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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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après un séjour prolongé de semaine en semaine avec la complicité de Louis XV, visiblement retombé sous le charme de « Babet ». La cour aussi est impressionnée par la vitalité et l’intelligence de cette jeune femme de vingt-deux ans, comme l’écrit le comte d’Argenson : « Je n’ai point vu de princesse qui ait plus envie de jouer un rôle et de devenir habile. Elle s’occupait beaucoup et au sérieux. Elle allait s’enfermer dans son cabinet, de trois à quatre heures, à écrire, à envoyer chercher les ministres. Elle suivait ici le roi comme le plus ardent courtisan. [...] On nous assure que, si jamais nous avons la guerre, ce sera pour augmenter son établissement en Italie. Du moins on lui enverra de l’argent en présent et en subside. »
    La veille du départ, fixé au 6 octobre 1749, Madame Henriette
s’évanouit de chagrin. « Le roi, note Luynes, ne voulut point souper au grand couvert dimanche, à cause de la grande affliction de monsieur le dauphin et de Mesdames, et de la sienne. »
    Les cadettes reviennent aussi
    Les deux dernières exilées de Fontevrault reparaissent à la cour le 18 octobre 1750. Le roi est allé les attendre à Bourron, en compagnie du dauphin et de Madame Victoire
. À l’abbaye, Sophie
et Louise formaient une petite bande avec Victoire
. Elles soupaient ensemble, partageaient les mêmes jeux et passaient leurs après-midi à étudier. Elles sont pourtant fort dissemblables. Si Victoire
est une jeune fille séduisante, Sophie
est « d’une rare laideur », selon Madame Campan : grande, grasse et jugée sotte. Des yeux inexpressifs et une vilaine bouche desservent un visage dont le profil ressemble pourtant à celui du roi. Louise, la benjamine, affiche une allure encore enfantine, malgré ses treize ans. Elle a un visage si lumineux et tellement expressif qu’on en oublierait presque sa petite taille et son dos déformé par une scoliose. Douce et silencieuse, elle vit retirée dans son univers, loin des petits drames de la cour, étrangère à la guerre que mènent ses aînées Henriette
et Adélaïde
contre « Maman-putain ».
    Louis XV est ravi de retrouver sa tribu. Il adore ses filles et se comporte en père affectueux, prenant plaisir à se laisser fléchir par ses petites princesses qu’il a affublées de vilains sobriquets : Loque pour Adélaïde
, Coche pour Victoire
, Graille pour Sophie
, Chiffe pour Louise. Marie en use parfois, notamment pour Adélaïde
qu’elle surnomme plutôt Torche . Ce que réprouve leur grand-père Stanislas qui appellera toujours ses petites-filles par leur prénom.
    La tendresse sous la froideur
    La cour s’attendrit devant les démonstrations d’affection de Louis XV. Ces débordements paternels mettent en exergue la froideur apparente de Marie Leszczyńska. À Versailles, on finit par se demander si la reine aime vraiment ses enfants. En réalité, Marie est simplement plus réservée, plus secrète, moins exubérante que son époux. Elle a probablement souffert de sa séparation avec les « exilées » de Fontevrault, mais ne s’en est jamais plainte.
    Ses principes religieux et le respect scrupuleux de l’étiquette ont toujours dicté son attitude. Ils l’ont contrainte à afficher le masque lisse d’une souveraine exemplaire, refusant le moindre signe de spontanéité. Sans oublier les malheurs conjugaux qui ont durci son caractère. Un exemple : quand Madame Infante a quitté Versailles, en octobre 1749, Marie ne s’est pas épanchée. Et pourtant, elle s’inquiétait car elle savait sa fille mal mariée. Elle n’ignorait pas non plus les confidences politiques de la jeune femme à Stanislas, lors de son séjour inopiné à Trianon : le grand-père et sa petite-fille délirant sur la prochaine vacance du trône de Pologne ou sur sa propre succession en Lorraine. Mais, au lieu de se confier, Marie a préféré se réfugier dans le silence et la prière.
    De toute évidence, la reine aime aussi ses enfants, mais elle applique les méthodes d’éducation mises en pratique avec elle par ses propres parents pour « fortifier le tempérament ». Toutefois, dans le cercle des intimes, elle rend souvent les armes, vaincue par les marques d’affection. Attitude confirmée par le duc de Luynes : « Les jours que le roi soupe dans ses cabinets, la reine s’établit dans la ruelle de son lit avec Monsieur le Dauphin, Madame la Dauphine [11] et Mesdames, et la conversation est

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