Marilyn, le dernier secret
possibilités.
Soit Marilyn avait pris la décision d'en finir avec la vie et avalé une cinquantaine de comprimés de Nembutal, soit la star avait bel et bien été assassinée.
Et le premier élément de réponse solide se trouvait dans le travail de Thomas Noguchi.
51. Détail
La vérité réside souvent dans les détails. Et le dossier Monroe n'échappe pas à la règle
Si Thomas Noguchi avait effectué une autopsie dans les règles de l'art, deux lignes – dont il n'était même pas l'auteur –, suffisaient à fausser ses cinq heures de travail de médecin légiste consciencieux.
Deux lignes qui contribuent, aujourd'hui, à remettre en question la vérité officielle.
*
La procédure ne variait jamais.
Avant d'entamer une autopsie, le médecin légiste se plongeait dans la lecture du Mortuary Death Report [1] .
Et, comme il l'a raconté lui-même, c'est ce que Thomas Noguchi avait fait avant d'examiner le cadavre de Marilyn.
Ce document avait été préparé par Guy Hackett, le responsable de la morgue de Westwood Village, dont la compagnie avait enlevé le corps de Marilyn au 12305 Fifth Helena Drive avant, moins d'une heure plus tard, son transfert vers les services du Coroner. Et, sur un feuillet, il multipliait les informations pratiques. En plus de renseignements relatifs à la taille et au poids du cadavre, il était indiqué que le décès avait été prononcé à 3 h 35 du matin par le docteur Engelberg, que Marilyn avait subi une opération chirurgicale un an et demi plus tôt et que sa mère devait se nommer Gladys Baker.
Figuraient également l'adresse et le numéro de téléphone d'Eunice Murray, l'assistante à domicile de Marilyn, ainsi qu'une note expliquant que le docteur Greenson « avait parlé à Marilyn le samedi après-midi. Et qu'il l'avait trouvée très découragée [2] .
Enfin, à l'emplacement prévu pour les « informations additionnelles » que l'employé de la morgue estimait de valeur, apparaissait cette phrase : « Docteur Hyman Engelberg, 9730 Wiltshire Boulevard, avait prescrit un renouvellement de Nembutal, le jour avant samedi [3] . »
En réalité, un mot, un seul, venait de fausser la donne.
*
Le 3 août 1962, le docteur Hyman Engelberg avait en effet rédigé une ordonnance de Nembutal pour Marilyn Monroe. La prescription d'un flacon à renouveler une fois. L'ordonnance avait été présentée le même jour à la Vicente Pharmacy et le tube de somnifères retrouvé sur la table de nuit de l'actrice. Le tube n o 20858 figurait d'ailleurs en quatrième position sur la liste des pièces à conviction établie par le LAPD que, désormais, les services toxicologiques du bureau du Coroner avaient en leur possession. [4]
Confirmant le rôle tragique joué par ce barbiturique, la prescription du 3 août 1962 était précédée de la mention « emballage vide ».
Cette ordonnance du docteur Engelberg constituait une entorse au traitement de désintoxication de l'actrice, programme que le médecin menait en collaboration avec le psychiatre Ralph Greenson. De fait, quelque temps avant son propre décès, en 2005, Engelberg confirma de nouveau que cette prescription de Nembutal avait été la seule rédigée durant les cinq dernières semaines de l'existence de la star [5] , la précédente, toujours écrite par ses soins, remontant au 30 juin.
Or, involontairement, elle était à l'origine de l'erreur de Noguchi ! Car c'était vraisemblablement à cause d'elle que le docteur Engelberg avait utilisé le mot « renouvellement » lors de sa première déposition, juste après avoir constaté la mort de Marilyn Monroe. Dans son esprit, l'ordonnance du 3 août, valable pour un tube de Nembutal et un renouvellement, n'était que la suite de celle prescrite le 30 juin. Donc, en quelque sorte, son… renouvellement.
Une prescription antérieure dont Noguchi ignorait tout lorsqu'il acheva la lecture du Mortuary Death Report de Guy Hackett.
Dans l'esprit du médecin légiste, ce renouvellement impliquait la présence de deux tubes.
*
Ce détail est capital.
Pourquoi ?
Parce que, comme le prouvaient les factures de la Vicente Pharmacy, seule la prescription originale avait été achetée le 3 août. Une restriction qui respectait l'ordonnance d'Engelberg mais aussi la loi, puisque, conformément aux textes et soucieux de se prémunir contre les dangers d'une surconsommation de Nembutal, aucun pharmacien de Los Angeles n'aurait vendu deux
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