ! Il n’a pas { revenir l{-dessus.
    — Ah ! Merci, cher colonel. J’étais certain de pouvoir compter sur vous. Notre famille vous devra une fïère chandelle. Et le curé sera content.
    — Alors, s’enquit le militaire, { quand la noce ?
    — Impossible de fixer une date pour le moment. Il faut attendre les instructions de Monseigneur, vous vous en doutez.
    — Ces évêques ! Ils se prennent pour le bon Dieu en personne.
    — Ils sont en effet plus près de Lui que nous, pauvres pécheurs, fit faussement Boileau.
    Rouville porta le verre d’alcool { ses lèvres et fixa Boileau d’un air qui en disait long.

    *****
    Penché sur l’écritoire, Jean-Baptiste Bédard réfléchissait
    { ce qu’il allait écrire { Monseigneur pour obtenir la dispense nécessaire au mariage de Marguerite Lareau et Alexandre Talham. Il lui fallait peser ses mots, bien étaler les faits connus, sans plus. La moralité du docteur ne devait pas être mise en doute ; sa lettre devait donc être circonspecte, juste et convaincante. Prenant une plume qu’il venait soigneusement de tailler, il la trempa dans l’encre et écrivit.

    L’objet de cette lettre est une chose pour laquelle j'ai besoin des avis et du secours de Votre Grandeur. Une jeune fille de la paroisse est enceinte des œuvres d'un mécréant. La fille a sans doute été violentée par un soldat en garnison et elle refuse de livrer le nom, du coupable. Elle n'a que dix-sept ans et redoute que son agresseur lui fasse subir un mauvais sort. C’est la seule explication possible à son silence d'après toutes les personnes concernées. Elle avouera certainement èn confession, lorsqu 'elle réalisera la gravité de son silence qui la rend complice du crime.
    Mon paroissien Monsieur Boileau, que vous connaissez pour sa générosité envers sa paroisse, est un oncle maternel de la jeune fille et possède un réseau de relations fort étendu. C'est ainsi qu'il a approché le docteur Alexandre Talham. Il s'agit du médecin qui soigne notre pauvre Fréchette { Belœil. Jamais la conduite de ce médecin n'a provoqué quelque scandale que ce soit, bien au contraire. Il est veuf depuis au moins huit ans et a toujours refusé de se remarier en mémoire de sa défunte. C'est un homme d'une grande bonté qu'il faudrait épargner puisqu'il accepte d'épouser la jeune fille. Je sais, Votre

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