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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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je rentre trop tard à Nazareth.
    Elle
attira Miryem contre elle.
    — Sois
prudente avec ce Barabbas ! Après tout, c’est quand même un peu un bandit…
    — Si
jamais je parviens à le rencontrer, soupira Miryem.
    — Tu
le verras ! Je le sais. Comme je sais que tu vas sauver ton père de la
croix.
    Halva
l’embrassa à nouveau. Cette fois, sans plus de malice, mais avec tendresse et
sérieux.
    — Je
le sens dans le fond de mon cœur, Miryem : il me suffit de te voir pour le
sentir. Tu vas sauver Joachim. Tu peux me faire confiance : mes intuitions
ne me trompent jamais !
    Tout au
long du chemin, elles n’avaient cessé de réfléchir au moyen de trouver
Barabbas. À Halva, Miryem n’avait pas caché son souci : elle ignorait tout
simplement où il se cachait. Devant ceux de Nazareth, elle avait montré
beaucoup d’assurance en affirmant qu’il l’écouterait. Peut-être était-ce vrai.
Mais, d’abord, il fallait parvenir jusqu’à lui.
    — Si
les Romains et les mercenaires d’Hérode ne le trouvent pas, comment y
arriverai-je, moi ?
    Halva,
toujours pratique et confiante, ne s’était pas laissé impressionner par la
difficulté.
    — Tu
le trouveras justement parce que tu n’es ni romaine ni mercenaire. Tu sais bien
comment vont les choses. Il doit y en avoir plus d’un, dans Sepphoris, qui sait
où Barabbas se cache. Il a des partisans et des débiteurs. Ils te
renseigneront.
    — Si
je pose trop de questions, on va se méfier. Il me suffira de marcher dans les
rues de Sepphoris pour qu’on se demande qui je suis, où je vais.
    — Bah !
Les gens sont curieux, comme chez nous, mais qui irait courir chez les
mercenaires d’Hérode pour te dénoncer ? Tu n’auras qu’à expliquer que tu
vas rejoindre une tante. Raconte que tu vas aider ta tante Judith qui va avoir
un nouvel enfant. Ce n’est pas un bien gros mensonge. C’est même presque vrai,
puisqu’il lui en est né un à l’automne dernier. Et quand tu vois une personne
de bonne mine, dis la vérité. Il y en a bien une qui saura te répondre.
    — Et
comment les reconnaîtrai-je, celles de « bonne mine » ?
    Halva
s’exclama, espiègle :
    — Tu
peux déjà éliminer les riches et les artisans trop sérieux ! Allons, aie
confiance. Tu es parfaitement capable de distinguer un fourbe d’un honnête
homme et une mégère vicieuse d’une bonne mère.
    Halva
avait peut-être raison. Dans sa bouche, les choses paraissaient faciles,
évidentes. Mais maintenant qu’elle approchait des portes de la ville, Miryem
doutait plus que jamais de pouvoir extirper Barabbas de sa cachette pour lui
demander son aide.
    Pourtant,
le temps pressait. Dans deux jours, trois, quatre tout au plus, il serait trop
tard. Son père mourrait sur la croix, calciné par la soif et le soleil, dévoré
par les corbeaux, sous les quolibets des mercenaires.
    *
    * *
    Dans la
lumière légère du matin, Sepphoris s’éveillait. Les boutiques ouvraient, les
tentures et les portières des maisons s’écartaient. Les femmes se hélaient avec
des cris aigus, s’assurant que la nuit des uns et des autres avait été bonne.
Les enfants, par grappes, allaient chercher de l’eau aux puits en se
chamaillant. Des hommes, le visage encore chiffonné de sommeil, bousculant
leurs ânes et leurs mulets, partaient pour les champs.
    Comme
Miryem l’avait prévu, des œillades curieuses glissèrent vers elle, cette
étrangère qui entrait si tôt dans la ville. Peut-être devinait-on, à son pas un
peu trop sec, un peu trop lent, qu’elle ignorait son chemin, mais qu’elle
n’osait pas pour autant le demander. Cependant, la curiosité qu’elle suscitait
était moins vive qu’elle ne l’avait craint. Les regards se détournaient après
avoir jaugé son allure et la bonne qualité de son manteau.
    Quand elle
eut croisé plusieurs rues, songeant aux conseils d’Halva, elle marcha plus
fermement. Elle prit ici à gauche, là à droite, comme si elle connaissait la
ville et savait parfaitement où la menaient ses pas. Elle cherchait un visage
qui lui inspirât confiance.
    Elle
traversa ainsi un quartier après l’autre, passant devant les échoppes puantes
des pelletiers, celles des tisserands qui étendaient, sur de longues perches,
draperies, tapis et tentures, éblouissant la rue d’une fête de couleurs. Puis
vint le quartier des vanniers, des tisseurs de tentes, des changeurs…
    Brièvement,
elle quêtait sur les visages un signe qui lui eût

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