Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
Vom Netzwerk:
Hélas, c’est à nouveau une fille.
    L’affolement fait place à la désillusion, car personne n’a préparé la venue de jumeaux. Encore moins de jumelles… Seul Louis XV n’est apparemment pas déçu. Au contraire, la situation l’amuse : « On avait dit que je n’étais pas capable d’avoir d’enfants et j’ai fait coup double ! » Dans le cabinet de la reine, il assiste à l’ondoiement [2] des petites princesses par l’aumônier du roi, en présence du curé de Notre-Dame de Versailles, tenu de mentionner la cérémonie dans son registre paroissial. Après l’approbation par le roi du choix des deux nourrices, Madame Varanchan, de Marseille, et Madame Raymond, d’Issoire, les jumelles sont confiées à Maman Ventadour qui, malgré son grand âge, n’aurait cédé sa place de gouvernante des enfants de France pour rien au monde. Par précaution, Louis XV a seulement accepté que sa petite-fille, la duchesse de Tallard, soit sa « survivancière ».
    Le jour même, Monsieur de Tessé
, premier écuyer de la reine, arrive à Chambord pour annoncer l’heureuse nouvelle à Stanislas. Le nouveau grand-père exulte et Catherine Opalinska peut remercier la Vierge. Elle qui redoutait tant la stérilité de sa fille avait demandé à Madame d’Andlau de faire réciter des prières dans les couvents alsaciens. Le roi de Pologne s’empresse de prévenir le maréchal du Bourg : « La reine, avec ses deux poupées, se porte à merveille… »
    Tout à sa joie de jeune père de dix-sept ans et demi, Louis XV n’a pas décommandé les festivités initialement prévues pour la naissance d’un dauphin. Louise Élisabeth
et Anne Henriette
, Madame Première et Madame Seconde comme on les appelle déjà, ont droit à des Te Deum, des illuminations et des feux d’artifice ; tandis qu’à Paris, le vin coule aux fontaines.
    Le 24 septembre, les grands-parents peuvent enfin embrasser les « poupées » à l’occasion d’une courte visite à Versailles. La reine a l’air heureuse et entoure ses parents de mille tendresses, avant de prendre la route de Fontainebleau. Quelques jours plus tard, Stanislas écrit à son ami du Bourg : « Je reçois des nouvelles de Fontainebleau qui font le comble de mon bonheur, comme quoi le roi, depuis l’arrivée de la reine, redouble à tous moments de tendresses pour elle. Malheureusement que l’interdit de la Faculté arrête les transports de ces illustres amants, sans quoi, par la grâce du Seigneur, le dauphin serait déjà en campagne. » Car Peyrard a été formel : il faut ménager la reine, sous peine de ne plus avoir d’enfants !
    Nouvel espoir, nouvelle déception
    L’abstinence se limite à quelques semaines. Puis, les « transports » reprennent et, vers la mi-novembre, Marie est à nouveau enceinte. Tout le monde attend un dauphin. Hélas, le 28 juillet 1728, Marie accouche d’une fille, Madame Troisième, qui reçoit le prénom de Louise Marie. « Comme on n’a entendu ni canon, ni tocsin, on se doute que c’est une fille, commente Barbier. On était d’un très grand chagrin à Versailles. Cependant le roi a très bien pris la chose, et a dit à la reine qu’il fallait prendre parole avec Peyrard, son accoucheur, l’année prochaine pour un garçon. »
    Marie, elle, ne cache pas son désarroi. « Si Dieu me fait la grâce, écrit-elle au maréchal du Bourg, d’être bientôt dans l’état où je souhaite toujours d’être, je serai la première à vous le mander. J’espère que Dieu exaucera les voeux de nos bons sujets pour moi ; je mourrai contente, si je leur laisse cette consolation. » Cette fois, en bonne dévote, la reine veut mettre toutes les chances de son côté et décide d’aller implorer la Vierge à Notre-Dame de Paris et de faire une neuvaine à Sainte-Geneviève.
    Mais le souhait de Marie ne fait pas l’unanimité. Qualifiée d’extravagante, sa décision provoque une violente discussion populaire, consignée dans les gazetins de la police secrète : « D’aucuns disent qu’il est en la puissance de Dieu de donner à la France des enfants mâles, mais que toutefois on doit laisser aller le cours de la Providence ; d’autres qui paraissent ne rien rapporter à Dieu disent qu’il serait indigne de son immensité de s’abaisser si bas que de présider à la coopération des hommes […], d’autres disent que toute la religion est remplie de momerie, que la neuvaine, pèlerinage, indulgence et

Weitere Kostenlose Bücher