Marie Leszczynska
l’auteur n’apprécie ni la cour, ni les Français…
Beaucoup de temps libre…
Ce fonctionnement aussi pesant qu’ennuyeux n’a pourtant jamais semblé troubler Marie Leszczyńska. Dès son arrivée à Versailles, elle s’est pliée sans rechigner aux règles les plus contraignantes. Parfaitement consciente des devoirs d’une reine, elle respecte à la lettre le cérémonial monarchique. En contrepartie, elle exige la même rigueur de la part des courtisans. Hélas, sans grande réussite, car Versailles se débat à longueur d’année dans de ridicules conflits de préséance qui l’agacent, surtout lorsqu’ils persistent ! Feu le cardinal de Fleury fut souvent missionné par la souveraine pour les régler. Comme en 1728, avec le scandale des grands paniers : lors de cérémonies, les robes des princesses assises à côté de la reine ayant caché la sienne, Fleury dut arbitrer ce douloureux manquement à l’étiquette en décrétant qu’il y aurait désormais un fauteuil vide de chaque côté de la souveraine ! En 1743, nouvelle querelle à l’occasion d’un concert : « La reine était dans son fauteuil en représentation, et les princesses du sang auprès d’elle. Mademoiselle du Maine s’étant mise trop près de la reine, les deux paniers s’incommodaient et la reine s’en plaignit », rapporte le duc de Luynes.
Ces affaires n’ont jamais mis le royaume en péril ; tout juste ont-elles permis à quelques esprits mutins de railler gentiment une certaine rigidité royale. Mais Marie est ainsi faite, elle ne s’habituera jamais aux dérives de la cour. Elle ne supportera pas davantage les sempiternels problèmes de fonctionnement de Versailles, exacerbés par les rivalités entre services. Un jour de l’été 1743, elle souhaite souper à Trianon. Hélas, la fruiterie et le gouverneur de Trianon se disputent si bien la fourniture des bougies que la souveraine se résigne à quitter les lieux sans avoir pu y souper. Et quand la reine demande que l’on dépoussière sa courtepointe, les valets de chambre tapissiers, chargés du lit royal, rétorquent qu’ils ne sont pas compétents, la tâche étant du ressort des gens du garde-meuble.
Ces agacements versaillais permanents, Marie Leszczyńska les combat à sa manière, en s’organisant, comme Louis XV, une vie sociale en marge de la cour. En l’absence du roi, elle maintient scrupuleusement la représentation royale à Versailles. Mais quand le roi est présent, elle reprend son rang dans le fonctionnement quotidien et s’offre des plages de liberté et d’indépendance inconnues avant elle à Versailles, comme le note le duc de Luynes : « Sa piété et sa vertu qui viennent du tempérament et de l’éducation, l’ont mise à portée de jouir d’une liberté que jamais reine n’avait eue jusqu’à présent ; elle a au moins deux heures de temps à être dans ses cabinets le matin, et trois ou quatre les après-dîners, les jours qu’elle ne va point l’après-dîner à l’église. Dans ses heures particulières, elle voit qui elle veut, hommes et femmes, à son choix ; mais quoiqu’elle ait le ton de galanterie, accompagné d’esprit et de prudence, et qu’elle entende parfaitement ce langage, elle n’a nulle idée du mal, elle n’en a que l’horreur. »
Un petit groupe d’intimes
« L’univers sans mes amis est un désert pour moi », écrit Marie au duc de Luynes, le 1 er novembre 1752. La reine fait référence au petit groupe d’intimes qu’elle réunit aussi fréquemment que possible, parfois plusieurs soirs dans la même semaine. Constitué vers 1743, il rassemble le président Hénault
, le duc et la duchesse de Luynes, Mesdames de Villars et de Boufflers, les cardinaux de Tencin
et de Rohan, Paradis de Moncrif, le comte d’Argenson, Maurepas, le comte de Tressan, le marquis de Nangis
, chevalier d’honneur de la reine auquel succéderont les comtes de La Mothe-Houdancourt et de Tavannes
; sans oublier Monseigneur de Luynes, frère du duc, évêque de Bayeux puis archevêque de Sens et cardinal, mais aussi successeur de Fleury à l’Académie française. Parmi les amies de la reine figure également une Anglaise, la comtesse de Saint-Florentin, née Amélie de Platen. Fille d’un ministre du roi d’Angleterre, elle n’occupe aucune charge à la cour, mais son époux a succédé à Maurepas en 1749 comme secrétaire d’État de la Maison du roi. Il est aussi le chancelier de Marie
Weitere Kostenlose Bücher