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Marilyn, le dernier secret

Titel: Marilyn, le dernier secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Reymond
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qu'en cas d'injection récente, il suffisait de presser fortement certaines parties de la dépouille pour voir perler une goutte de sang à l'endroit même où l'aiguille avait percé la chair. Une méthode pratiquée sur le corps de l'actrice sans le moindre résultat.
    Mais c'est une phrase perdue au milieu de multiples anecdotes qui attira mon attention. Une phrase dont j'avais du mal à saisir non le sens, mais la raison pour laquelle Thomas Noguchi l'avait prononcée à ce moment précis de la conversation. Car elle n'avait aucun sens logique. C'est sans doute pour cela que le journaliste n'avait pas réagi, et négligeant de relancer le légiste.
    Alors qu'il s'agissait d'une information ne figurant pas dans son rapport d'autopsie. Un élément issu de l'analyse toxicologique effectuée par le laboratoire de Raymond Abernathy.
    Non, vraiment, l'émergence inopinée de cette indication ne se justifiait en rien.
    Pis, elle ne ressemblait pas au système de pensée, terriblement structuré, de Thomas Noguchi, l'homme, conscient de ses responsabilités et de l'importance de sa fonction, ayant pour habitude de peser chacun de ses mots, de calibrer chacune de ses interventions.
    Dès lors, cette phrase incongrue ne pouvait être accidentelle.
    Le secret de l'autopsie de Marilyn Monroe dormait dans un coffre-fort. Thomas Noguchi venait d'en donner la clé.
    1 -
    « Autopsy : Through the Eyes of Death's Detectives  » et «  Autopsy : Voices of Death » . Les deux documentaires étaient réalisés par Michael Kriegsman.
    2 -
    Titre du long entretien paru en novembre 1986 dans la revue Omni .

53. Toxique
    « En fait, le taux des barbituriques stockés dans le foie de Monroe était trois à quatre fois supérieur à celui de son sang [1] . »
    Pour commencer, il convenait de disséquer les mots employés par le médecin légiste.
    Que voulait dire Noguchi lorsqu'il évoquait une quantité de somnifères « stockée dans le foie » de Marilyn ? Cela signifiait-il que l'organe « archivait » une partie de la consommation de barbituriques de l'actrice ? S'agissait-il d'un stock toxique que des années d'abus auraient patiemment édifié ?
    Une partie de la réponse se nichait dans un précis d'anatomie.
    *
    Le foie est un organe vital qui assure chez l'homme trois fonctions essentielles : la synthèse, l'épuration et le stockage.
    La première permet le métabolisme des glucides, des lipides et des protéines et leur utilisation correcte par le reste de l'organisme. La seconde fonction, également nommée antitoxique, couvre la destruction des médicaments et des toxines. Enfin la dernière, dite martiale, consiste à stocker de nombreuses substances dont le glucose, le fer et la vitamine B12.
    Si on applique ces principes à la déclaration de Noguchi, on pourrait croire que, confirmant le lourd passé d'abus de Marilyn, son foie avait emmagasiné au fil des années une quantité remarquable de barbituriques. Mais cette interprétation serait inexacte, puisqu'elle négligerait la seconde fonction du foie, l'antitoxique.
    Son rôle, nous venons de le voir, est justement de détruire les médicaments. Ce qui signifie que si le foie est un organe de stockage, il agit de manière sélective et « n'archive » pas les barbituriques. D'autant que, médicalement, on estime que le foie conserve la trace de médicaments pendant une durée maximum de quatre heures. Mais ce délai s'avère plus court, approximativement de moitié, s'il s'agit du foie d'un consommateur fréquent, l'habitude permettant aux enzymes d'effectuer leur tâche plus rapidement.
    *
    Afin de comprendre l'extrême importance de ces données, il fallait revenir aux mots de Noguchi. « En fait, le taux des barbituriques stockés dans le foie de Monroe était trois à quatre fois supérieur à celui de son sang [2] , disait-il. Au regard des informations précédentes, cela signifiait qu'entre une heure trente et deux heures avant de mourir, une dose massive de barbituriques était entrée dans le foie de l'actrice. Une quantité importante que Noguchi estimait à « trois ou quatre fois [supérieure à celle] de son sang ».
    Nous l'avons vu : se fondant uniquement sur ce taux sanguin, Abernathy, Curphey et Noguchi avaient estimé que la victime avait avalé quarante-sept comprimés de Nembutal. Si l'on multipliait ce nombre par trois, on aboutissait à cent quarante et une pilules de Nembutal. Un chiffre record montant à cent

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