Marie Leszczynska
conciliante de leur mère et l’intolérance de leur frère.
Les festivités du second mariage du dauphin ont éclipsé le renvoi du ministre aux Affaires étrangères, le marquis d’Argenson, dont les maladresses et les hésitations agaçaient le roi. La marquise de Pompadour n’est pour rien dans cette disgrâce, mais elle se réjouit de son remplacement par le marquis de Puisieulx, très lié à Pâris de Montmartel
. Quant au comte d’Argenson, frère cadet du marquis, il demeure ministre de la Guerre. Il a toute la confiance de Louis XV et participe aux chasses royales ainsi qu’aux soupers qui suivent. Le roi lui a même accordé les grandes entrées [9] . Et la cour de plaisanter : « L’un des deux frères a eu les grandes entrées, et l’autre les grandes sorties. »
Le roi s’énerve !
Le départ de l’aîné de la famille d’Argenson provoque la scission du gouvernement et de la cour en deux clans : les partisans de la marquise et ses ennemis. Preuve que la position de Madame de Pompadour demeure instable. Dans son camp figurent les frères Pâris
, le maréchal de Saxe, le marquis de Puisieulx, le maréchal de Noailles ou encore Machault d’Arnouville
. Parmi les opposants, tenants du parti de la légitimité conjugale, on trouve Maurepas, le pourfendeur des favorites, le comte d’Argenson, le prince de Conti et plusieurs Noailles. Sans oublier le dauphin et Mesdames ! De son côté, la reine est plus modérée…
« La famille royale commence à se conjurer contre Madame de Pompadour », se réjouit le marquis d’Argenson, toujours au courant des affaires de la cour dans son exil de Segrez, près de Paris. Lors d’une chasse, la favorite monte dans la calèche du dauphin, de son épouse et de Mesdames. Les enfants royaux décident de ne pas lui adresser la parole pendant tout le voyage, car tout est bon pour lui faire comprendre qu’elle ne sera jamais la bienvenue. En multipliant les agressions, ils espèrent contraindre le roi au renvoi de Madame de Pompadour pour le ramener dans le giron familial. Dans cette guéguerre, Marie-Josèphe
est partagée entre un mari à conquérir, des belles-soeurs convaincantes et une favorite trop habile pour s’offusquer. Quant à la belle-mère, peut-être cautionne-t-elle cette cabale, mais elle ne l’affiche jamais ! Dans cette aventure, la dauphine a oublié les injonctions du maréchal de Saxe [10] : il faut se défier des femmes de la cour et toujours respecter la favorite pour ne pas déplaire au roi. Informé, son père, Auguste III, la sermonne et Marie-Josèphe
rentre dans le rang.
Mais l’attitude des enfants a suffisamment duré pour irriter Louis XV, probablement aiguillonné par Madame de Pompadour. Il convoque Madame Henriette
pour lui « laver la tête », selon l’expression du maréchal de Saxe. De son côté, la marquise reçoit la dauphine pour la convaincre de s’adresser directement au roi et l’assurer qu’elle pourra aussi compter sur elle. En échange de quoi, Marie-Josèphe
reconnaît que certaines personnes ont cherché à lui nuire.
Quelques semaines plus tard, Louis XV accorde aux jeunes époux et à Mesdames un entretien privé de plus d’une heure. Que s’est-il passé dans le secret du cabinet royal ? Nul ne le sait, mais l’opération a été rondement menée car la fronde prend fin après cette entrevue ! Et Marie-Josèphe
conquiert la confiance du roi qui n’hésitera plus à l’interpeller de son diminutif de « Pépa ».
Après Victoire
, voilà Élisabeth
En mars 1748, la cour voit revenir Madame Victoire
, septième enfant de Louis XV et Marie Leszczyńska. C’est maintenant une séduisante jeune fille de quinze ans. Pensionnaire depuis dix ans de l’abbaye de Fontevrault, où sont toujours les deux dernières filles du couple royal, elle ne conserve que de lointains souvenirs de sa petite enfance. Mais elle semble heureuse de retrouver le cocon familial et des parents qu’elle connaît à peine car ils ne l’ont jamais visitée à Fontevrault.
En décembre arrive Madame Élisabeth
, la première fille de Louis XV, dite Madame Infante, bientôt rejointe par sa fille, l’infante Isabelle. « Babet », comme la surnomme son père, s’installe à Versailles. Ses retrouvailles avec ses compagnons d’enfance, sa soeur jumelle Madame Henriette
, son frère et Madame Adélaïde
, sont émouvantes.
Madame Infante et sa fille quitteront la France dix mois plus tard,
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