Marie Leszczynska
génération en génération. En peu de temps, Marie apprend le déroulement immuable des événements quotidiens. Lundi, concert ; mardi, comédie française ; mercredi, comédie italienne ; jeudi, tragédie ; vendredi, jeux ; samedi, concert ; dimanche, jeux.
La maison des intrigantes
Dans son initiation, elle devrait pouvoir compter sur son entourage. Mais, là encore, elle a compris que ses espoirs étaient vains. Pourtant, la maison de la reine est à peine moins importante que celle du roi ; mais les charges y sont briguées par des intrigantes qui se moquent bien de la personne qu’elles vont servir. Elles ne sont là que pour leur intérêt, dans le grand jeu que constitue la cour. Pire : dans le cas de Marie, Madame de Prie a sûrement guidé le choix du duc de Bourbon. La plupart des femmes de l’entourage royal sont donc à la solde du duo manipulateur.
Au sommet de la hiérarchie, la surintendante n’est autre que Mademoiselle de Clermont, la soeur de Monsieur le Duc. En réalité, elle importe peu dans la vie quotidienne de Marie. La personne essentielle est la dame d’honneur : du lever au coucher, elle accompagne la reine, lui rappelle ses obligations, corrige les éventuelles maladresses de protocole et lui évite tout manquement à l’étiquette. Ses pouvoirs sont importants, puisqu’elle peut ordonner et commander tout ce qu’elle juge nécessaire pour le service royal ; elle peut même réprimander les femmes de chambre. Cette charge très délicate est le plus souvent occupée par une dame d’âge mûr, appartenant à la haute noblesse. Madame de Prie aurait apprécié le rôle, mais sa définition l’exclut de facto . Prudent, Monsieur le Duc consulte Monsieur de Villars et Monsieur de Fleury pour le choix final. Le trio s’oriente vers la maréchale de Boufflers, âgée de cinquante-cinq ans. Catherine Charlotte de Gramont a épousé le duc Louis François de Boufflers en 1693, l’année de son élévation à la dignité de maréchal. Retirée dans son hôtel parisien après la mort de son époux, en 1711, elle n’est guère attirée par cette lourde charge. Elle se fait prier pour l’accepter mais peut difficilement refuser une mission royale ; elle finit donc par l’accepter à contrecoeur. Madame de Boufflers n’appartient pas à la coterie de Monsieur le Duc, mais son manque d’enthousiasme n’en fait pas une alliée active de la reine.
L’entourage de Marie Leszczyńska ne se limite pas à ces deux personnes. Parmi les proches, on trouve aussi une dame d’atour qui veille sur l’imposante garde-robe de la reine. Elle l’aide à s’habiller et à se changer, ce qui se produit plusieurs fois par jour. Cette mission échoit à la comtesse de Mailly.
Douze dames du palais complètent l’entourage de la reine. Six sont titrées : la maréchale de Villars, les duchesses de Béthune, de Tallard, d’Épernon, la princesse de Chalais et la comtesse d’Egmont
. Les six autres ne le sont pas : les marquises de Nesle, de Gontaut, de Matignon, de Mérode, de Rupelmonde et de Prie. Elles assistent la dame d’honneur, entourent la reine lors des cérémonies et l’accompagnent dans ses déplacements. Elles servent par groupe et par quartiers définis, à moins que la reine ne modifie leur tour.
À la cour, on jase de ces nominations. Comment peut-on placer auprès de la jeune souveraine des dames à la réputation aussi douteuse ? C’est toujours l’oeuvre de Madame de Prie qui favorise la présence de libertines de la Régence comme elle. Bien entendu, Marie Leszczyńska ignore tout du passé de ces jeunes femmes dont elle admire la grâce et l’assurance.
Du côté des hommes, le recrutement est moins tendancieux. Il y a le marquis de Nangis
, chevalier d’honneur ; et le comte de Tessé
, premier écuyer. Et il ne faut pas oublier le marquis de Breteuil, chancelier de la reine ; le marquis de Villacerf, premier maître d’hôtel ; Monsieur Pâris-Duverney
, secrétaire des commandements et conseiller de Madame de Prie ; ou encore Monsieur Bernard, surintendant des Finances, qui n’est autre que le fils du fameux banquier Samuel Bernard.
Certaines personnes viennent de l’entourage direct de Louis XV : l’avocat Philippe Lambert, « chargé d’instruction » du roi, désormais intendant de la reine ; le mathématicien Chevallier, nouveau secrétaire de son Conseil ; Marie-Madeleine Mercier, ancienne nourrice du roi, promue première
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