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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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ruissellent de haine, tous autant qu’ils sont, et le chaos règne
au palais d’Antonia, à Jérusalem, ainsi qu’à Césarée. Les officiers romains ne
sont pas prêts à soutenir les folies de cette famille dégénérée. Si ce fou
d’Hérode survit à sa maladie et apprend qu’ils ont agi sans son consentement,
ils sont bons pour la fosse. Notre roi est fou, mais il est le maître d’Israël
depuis le premier grain de froment jusqu’aux lois impies qui sortent du
sanhédrin. Nous, les pauvres de Galilée, nous craignons ses mercenaires et ses
charognards. Mais eux le craignent autant que nous. Alors, tant qu’il est
malade et qu’il ne donne pas d’ordre, nul ne s’aventure hors de son ombre.
    — Voilà
une nouvelle qui me réchauffe le cœur ! s’exclama Barabbas bruyamment. Et
qui me souffle que j’ai raison de vouloir…
    Il ne put
continuer. Des cris, des appels, des pas les firent se lever des bancs. Hannah
se précipitait dans l’ombre des platanes, les mains levées au-dessus de la
tête.
    — Joachim !
Dieu Tout-Puissant ! Béni soit l’Éternel ! Tu es là, je te
vois ! Moi qui refusais de croire ce gamin…
    Joachim
accueillit son épouse contre lui. Hannah l’enlaça de toutes ses forces,
balbutiant encore, la bouche mouillée de larmes :
    — Oui,
c’est bien toi ! Tu n’es pas un démon. Je reconnais ton odeur ! Oh,
mon époux, t’ont-ils fait mal ?
    Joachim
allait répondre, quand Hannah s’écarta, les yeux grands ouverts, la bouche
béante, les traits convulsés par la panique.
    — Où
est Miryem ? Elle n’est pas avec toi ? Elle est morte ?
    — Non,
mère ! Je suis ici.
    Hannah
pivota, la vit qui accourait depuis le seuil de la maison.
    — Ma
folle de fille ! Tu m’as fait une de ces peurs !
    Sous
l’effet de tant d’émotions accumulées, Hannah respirait péniblement, n’était
plus capable de caresser leurs visages, leurs yeux bien-aimés. L’on crut, avant
d’en rire un peu, qu’elle allait défaillir.
    Abdias,
qui l’avait suivie de loin, emmêla un peu plus son abondante tignasse en un
geste perplexe.
    — Bon
sang ! Elle a failli ameuter tout le village quand je lui ai appris que
Miryem était ici avec le père Joachim, confia-t-il à Barabbas. Pas moyen
qu’elle me croie. Elle voulait que je sois un espion des mercenaires. Je
l’attirais dans un piège, disait-elle, des craques dans ce genre. Impossible de
lui fermer le clapet sans se fâcher. Encore heureux que Miryem ne lui ressemble
pas !
    *
    * *
    Plus tard,
une fois la nuit tombée, une fois tous serrés autour d’une lampe et alors que
les femmes et les enfants dormaient, Barabbas, à voix basse, révéla à Yossef
son grand projet. Le temps était venu de lancer une révolte qui embraserait la
Galilée, puis Israël tout entier, renversant le pouvoir honni d’Hérode et
libérant le pays du joug romain.
    — Comme
tu y vas ! souffla Yossef, les yeux écarquillés.
    — Si
ce que tu racontes sur Hérode est vrai, alors, il n’y a pas meilleur moment.
    — Faible,
Hérode l’est sans doute. Mais faible à ce point…
    — Si
tout le pays se lève contre lui, qui le soutiendra ? Pas même les
mercenaires, qui auront peur pour leur solde.
    — C’est
une idée folle, intervint Joachim. Aussi folle que Barabbas lui-même. Mais
c’est ainsi qu’il m’a sauvé de la croix. Cela mérite que nous en discutions
avec ceux qui haïssent autant que nous Hérode et ces pourris de sadducéens du
Temple : les zélotes, les esséniens et certains pharisiens. Parmi eux, il
y a des sages qui prendront le temps de nous écouter. Si nous parvenions à les
convaincre d’entraîner leurs fidèles dans notre révolte…
    — Quand
le peuple les verra s’allier à nous, il saura qu’il est temps pour lui de se
battre, renchérit Barabbas avec fougue.
    Yossef ne
les contredit pas. Il ne doutait ni de leur volonté ni de leur courage. Comme
Joachim et Barabbas, il était convaincu que subir passivement la folie d’Hérode
ne menait qu’à davantage de souffrances.
    — Si
votre désir est de réunir des gens pour parler, cela peut se faire ici, dans ma
maison, dit-il. Le risque n’est pas bien grand. Nous sommes à l’écart de
Nazareth et, à ce jour, les Romains ne me suspectent pas. Ceux que vous
inviterez pourront nous rejoindre sans crainte. Les chemins détournés qui
conduisent jusqu’ici ne manquent pas. Ils n’auront pas même à passer par
Nazareth.
    Barabbas
et

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