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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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par se soulever malgré la répression policière. En deux années de gouvernement, Monsieur le Duc n’a suscité que déception et colère. Fleury, qui assiste à tous les Conseils et à tous les entretiens du roi avec son ministre, a bien mis en garde Louis XV contre la politique hasardeuse de son cousin, mais le roi hésite à s’en séparer. Car il n’aime vraiment pas le changement… De son côté, Monsieur le Duc ne supporte plus la présence de l’évêque aux côtés du roi. Il rêve de s’en débarrasser avec l’aide de Madame de Prie.
    Depuis son installation à Versailles, Marie a eu vent des rumeurs, mais sans les interpréter. Toujours intimidée par son royal époux, elle se risque pourtant à lui demander son sentiment sur les hommes de son entourage :
    « Comment aimez-vous Monsieur de Fleury ?
    — Beaucoup, répond le roi.
    — Et Monsieur le Duc ?
    — Assez. »
    Louis XV rechigne aux confidences. Même avec son épouse, il demeure sibyllin et Marie n’obtient rien qui puisse l’aider à comprendre les raisons de la guerre intestine qui se profile. Si elle écoute son coeur, elle doit une pleine reconnaissance au duc de Bourbon, artisan de son mariage royal. D’autant qu’elle ignore tout de l’aspect sordide des négociations qui l’ont conduite dans le lit du roi et ne sait rien du passé peu recommandable du duc et de la marquise. En revanche, elle se sent très peu en confiance avec Monsieur de Fleury. Certes, il s’est abstenu de toute critique mais ne l’a pas accueillie avec enthousiasme. La reine ignore que le vieil évêque réprouve en silence cette mésalliance dont il connaît les motifs secrets et, surtout, se sent menacé. À soixante-douze ans, il craint que sa position privilégiée auprès de son élève ne vole en éclats le jour où il y aura entente entre la reine et le duc de Bourbon. Or, il est convaincu de l’imminence de cette collusion. Et comme il sait que le roi aime Marie, il en conclut que la reine aura, tôt ou tard, un ascendant sur lui. Pour parer à une disgrâce qu’il croit inévitable, le prélat ne voit qu’une solution : se débarrasser de Monsieur le Duc !
    Piégée par le duc de Bourbon
    Fleury n’aura pas le temps de mettre son plan à exécution, le duc de Bourbon ayant lui-même dégainé l’épée qui va l’abattre. À force d’insistance, il convainc la reine d’attirer Louis XV dans sa chambre pour lui ménager un tête-à-tête. Le soir du 18 décembre 1725, elle envoie son chevalier d’honneur, le marquis de Nangis
, prier le roi de passer la voir. Louis XV quitte la compagnie de Fleury et trouve Monsieur le Duc chez Marie. Aussitôt, la reine se lève pour sortir, mais le duc la retient tout en quêtant l’assentiment du roi. Se sentant prise au piège, Marie tente de se dégager de la conversation. Trop tard ! Monsieur le Duc a déjà entrepris de lire une missive du cardinal de Polignac
proférant des accusations à l’encontre de Fleury. Visiblement agacé, Louis XV reste silencieux. Le duc de Bourbon se hasarde à lui demander ce qu’il pense de cette lettre :
    « Rien !
    — Votre Majesté ne donne-t-elle aucun ordre ?
    — Que les choses demeurent comme elles sont.
    — J’ai donc eu le malheur de déplaire à Votre Majesté ?
    — Oui.
    — Votre Majesté n’a plus de bontés pour moi ?
    — Non.
    — Monsieur de Fleury a, seul, la confiance de Votre Majesté ?
    — Oui. »
    Aussitôt, le duc de Bourbon se jette aux pieds du roi et lui demande pardon entre deux sanglots. « Je vous pardonne », répond sèchement le roi en quittant la pièce sans un regard vers Marie, atterrée.
    La scène a duré deux heures pendant lesquelles Fleury, qui a vu Monsieur le Duc entrer chez la reine, se présente à son tour à sa porte. Bien entendu, le duc a donné des ordres pour lui refuser l’entrée. L’évêque n’en attendait pas moins ! Il utilise alors une tactique qui lui a déjà réussi en 1722 : son carrosse préparé en hâte, il quitte Versailles en laissant au roi une lettre respectueuse et tendre, dans laquelle il constate que « ses services lui paraissant désormais inutiles », il le supplie « de lui laisser finir ses jours dans la retraite et préparer son salut auprès des sulpiciens d’Issy ».
    Entre-temps, Louis XV s’est retiré dans ses appartements, irrité par la manoeuvre du duc de Bourbon et terriblement blessé par l’attitude de Marie qu’il croit

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