Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
tête.
    — Et
pourquoi le ferait-il ? On n’a pas d’or pour sa récompense !
    — Il
le fera parce qu’il me le doit. Les yeux ronds, tous la dévisagèrent.
    — Il
nous doit la vie, à mon père et à moi. Il m’écoutera, j’en suis sûre.
    *
    * *
    D’interminables
palabres se prolongèrent jusque tard dans la nuit.
    Hannah
gémit qu’elle ne voulait pas laisser partir sa fille. Miryem voulait-elle la
laisser absolument seule ? Sans plus d’enfant ni d’époux ? Car aussi
sûrement que Joachim était déjà comme crucifié et mort, Miryem serait prise par
les voleurs ou par les mercenaires. Elle serait souillée puis assassinée. Voilà
ce qui l’attendait.
    Le rabbin
la soutint. Miryem parlait avec l’inconscience de la jeunesse autant que
l’oubli de son sexe. Qu’une jeune fille aille ainsi se jeter dans la gueule
d’un fauve, un rebelle, un voleur comme ce Barabbas, était inconcevable. Et
pour arriver à quoi ? A se faire tuer à la première occasion ? À
attiser la hargne des Romains et des mercenaires du roi, qui ne manqueraient
pas de se retourner contre eux tous ?
    Ils se
saoulaient des mots de la peur, de l’imagination du pire. Ils se complaisaient
dans l’impuissance. Bien qu’elle sût que tous parlaient par affection et se
croyant sages, Miryem en vint à ressentir un immense dégoût.
    Elle
s’éclipsa sur la terrasse. Gorgée de toute la tristesse de ce jour, elle
s’allongea sur les billots de bois dissimulant la cache désormais inutile que
son père avait confectionnée pour elle quand elle n’était qu’une petite fille.
Elle ferma les yeux et laissa les larmes glisser sous ses paupières.
    Elle
devait pleurer maintenant, car dans un moment, sans que nul ne s’en aperçoive,
elle accomplirait ce qu’elle avait dit. Elle quitterait Nazareth pour aller
sauver son père. Alors, il ne serait plus temps de larmoyer.
    Dans
l’obscurité, le visage de Joachim lui revint. Doux, accueillant, et terrible,
aussi, comme elle l’avait entrevu lorsqu’il avait frappé le mercenaire.
    Il avait
eu ce courage. Pour elle. Pour la vieille Houlda, pour eux tous, les habitants
de Nazareth. Lui, le plus doux des hommes. Lui que l’on venait chercher afin
d’apaiser les querelles entre voisins. Il avait eu ce courage. Elle devait
l’avoir aussi. À quoi bon attendre l’aube si le jour qui venait ne devait pas
être celui de la lutte contre qui vous humilie et vous anéantit ?
    Elle
rouvrit les yeux, s’obligea à scruter les étoiles pour y deviner la présence du
Tout-Puissant. Ah, si au moins elle pouvait Lui demander s’il voulait, ou ne
voulait pas, la vie de Joachim, son père !
    Elle
sursauta en entendant un frôlement.
    — C’est
moi, chuchota la voix d’Halva. Je me doutais que tu étais là.
    Elle
saisit la main de Miryem, la serra en posant ses lèvres sur la pointe des
doigts.
    — Ils
ont peur, ils sont tristes, alors ils ne peuvent plus s’arrêter de parler,
dit-elle simplement en désignant le brouhaha qui venait d’en bas.
    Et comme
Miryem se taisait, elle ajouta :
    — Tu
vas partir avant le jour, n’est-ce pas ?
    — Oui,
il le faut.
    — Tu
as raison. Si tu veux, je t’accompagnerai un bout de chemin avec notre mule.
    — Que
dira ton époux ?
    — J’ai
parlé avec Yossef. En vérité, sans les enfants, il partirait avec toi.
    Elle
n’avait pas besoin d’en dire davantage. Miryem savait que Yossef aimait Joachim
comme un fils. Il lui devait tout ce qu’il savait de son métier de charpentier
et même sa maison, à deux lieues de Nazareth, où il était né.
    Poursuivant
sa pensée, Halva rit avec tendresse.
    — Sauf
que Yossef est bien le dernier homme que j’imagine en train de se battre contre
des mercenaires ! Il est si timide qu’il n’ose pas dire tout haut ce qu’il
pense !
    Elle
attira Miryem contre elle, l’entraîna vers l’escalier.
    — Je
vais passer devant pour qu’ils ne te voient pas sortir. Nous irons chez moi. Je
te donnerai un manteau, comme ça, ta mère ne devinera rien. Et tu pourras te
reposer au calme quelques heures avant que nous prenions la route.
     

2
    Le soleil
se levait au-dessus des collines lorsqu’elles quittèrent la forêt. Loin dans le
creux de la vallée, au pied du chemin qu’elles empruntaient, s’étalant entre
les vergers en fleurs et les champs de lin, apparurent les toits serrés de
Sepphoris. Halva immobilisa la charrette.
    — Je
vais te laisser ici. Il ne faut pas que

Weitere Kostenlose Bücher