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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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et de Marie. Age :
zéro. »
    — Et
toi ? demanda-il en regardant Ruth.
    — Ruth.
Mon âge, je n’en ai aucune idée. Décide-le toi-même.
    Cela fît
sourire le décurion.
    — Je
vais écrire que tu as cent ans, mais que tu ne les fais pas.
    Puis vint
le tour des enfants.
    — Mon
nom, c’est Yakov, dit fièrement l’aîné de Yossef. Mon père c’est lui, ma mère
elle s’appelait Halva et j’ai presque dix ans.
    — Ton
nom c’est Jacques, soupira le décurion sans plus sourire.
    Et c’est
ainsi qu’en ces jours ils changèrent tous de nom pour les temps à venir :
    Mariamne
devint Marie, Marie de Magdala.
    Hannah
devint Anne.
    Halva
devint Alba.
    Elichéba
devint Elisabeth.
    Yakov
devint Jacques.
    Libna
devint Lydie.
    Yohanan
devint Jean.
    Yossef
devint Joseph.
    Shimon
devint Simon.
    Yehuda
devint Judas.
    Zacharias
devint Zacharie.
    Gueouél
devint Georges.
    Rekab
devint Roland…
    Et ainsi
de tous les noms que l’on portait dans le peuple d’Israël.
    Il n’y eut
que Barabbas dont le nom ne fut pas changé. D’abord parce qu’il refusa de se
présenter devant les Romains. Et puis, en cette langue araméenne que chacun
parlait en ces jours dans le royaume d’Israël, Barabbas signifiait « fils
du père ». C’était ainsi que l’on nommait les enfants dont les mères ne
pouvaient donner le nom du père. C’était le nom de ceux qui n’avaient pas de
nom.
    Mais cela,
les Romains l’ignoraient.
    Tout comme
ils ignoraient que le nom du fils de Marie, qu’elle enfanta onze jours plus
tard dans une ferme abandonnée, du côté de Bethléem, ce Yechoua que le décurion
avait nommé Jésus, car à l’oreille cela se ressemblait, signifiait le
« sauveur ».
     

 
     
    Je
croyais que mon récit s’arrêtait là.
    La
suite est l’histoire la mieux connue du monde, pensais-je. Outre les Évangiles,
innombrables sont les peintres, les conteurs et, de nos jours, les cinéastes
qui l’ont racontée sous mille facettes différentes au cours des siècles.
    Durant
les quelques années nécessaires aux recherches et à la rédaction de ce roman,
dressant le portrait de « ma » Marie, je m’étais efforcé d’imaginer
qui avait pu être cette Miryem de Nazareth, née en Galilée. Une femme réelle,
vivant dans le chaotique royaume d’Israël en l’an 3760 après la création du
monde par l’Eternel, selon la tradition juive, année qui devint la première de
l’ère chrétienne.
    Or ce
que disent les Évangiles de la mère de Jésus tient dans un mouchoir de poche.
Quelques phrases contradictoires et vagues. Un vide qui mit en ébullition
l’imagination des auteurs des apocryphes qui fleurirent jusqu’à la Renaissance,
romanciers de leur temps. Ainsi naquit une Marie cristallisée par le goût de l’Eglise
romaine, peu convaincante et bien trop marquée par ! ignorance de
l’histoire d’Israël à laquelle Miryem appartenait.
    Mais le
destin d’un livre n’est pas scellé par avance. Le hasard souffle et fait
s’envoler les pages. Il brouille leur belle ordonnance, bouleverse les
évidences pourtant longuement mûries. En vérité, les personnages ne sont jamais
que de papier. Ils exigent leur vie, leur part d’imprévu. Un imprévu qui
s’immisce dans les phrases et trouble leurs sens.
    Ainsi,
quelques jours à peine après avoir achevé une première rédaction de mon roman,
le hasard a voulu que je me rende à Varsovie, ville de ma naissance. Je devais
y compléter un film dédié aux Justes, à ceux, chrétiens ou non, qui, pendant la
dernière guerre mondiale, ont sauvé des Juifs. Souvent au péril de leur vie.
    Jamais,
depuis mon arrivée tout jeune en France, je n’étais retourné en Pologne.
L’émotion était grande. Et, sous le plaisir nostalgique et ambigu que chacun
éprouve à retrouver les lieux de son enfance, revenait en moi une ancienne, une
indélébile colère.
    Je
retrouvais une Varsovie étrangère à ma mémoire. Ce monde fébrile et tourmenté,
nimbé du souvenir du yiddish volubile et coloré de mon grand-père Abraham,
imprimeur de son état, mort dans la révolte du ghetto de Varsovie, avait
disparu. Effacé, ce monde-là, aussi radicalement que s’il n’avait jamais
existé.
    Comme
le dit souvent Joseph d’Arimathie à Miryem de Nazareth, la colère aveugle, rend
maladroit au moment de défendre les causes les plus justes.
    A peine
arrivé dans Varsovie, mon seul désir était de quitter au plus vite cette ville.
Fuir le passé et

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