Marie Leszczynska
résulte, pour l’attitude, de la combinaison du portrait de Santerre
; et, pour le visage, de l’un des premiers portraits de la jeune Polonaise peint par Jean-Baptiste Van Loo, entre 1725 et 1726. Dans le même esprit, Stiémart
peindra ensuite un portrait de La reine Marie Leszczyńska assise avec les attributs royaux, qui ressemble beaucoup à celui de La Princesse Palatine , sorti en 1713 de l’atelier de Hyacinthe Rigaud. L’ambiance est la même ; l’artiste n’a fait qu’inverser la posture de son modèle royal.
VI
LES PREMIÈRES MATERNITÉS
E
n juillet 1726, Louis XV tombe malade. Chez lui, les indigestions sont fréquentes car il dévore comme un ogre ! Mais, cette fois, la fièvre le harcèle quatre jours. Très inquiets, ses médecins redoutent la petite vérole. Heureusement, après trois saignées, le roi se remet totalement [1] . Fausse alerte…
Il est à peine debout que la reine tombe malade à son tour, en proie à une violente fièvre. Nouvelle vague d’angoisse car elle navigue entre la vie et la mort trois jours durant. Elle finit par recouvrer la santé, mais de façon moins spectaculaire que son époux. Affaiblie pendant plusieurs semaines, morose, éteinte, elle donne à son entourage la douloureuse impression d’être lasse de la vie.
Par crainte de la petite vérole, le roi a laissé passer quatre jours avant de lui rendre visite. Ensuite, il est venu tous les jours quelques minutes ; mais « la tendresse ne paraissait pas grande de sa part », relate Villars. Les courtisans, toujours à l’affût des moindres incidents, commentent la froideur du jeune roi qui décide de prendre ses quartiers d’été à Fontainebleau, laissant la reine achever sa guérison à Versailles.
Informé avec ménagements des indispositions du couple royal, Stanislas interprète la nouvelle avec un certain humour : « Vous avez appris les incommodités du roi et de la reine. Dieu merci qu’elles sont passées et qu’on se peut fâcher présentement contre tous les deux. Leur sympathie va jusqu’à ce qui leur cause des maladies, qui est de trop manger, puisque c’est une indigestion violente qu’ils ont eue, la reine surtout, après avoir mangé cent quatre-vingts huîtres et bu quatre verres de bière là-dessus. […] Ce qu’il y eut de charmant, et à quoi vous serez bien sensible, c’est l’assistance mutuelle qu’ils se sont donnée pendant leurs incommodités. »
Tout rentre finalement dans l’ordre : Marie rejoint le roi à Fontainebleau et le jeune couple y demeure deux mois et demi. Reste que la France attend toujours son dauphin et qu’à l’approche de l’hiver 1726, on commence à douter partout dans le Royaume des aptitudes de Marie à devenir mère.
Enfin maman… de jumelles !
Les doutes sont levés en mars 1727. Stanislas annonce la bonne nouvelle au maréchal du Bourg : « Elle a été la dernière à y croire, se défiant jusqu’à présent d’un bonheur qu’elle a raison de souhaiter avec tant d’ardeur. » Barbier ajoute une précision : « La reine est grosse de trois mois. […] Le roi a beaucoup de complaisance pour elle, il ne va plus tant à la chasse et il n’y aura plus de voyage de Fontainebleau cette année. »
Prévue dans le courant du mois de septembre, la naissance surprend tout le monde le 14 août. La veille, la reine a été prise de vomissements après avoir soupé d’une grande quantité de figues et d’un melon glacé. Son premier médecin et Peyrard, son accoucheur, diagnostiquent une banale indigestion. Pourtant, au petit matin, les douleurs se précisent. Sans hésiter, Peyrard donne le signal des préparatifs pour un accouchement imminent, pendant que la maréchale de Boufflers bat le rappel de tous ceux qui doivent assister à l’événement, depuis les princes et princesses du sang jusqu’aux premiers magistrats, en passant par l’incontournable Fleury. Un autel de fortune a été dressé dans la chambre où aumôniers et chapelains disent la messe.
Habillé à la hâte, Louis XV s’installe au chevet de la reine et lui prend la main qu’il caresse doucement. Il ne peut cacher son émotion. Vers dix heures du matin, Peyrard annonce la délivrance immédiate. À 11 h 15 précises, Marie accouche d’une fille, aussitôt déposée dans un bassin d’argent. Pour l’assemblée, c’est évidemment une énorme déception. Peyrard y met fin sur-le-champ en s’écriant : « Il y en a encore un ! »
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