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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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comment se rendre à l’atelier et à la maison sans se faire remarquer
des voisins et, tandis que le garçon filait tel un renard, Yossef acheva de
leur donner des nouvelles du village.
    Comme on
pouvait s’y attendre, les percepteurs étaient revenus à Nazareth après
l’arrestation de Joachim.
    — Le
croiras-tu, Joachim ? Celui que tu avais blessé était là. Il avait le bras
bandé, mais tout de même, quatre jours lui ont suffi pour se remettre !
    — Ah !
Quel maladroit je suis ! s’amusa Joachim. Mon coup de lance n’était donc
pas tellement bien placé !
    Yossef et
Barabbas s’esclaffèrent.
    — C’est
certain !
    Cette
fois, trois officiers romains et une cohorte de mercenaires accompagnaient les
précepteurs. Ils s’étaient montrés violents, mais guère plus que d’ordinaire.
    — Ils
voulaient surtout étaler leur plaisir en nous annonçant que tu allais crever
sur la croix, expliqua Yossef en serrant l’épaule de Joachim. Ils l’ont répété
tant de fois que chacun a fini par le croire. Ta pauvre Hannah pleurait toutes
les larmes de son corps, gémissant que le Tout-Puissant l’avait abandonnée,
qu’elle avait perdu son époux et sa fille !
    Il grimaça
à ce souvenir. Le désespoir d’Hannah avait été si dévastateur qu’Halva resta
auprès d’elle quelques jours. Cependant sans parvenir à la consoler ni à la
rassurer. Si bien qu’on craignit qu’elle ne perde l’esprit.
    — Moi,
je me doutais bien que tu te débrouillerais pour faire mentir ces charognards,
ajouta Yossef avec un clin d’œil à Miryem. Mais j’avais peur que les
mercenaires finissent par comprendre que tu avais quitté le village pour voler
au secours de ton père.
    — Bah !
grogna Barabbas avec mépris. Les Romains et les mercenaires sont tellement sûrs
de leur force qu’ils en ont perdu toute imagination. En plus, ils ne
comprennent pas notre langue.
    — Eux,
peut-être, protesta Yossef, mais les percepteurs sont rusés. S’ils méprisent
notre accent de Galilée, ils ont l’oreille aussi fine que leurs doigts sont
rapaces. Aussi, j’ai fait la leçon, à la synagogue, afin que chacun comprenne
qu’il faut se taire. Mais tu sais comme vont les choses, Joachim. Il y en a
toujours à qui on ne peut faire confiance.
    Toutefois,
un bien pouvant parfois surgir d’un mal, l’esprit de vengeance des percepteurs
du sanhédrin n’avait fait qu’accroître la fureur des villageois et taire les
dissensions.
    — Ils
nous ont saignés à blanc, soupira Yossef. Nous avons à peine de quoi survivre
jusqu’à la prochaine récolte.
    Les
percepteurs avaient emporté tout ce qu’ils pouvaient, vidant les caves et les
greniers de tous les sacs et les jarres qu’ils parvenaient à dénicher, et
ordonnant aux mercenaires de charger si haut les charrettes que les mules
peinaient à les tirer.
    — Ici,
ils ont retourné la maison de fond en comble, à la recherche de deniers que je
ne possède pas. J’achevais d’assembler deux petits coffres pour les vêtements
des enfants. Allez donc ! Ils les ont embarqués. Et aussi les figues
qu’Halva venait de cueillir ! Elles ont dû pourrir avant d’arriver à
Jérusalem, c’est certain, mais ils voulaient se saisir de tout. Pour le plaisir
de nous humilier.
    Yossef
soupira tout en clignant de l’œil, goguenard.
    — Seuls
nos troupeaux leur ont échappé. Nous avions envoyé les bêtes dans les forêts
avec quelques garçons.
    — Et
ces imbéciles n’ont pas été étonnés de leur absence ? s’enquit Barabbas.
    — Oh
que si ! Mais on a déclaré que c’était fini, que nous ne voulions plus de
bétail, petit ou gros. Puisque chaque fois ils nous les prenaient, à quoi
bon ? L’un des percepteurs a dit : « Vous mentez, comme
toujours. Votre bétail court la forêt, j’en suis sûr. » Quelqu’un a
répliqué : « Eh bien, allez donc dans la forêt voir s’il y est ou si
le Tout-Puissant a transformé nos bêtes en lions ! »
    Joachim et
Barabbas approuvèrent en s’esclaffant. Yossef secoua la tête.
    — Je
peux vous jurer qu’on les a maudits. Notre bonheur fut d’autant plus grand
d’apprendre que Miryem et Barabbas avaient réussi. De savoir que tu étais libre
et bien vivant nous a lavé le cœur. Même ceux de la synagogue ont pensé que
l’Éternel ne voulait pas de cette horreur. Même eux, qui, dès qu’un malheur
nous touche, y voient la punition de l’Éternel !
    Les yeux
embués, emporté par

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