Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
ne
devait pas rester immobile. Peut-être pouvait-elle atteindre la rue la plus
proche, où il y aurait des maisons ?
    Elle fit
quelques pas en direction de l’âne, qui les observait en agitant ses grandes
oreilles. Les gamins la suivirent, redoublant leurs grognements stupides et
leurs bonds menaçants.
    L’âne
retroussa les babines, découvrit ses dents jaunes dans un braiment mauvais qui
n’impressionna pas les gosses. Ils lui claquèrent aussitôt les flancs en
l’imitant. En un instant, ils furent là, serrés autour Miryem, riant de leurs
singeries comme les enfants qu’ils étaient, la contraignant à s’immobiliser de
nouveau.
    Leurs
rires anéantirent sa crainte. Oui, c’étaient des gosses, et qui s’amusaient
avec ce qu’ils pouvaient : la peur de l’âne et la peur d’une fille trop
sotte !
    Les mots
d’Halva lui traversèrent l’esprit : « Trouve des personnes de bonne
mine. » Elle les avait devant elle, ces personnes de « bonne
mine ». Le Tout-Puissant lui offrait l’occasion dont elle désespérait, et
si Barabbas était celui que l’on disait, alors, elle avait trouvé les messagers
dont elle avait besoin.
    Elle
pivota sur elle-même, brusquement. Les enfants s’écartèrent d’un bond, telle
une meute craignant les coups.
    — Je
ne vous veux pas de mal ! s’exclama Miryem. Au contraire, j’ai besoin de
vous.
    Une
dizaine de paires d’yeux la scrutèrent, soupçonneuses. Elle chercha un visage
qui paraisse plus raisonnable que les autres. Mais la crasse et la défiance les
maquillaient tous d’un même masque.
    — Je
cherche un homme qui s’appelle Barabbas, lança-t-elle. Celui que les
mercenaires d’Hérode traitent comme un bandit.
    Ce fut
comme si elle les avait menacés d’un brandon. Ils s’agitèrent, marmonnèrent des
mots inaudibles, la bouche mauvaise, le regard querelleur. Quelques-uns, les
poings serrés, prirent des poses comiques de petits hommes.
    Miryem
ajouta :
    — Je
suis son amie. J’ai besoin de lui. Lui seul peut m’aider. Je viens de Nazareth
et je ne sais pas où il se cache. Je suis sûre que vous pouvez me conduire
jusqu’à lui.
    Cette
fois, la curiosité tendit leurs visages et les rendit silencieux. Elle ne
s’était pas trompée. Ces gamins sauraient trouver Barabbas.
    — Vous
le pouvez, et c’est important. Très important. L’embarras succéda à la
curiosité. La méfiance réapparut.
    L’un
d’eux, d’une voix criarde, lança :
    — On
ne sait même pas qui c’est, ce Barabbas !
    — Il
faut lui répéter que Miryem de Nazareth est ici, dans Sepphoris, insista Miryem
comme si elle n’avait pas entendu. Les soldats du sanhédrin ont enfermé mon
père dans la forteresse de Tarichée.
    Ces
derniers mots brisèrent ce qui leur restait de résistance. L’un des gamins, ni
le plus costaud ni le plus violent de la bande, se rapprocha. Sur son corps
malingre, son visage sale semblait vieilli prématurément.
    — Si
on le fait, qu’est-ce que tu nous donnes ? Miryem fouilla dans la poche de
cuir qui doublait son manteau. Elle en tira des piécettes de laiton : à
peine un quart de talent, le prix d’une matinée de labeur dans les champs.
    — C’est
tout ce que j’ai.
    Les yeux
des enfants brillèrent. Leur petit chef surmonta son plaisir et parvint à
afficher un dédain convaincant.
    — C’est
rien du tout. Et ce que tu demandes, c’est beaucoup. On raconte que ce
Barabbas, il est très méchant. Il peut nous tuer s’il n’est pas content qu’on
lui coure après.
    Miryem
secoua la tête.
    — Non.
Je le connais bien. Il n’est pas méchant, ni dangereux avec ceux qu’il aime
bien. Moi, je n’ai plus rien, mais si vous me conduisez à lui, il vous récompensera.
    — Pourquoi ?
    — Je
te l’ai dit : c’est mon ami. Il sera content de me voir. Un sourire rusé
s’esquissa sur les lèvres du garçon. Ses compagnons se serraient maintenant
autour de lui. Miryem tendit la main, offrant les piécettes.
    — Prends.
    Aussi légers
que les pattes d’une souris, sous les regards vigilants de ses camarades, les
doigts de l’enfant cueillirent les pièces dans sa paume.
    — Toi,
ne bouge pas d’ici, ordonna-t-il en refermant son poing contre sa poitrine. Je
vais voir si je peux te conduire. Mais avant qu’on revienne, ne bouge pas
d’ici, sinon, tant pis pour toi.
    Miryem
opina.
    — Dis
bien mon nom à Barabbas : Miryem de Nazareth ! Et que mon père va
mourir dans la forteresse de

Weitere Kostenlose Bücher