Marie Leszczynska
femme de chambre de la reine ; ou encore l’incontournable Monsieur de Fleury, nommé grand aumônier de la reine. La charge de premier aumônier est occupée par l’évêque de Châlons, Nicolas de Saulx-Tavannes. Il est assisté d’un aumônier ordinaire, l’abbé de Fontenay, et de quatre aumôniers de quartier ; ainsi que de l’abbé Le Rouge, chapelain ordinaire, et de quatre chapelains de quartier. Quant au chevalier de Vauchoux, il devient écuyer de la reine, en remerciement des services rendus.
La Maison de la reine, c’est aussi plusieurs centaines de personnes qui assurent, en coulisse, le bon fonctionnement de la monarchie : du chauffe-cire au portemanteau ordinaire, en passant par les médecins, apothicaires, panetiers, maîtres queux, valets, lavandiers et femmes de chambre.
Messe, chasse et lansquenet…
Le lendemain de l’arrivée de la reine à Versailles correspond au premier dimanche de l’Avent. C’est l’occasion pour elle d’assister à la messe solennelle chantée par la musique du roi, avant de recevoir les compliments des missionnaires de la congrégation des Lazaristes. Le 3 décembre, jour de Grand Appartement, fruits, confitures et glaces sont servis pendant le concert dans le salon de Vénus. Le jeu a lieu dans la salle du Trône, où le roi et la reine prennent couleur à la partie de lansquenet, le jeu de cartes prisé du roi [4] ; puis Louis XV reconduit Marie à son appartement pour y souper au grand couvert. Sitôt achevé, il quitte la reine pour se livrer aux cérémonies du grand et petit coucher dans la chambre de Louis XIV. Place ensuite aux heures d’intimité : rhabillé et escorté de Bachelier, son premier valet de chambre, le roi retourne chez la reine ; mais il reviendra dans ses appartements avant la fin de la nuit, comme le veut l’étiquette.
Les jours suivants, pendant que Louis XV chasse le lièvre à Marly ou le sanglier à Saint-Germain, Marie découvre le parc, la Ménagerie, se promène à Trianon, à Meudon et se rend à Saint-Cyr visiter la maison royale de Saint-Louis et assister aux offices. Le 11 décembre, elle est présente au Te Deum chanté dans l’église royale Notre-Dame de Versailles, en l’honneur de son mariage ; le soir, les comédiens français jouent Le Mariage forcé de Molière et Britannicus de Racine. Un autre jour, elle se rend dans l’appartement de Mademoiselle de Clermont pour voir une troupe de seigneurs et de dames de la cour jouer pour elle Le Misanthrope et la comédie du Florentin .
Découvrant que la reine est une excellente amazone qui monte à cheval avec grâce et assurance, Louis XV l’entraîne dès les jours suivants dans des chasses éprouvantes. Infatigable, Marie suit dans la même journée les équipages du roi, de Monsieur le Duc et du prince de Conti. Et lorsque retentit « la fanfare de la reine » composée par Monsieur de Dampierre à son intention, les courtisans rassemblés à l’orée du bois comprennent que la petite Polonaise est en passe de conquérir sa place à la cour.
Sur un ton badin, Voltaire confie alors à Madame de Bernières ; « La reine fait très bonne mine, bien que sa mine ne soit point du tout jolie. » Pour le comte de Kaunitz, ambassadeur d’Autriche, « la reine n’a jamais été belle, avec de la physionomie et de la grâce dans sa taille. Elle avait de quoi plaire, si elle n’eût été destinée à un roi de seize ans, beau alors comme l’Amour. Il n’y eut qu’une voix en France pour désapprouver sa figure. Elle s’en aperçut et eut le bon esprit d’en plaisanter la première ; le jour de ses noces, s’approchant d’une glace : “On ne se plaindra pas, dit-elle, que la mariée soit trop belle.” »
Louis XV, lui, trouve Marie à son goût. Il la compare à la reine Blanche de Castille, mère de saint Louis ; et chaque fois qu’un courtisan lui montre une jolie femme de la cour, il répond : « Je trouve la reine encore plus belle. »
La première tempête se prépare
Pendant que Versailles se réjouit, le royaume souffre. Malgré les fêtes qui célèbrent l’heureuse union dans toute la France, le pays se porte mal. Au lendemain de la chute de Law, la remise en ordre des finances et de l’économie progresse lentement. Plusieurs mois de mauvais temps ont décimé les récoltes, le prix du pain a triplé, le mécontentement se généralise. La rumeur transforme la disette en complot pour affamer le peuple et Paris finit
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