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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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autres dévotions, ne sont qu’inventions humaines, que Dieu y est offensé ; on dit encore qu’il suffirait à la reine qu’elle se tienne à Versailles et y prie, que cela aurait mieux valu que de venir à Paris en si grand appareil, ce qui est du paganisme [3] . »
    De plus, le moment est mal choisi. 1728, c’est l’année où le cardinal de Fleury lance une grande offensive contre les jansénistes, prêtres et évêques opposés à la bulle Unigenitus [4] . Cette affaire provoque un conflit entre le roi et les Parlements, déclenche des persécutions contre les prêtres jansénistes, suscite des mouvements de police et rend les Parisiens méfiants à l’égard du roi et de sa politique. Pour envenimer le tout, ils reprochent à Louis XV de ne pas être allé à Notre-Dame de Paris depuis plusieurs années. Quant à la reine, elle n’a jamais fait son « Entrée » dans la capitale. Résultat : les Parisiens se sentent vraiment délaissés par leurs souverains. Et ils grognent en évoquant le bon temps où Louis XIV et Marie-Thérèse
mettaient pied à terre au milieu de la population enthousiaste.
    La reine à la conquête de Paris
    Marie s’entête. Elle sollicite l’autorisation de Fleury pour se rendre à Paris et demande timidement si « le roi pourrait ordonner, du jour que j’irai à Notre-Dame, les prières des Quarante Heures pour que Dieu nous accorde un dauphin ». Satisfaction lui est accordée puisque l’archevêque de Paris publie un mandement au clergé et aux fidèles du diocèse, réglant l’ordre et la durée des prières publiques. Cette mesure est raillée par le peuple, à en juger par les rapports de police. On y lit « qu’il importe peu de quoi la reine devienne grosse, que quand Sa Majesté ne fera pas d’enfants mâles, on ne manquera pas de maîtres en France [5]  ».
    La reine prend la route de Paris le 4 octobre 1728. S’agissant d’un pèlerinage et non d’une entrée solennelle, elle arrive avec son équipage habituel : quatre carrosses à huit chevaux, vingt gardes à cheval, dix ou douze valets de pied. En dépit de la grogne latente, les Parisiens sont nombreux à guetter le passage du cortège. Les rues ne sont pas gardées, les boutiques sont restées ouvertes ; et pourtant, aux Tuileries, une foule énorme se presse sur la terrasse du bord de l’eau ! Balayant toutes les craintes de Versailles, Paris accueille chaleureusement sa reine au son du canon de la Bastille et les églises sonnent à toute volée.
    Après les harangues d’usage du gouverneur de Paris et du prévôt des marchands, Marie met pied à terre sur le parvis de la cathédrale où l’attend le cardinal de Noailles, entouré de tout son clergé. Accompagnée du marquis de Nangis
et du comte de Tessé
, elle se dirige vers le choeur, ravissante dans sa robe de cour, couleur chair et toute festonnée, sans or ni argent. Dans sa coiffure, le Sancy [6] brille de tous ses feux. Agenouillée sous le dais royal, elle assiste au Te Deum avant de se rendre dans la chapelle de la Vierge où, entourée de ses dames et de ses officiers, elle entend une messe basse, dite par son chapelain. Après une collation dans la sacristie, le cardinal de Noailles reconduit la reine à son carrosse devant les gardes françaises qui rendent les honneurs. Le cortège se dirige alors vers l’abbaye Sainte-Geneviève où l’attendent le révérend père abbé et les chanoines réguliers. Sur le seuil de l’église, Marie s’agenouille pour baiser un reliquaire renfermant un fragment de la Vraie Croix ; puis elle prie longuement, avec ferveur, devant la châsse de la patronne de Paris, découverte à son intention.
    Sur le chemin du retour, elle s’arrête devant la porte du collège Louis-le-Grand pour saluer le recteur accompagné de ses meilleurs pensionnaires. Elle aperçoit le Louvre, les Tuileries, et traverse le coeur de Paris sous les acclamations d’une foule immense… surtout attirée par les pièces jetées par les portières ! Elle conclut sa journée par un repas au château de la Muette, avant de rentrer à Versailles épuisée mais ravie. Marie l’obstinée a gagné : non seulement le pèlerinage ne lui a pas été refusé, mais elle a mis un terme aux ragots en se faisant applaudir par les Parisiens.
    Sûre de sa bonne étoile, la reine rejoint alors son époux à Fontainebleau. Louis XV chasse tous les jours ; il sacrifie à la mode en s’adonnant avec fougue à la chasse aux

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