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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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mou que tu n’es, Joachim, grogna Barabbas. Invite tes sages
chez ton ami Yossef. Abdias peut leur porter le message. Et laisse-moi leur
parler. Que risques-tu ?
    Joachim
chercha le regard de Miryem, qui approuva.
    — Pourquoi
avoir failli mourir sur la croix, si cela ne sert à rien, père ?
Simplement à se cacher en Galilée, toute notre vie, pour rien ! C’est nous
qui décidons si nous sommes impuissants devant le roi. Croire que ses
mercenaires sont toujours plus forts que nous, c’est lui donner raison de nous
mépriser.
     

5.
    Après avoir
suivi, au pied du mont Tabor, une longue piste détournée qui leur évitait les
voies trop fréquentées et la traversée de Nazareth, ils étaient convenus que
Miryem irait en avant prévenir Halva et Yossef.
    Sur le
sentier bordé d’acacias et de caroubiers qui serpentait vers la crête de la
colline, elle marchait si vite que ses pieds touchaient à peine le sol. À
l’approche du sommet, l’opacité des haies s’atténua. Elle aperçut les vergers
de cédrats, la petite vigne et les deux grands platanes qui entouraient la
demeure de Yossef. Sans qu’elle en eût conscience, un grand sourire lui
illumina le visage.
    Un
bêlement lui fit lever la tête. Un troupeau de brebis et d’agneaux déambulait
dans le champ surplombant le chemin. Elle allait se détourner et courir jusqu’à
la maison quand elle devina une forme qui se relevait entre les câpriers et les
genêts. Elle reconnut la tunique claire joliment brodée de bleu et d’ocre. Elle
reconnut l’opulente chevelure aux ondoiements pourpres et cria :
    — Halva !
Halva !
    Étonnée,
Halva demeura immobile, se protégeant les yeux du soleil pour mieux distinguer
celle qui volait vers elle.
    — Miryem…
Dieu Tout-Puissant ! Miryem ! Ce furent des rires et des larmes.
    — Tu
es vivante !
    — Mon
père aussi… Nous l’avons sauvé.
    — Yossef
me l’assurait ! Il l’a entendu raconter à la synagogue, mais je n’osais y
croire !
    — Quel
bonheur de te voir !
    Des cris
retentirent à leurs pieds. Halva s’écarta de Miryem.
    — Shimon,
mon petit ange, serais-tu jaloux de Miryem ? Le petit garçon de deux ans à
peine se tut. La bouche ouverte, la mine terriblement sérieuse, il contempla
Miryem. Ses grands yeux bruns s’écarquillèrent soudain, scintillants, et il
tendit les bras avec un habillement impérieux.
    — Hé,
ne croirait-on pas qu’il me reconnaît ? s’exclama Miryem, ravie.
    Rieuse,
elle se pencha pour le prendre. Lorsqu’elle se redressa, elle découvrit Halva,
une main sur la bouche, livide et chancelante.
    — Halva !
Que t’arrive-t-il ?
    Halva
tenta de sourire, respirant un peu fort et s’appuyant finalement à l’épaule de
Miryem.
    — Ce
n’est rien, murmura-t-elle d’une voix blanche. Un petit étourdissement. Cela va
passer.
    — Es-tu
malade ?
    — Non,
non !
    Halva
reprit son souffle en se massant doucement les tempes.
    — Cela
m’arrive parfois depuis la naissance de Libna. Ne t’inquiète pas. Viens, allons
vite prévenir Yossef ! Il va sauter de joie en te voyant.
    *
    * *
    Ce fut une
belle journée de retrouvailles. Yossef n’eut pas la patience d’attendre
Joachim. Il courut à sa rencontre, dévala le chemin dès qu’il vit la grande
silhouette de son ami. Il l’embrassa, remerciant l’Éternel entre pleurs et
rires.
    Il salua
Barabbas et Abdias avec à peine moins d’effusion. Bien sûr, bien sûr, ils
pouvaient tous trouver refuge chez lui, s’écria-t-il lorsqu’ils pénétrèrent
dans la cour de sa maison. Il y avait toute la place nécessaire. Et n’avait-il
pas, sur les conseils de Joachim, construit une chambre discrète, quasi
secrète, derrière son atelier ? On y déroulerait des nattes pour Joachim
et ses compagnons, tandis que Miryem coucherait dans la pièce des enfants.
    Ils
s’assirent autour d’une table installée dans l’ombre douce des platanes qui
protégeaient la demeure des grandes chaleurs.
    — Ici,
vous ne risquerez rien, ajouta-t-il. Personne ne se doutera que vous êtes chez
moi. De toute façon, les mercenaires ne sont plus dans Nazareth.
    Aidée de
Miryem, qui protesta qu’elle n’était pas du tout fatiguée, Halva apporta à
boire et de quoi rassasier une faim aiguisée par la marche. Abdias but
avidement et grignota à peine. Sachant l’impatience de Joachim et de Miryem, il
se proposa d’aller prévenir discrètement Hannah de leur arrivée. Joachim lui
indiqua

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