Marilyn, le dernier secret
tubes en même temps, la notion de renouvellement sous-entendant, bien évidemment, que la transaction aurait lieu lorsque la prescription originale serait consommée. Ce qui signifie que Marilyn avait un seul tube de Nembutal à sa disposition le soir de son décès.
Avant d'expliquer le sens de cette révélation, une parenthèse s'impose. Certains défenseurs du suicide, confrontés à la réalité de la prescription d'Engelberg, avancent l'hypothèse d'un second tube prescrit par un autre médecin. Une assertion qui n'est fondée sur aucun élément tangible. Non seulement, il n'existe pas la moindre facture de ce tube fantôme, mais son absence de la table de chevet et des étagères de la salle de bains achève de classer l'affaire sans suite. Si un tel second tube avait existé, il figurerait dans la liste établie par le LAPD. Ce qui n'est pas le cas.
*
Ce détour vers le monde un peu rébarbatif du calcul de tubes et pilules n'est évidemment pas fortuit. Je ne me suis pas efforcé d'établir avec précision le nombre de tubes de Nembutal possédés par Marilyn le jour de son décès uniquement pour satisfaire une passion maladive du détail. Au contraire, cette quête pointilleuse aide à clarifier les choses.
Comme l'établissent formellement le rapport de la police et la liste des pièces à conviction dressée par le laboratoire de toxicologique, le tube de Nembutal retrouvé vide, près du lit de l'actrice, avait contenu vingt-cinq comprimés.
Par déduction logique, cela signifiait que si Marilyn avait choisi de se suicider, elle avait avalé la totalité du tube. Donc, une dose maximum de vingt-cinq comprimés.
Vingt-cinq.
Et non, comme l'écrivait Noguchi, « le vendredi elle avait acheté cinquante comprimés de Nembutal ».
Vingt-cinq, cinquante… Un écart important.
Mais, après tout, cela faisait-il une différence ?
*
La vérité résidait réellement dans les détails.
Lorsque Raymond J. Abernathy acheva l'examen du prélèvement de sang que lui avait fourni Noguchi, il commença un calcul de conversion, le taux de somnifère retrouvé dans le sang de Marilyn permettant en effet, à quelques unités près, d'établir combien de comprimés de Nembutal la star avait avalés. Et ce chiffre lui parut correct.
Par sécurité, le directeur du laboratoire de toxicologie demanda à Theodore Curphey, le Coroner, de vérifier son pourcentage.
De son côté, afin de clore son rapport, Noguchi avait à son tour entrepris l'opération.
Indépendamment les uns des autres, les trois hommes aboutirent à la même conclusion.
Pour être en phase avec le taux, fatal, de Nembutal retrouvé dans le sang de Marilyn Monroe, ils arrivaient à au moins quarante-sept comprimés. Quarante-sept…
Soit vingt-deux de plus que le nombre de pilules à sa disposition !
*
L'édifice venait de trembler.
Les répercussions de cette différence majeure sont énormes.
Comment expliquer que le taux de Nembutal retrouvé dans le sang soit presque le double de la quantité maximale dont elle disposait ? Cela signifie-t-il qu'un second tube aurait disparu ? Et si oui, pourquoi ? Ou alors, ce dosage confirmait-il qu'on lui avait injecté cette substance nocive ?
Quoi qu'il en soit, l'information ébranlait sévèrement la crédibilité de la thèse du suicide. Un assaut qui poussa le Dr Cozzi, en octobre 2003, à entamer d'autres analyses effectuées dans le cadre de l'émission Unsolved History .
Après avoir rendu caduques la piste des comprimés jaunes et celle du suicide accidentel, le médecin proposa une nouvelle explication scientifique. Repartant des chiffres du laboratoire de Raymond J. Abernathy, il se livra à une opération mathématique qu'aurait pu résoudre n'importe quel élève de cours moyen.
Les 4,5 mg % de Nembutal relevés dans l'échantillon de sang de Marilyn Monroe correspondaient à 2 400 mg de barbituriques. Chaque comprimé représentant 100 mg de solution active, Cozzi divisa son total par ce chiffre et obtint un logique… vingt-quatre. Le sang de Marilyn Monroe contenait donc l'équivalent de vingt-quatre comprimés de Nembutal.
Soit un de moins que le contenu du tube vide retrouvé sur la table de chevet.
Une fois de plus, Cozzi venait de classer l'affaire.
*
Sauf que…
Sauf que, à ma grande frustration, il n'expliqua pas comment, utilisant les mêmes données que lui, Abernathy, Curphey et Noguchi avaient pu, eux, se tromper. Et, plus étrange encore,
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